Déraillement à Burlington: la vitesse en cause

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Publié 28/02/2012 par Pierre Saint-Arnaud (La Presse Canadienne)

à 16h38 HNE, 1er mars 2012.

Le train numéro 92 de Via Rail qui a déraillé dimanche dernier à Burlington, faisant trois morts et 45 blessés, roulait quatre fois plus vite que la vitesse permise et n’a jamais freiné avant de quitter la voie.

Les résultats préliminaires de l’enquête du Bureau de la sécurité du transport (BST), basés sur l’analyse de la boîte noire de la locomotive, viennent ainsi répondre à certaines questions sur la catastrophe ferroviaire mais en soulèvent aussi de nouvelles.

Selon l’enquêteuse principale, Nathalie Lepage, le train roulait à 67 milles à l’heure (108 km/h) lorsqu’il a quitté les rails lors d’un changement de voies.

«À cet endroit, la limite de vitesse est de 15 milles à l’heure (24 km/h), parce qu’il allait de la voie 2 à la voie 3. Il fallait qu’il prenne la liaison.»

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Elle a ajouté que la boîte noire du train démontre que les freins n’ont pas été actionnés avant l’accident et que l’accélérateur était poussé au maximum.

«Ils venaient d’embarquer des passagers; ils étaient repartis et étaient en accélération», a expliqué Mme Lepage.

La boîte noire est l’élément clé de l’enquête. Elle enregistre la vitesse du train, la pression des freins et le moment où ils sont actionnés ainsi que l’usage du sifflet.

Or, l’usage du sifflet semble indiquer que l’équipage était alerte et opérait normalement.

«La cloche avait été activée parce qu’il y avait une équipe qui travaillait dans le secteur et, selon le règlement, il faut que la cloche soit activée pour avertir l’équipe qu’ils s’en viennent», a indiqué Mme Lepage.

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Selon elle, tout indique que l’équipage a agi comme s’il ne savait pas qu’il allait changer de voie.

«S’ils n’avaient pas changé de voie, la vitesse maximale permise aurait été de 80 milles à l’heure (129 km/h). On n’a pas d’enregistreurs de voix dans les locomotives, alors on ne sait pas comment les signaux ont été interprétés. Avec un enregistreur, on l’aurait su parce que les équipes doivent appeler les signaux à voix haute. Par exemple, un des membres d’équipage aperçoit un signal et va dire «Signal de marche à vue» et l’autre va répéter «Signal de marche à vue» pour confirmer. On ne peut pas savoir si cela a été fait puisqu’on n’a pas d’enregistreur de conversation», a-t-elle dit.

Il s’agit d’ailleurs là d’une problématique bien connue. Dans un communiqué diffusé jeudi, le BST signale que l’absence d’enregistreurs de conversations à bord de la locomotive complique la tâche des enquêteurs puisqu’ils auraient permis d’aider à comprendre l’environnement dans lequel travaillaient les employés et les décisions qu’ils ont prises.

Le Bureau avait d’ailleurs recommandé dès 2003 que les trains soient munis de tels enregistreurs, comme le sont les avions et navires, mais la recommandation est demeurée lettre morte.

Quoi qu’il en soit, si la boîte noire explique pourquoi le train a déraillé — parce qu’il allait trop vite — le BST doit maintenant déterminer les raisons de cet excès de vitesse.

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«Il faut regarder le système de signalisation, les communications avec le Centre de contrôle ferroviaire, la conception de l’aiguillage, peut-être, a indiqué Nathalie Lepage. Je crois bien qu’on va pouvoir découvrir le pourquoi mais sans enregistreur, ça va être plus long, plus compliqué.

«On ne sait pas ce qui se passait à bord de la locomotive», a-t-elle à nouveau laissé tomber avec un soupir.

Le Canadien National (CN), qui est propriétaire des voies et les loue à Via Rail, dit avoir inspecté les rails avant l’accident et n’avoir découvert aucune trace d’usure ou de bris et les policiers ont écarté toute hypothèse de geste malveillant.

Les passagers ont subi des blessures, la plupart mineures mais certaines plus graves, dont des jambes cassées, des traumatismes au dos et une crise cardiaque.

La locomotive et un wagon de passagers ont basculé sur le côté et ont percuté un petit bâtiment longeant la voie, à Burlington, à la suite du déraillement. Un autre wagon de passagers s’est retrouvé en équilibre dans une position précaire. Trois autres wagons de passagers étaient vides.

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