Dépendance au cannabis: le vrai du faux

Manif pour la légalisation de la marijuana au Canada en 2014. (Photo: Cannabis Culture)
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Publié 04/05/2017 par Ève Beaudin

Depuis le dépôt, le mois dernier, d’un avant-projet de loi sur la légalisation du cannabis au Canada, on a pu lire de nombreuses allégations contradictoires sur la dépendance. La consommation de cette drogue peut-elle vraiment en créer? Les risques sont-ils plus ou moins élevés que pour les autres drogues? Les jeunes ont-ils plus de chances de devenir dépendants?

Dépendance : VRAI

Contrairement à la croyance populaire, il est possible de développer un «trouble lié à l’usage» du cannabis pouvant aller jusqu’à la dépendance. Les études suggèrent toutefois que seulement un consommateur de cannabis sur 11 développera une forme de dépendance, soit 9%.

Les troubles liés à l’usage sont plus fréquents chez les grands consommateurs, soit ceux qui consomment régulièrement de grandes quantités de cannabis. Par exemple, ils peuvent  ressentir des symptômes de sevrage qui dureront jusqu’à deux semaines s’ils cessent de fumer (irritation, trouble du sommeil et de l’appétit, etc.).

Dans les cas les plus sévères, la dépendance correspond à des critères établis dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), comme par exemple: tolérance élevée à la drogue, difficulté à arrêter ou manquements récurrents à des obligations. Autrement dit, ces personnes continueront à consommer malgré les impacts négatifs que leur consommation peut avoir sur leur santé, leur travail, leurs relations ou leur budget.

Risque plus élevé que l’alcool : FAUX

Même si le taux de dépendance de 9% peut sembler élevé, le cannabis est moins addictif que d’autres substances récréatives légales et illégales.

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Par exemple, 15% des consommateurs d’alcool sont considérés comme étant dépendants à cette substance et 32% des consommateurs de tabac.

Le risque de développer une dépendance est également plus élevé pour les autres drogues illégales, soit 17% pour la cocaïne et 23% pour l’héroïne, pour ne donner que deux exemples.

Les jeunes plus à risques : VRAI

La dépendance au cannabis peut se développer à n’importe quel âge, mais les jeunes y sont particulièrement vulnérables. Chez ceux qui ont commencé à consommer du cannabis à l’adolescence, une personne sur six développera une forme de dépendance, soit 17 %: un risque presque deux fois plus élevé que pour la population générale.

De plus, une consommation de cannabis qui commence au début de l’adolescence, qui est fréquente et qui se prolonge dans le temps, est associée à un risque plus élevé de dommages au cerveau, dont certains pourraient être en partie irréversibles.

Passage vers des drogues dures : PLUTÔT FAUX

Des recherches suggèrent que la consommation de cannabis précède effectivement la consommation d’autres substances, ainsi que le développement d’autres dépendances, dont l’alcool, la nicotine et les drogues illicites.

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Cependant, la majorité des personnes qui consomment de la marijuana ne consommeront pas des drogues «plus dures» par la suite. Outre les facteurs biologiques, d’autres facteurs, comme l’environnement social d’une personne, peuvent l’influencer à consommer des drogues plus nocives.

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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