Parmi les premières espèces réduites à l’esclavage pour collaborer à l’essor des humains, on retrouve ces descendants des loups que nous appelons aujourd’hui chiens. L’inexorable jeu de la thèse et de l’antithèse aidant, ces animaux autrefois essentiels à l’économie domestique sont devenus des compagnons, voire des substituts de progéniture – autant d’enfants qui ne grandiront jamais pour décevoir leurs parents.
Ce ne sont pas toutes les cultures de notre planète qui ont fait place au peuple chien dans leurs cœurs. La culture hindoue leur réserve notamment un rôle de paria analogue à celui des porcidés dans l’univers sémite.
Le chien au centre du monde
En Méso-Amérique, où l’on pratique depuis des siècles la culture rituelle de trois plantes (maïs, courges, fèves) dont la combinaison offrait des protéines complètes, de petits chiens ressemblant à nos chihuahuas constituaient presque la seule source de viande avant l’arrivée des Européens.
Aujourd’hui, le menu des cosmonautes chinois comprend de la viande de chien de Guangdong, dont les vertus seraient supérieures à celles du ginseng, selon les témoignages enthousiastes des connaisseurs.
Dans notre paysage urbain, les abreuvoirs disparaissent à la même vitesse que les cabines téléphoniques, comme pour souligner le passage d’une société axée sur les besoins humains vers un corporatisme à outrance, qui n’existe que pour multiplier les sources de revenus à même une masse de consommateurs progressivement aliénés.