Depuis l’avènement de la Charte canadienne des droits et libertés, notre régime constitutionnel pose certains critères donnant droit à l’admission dans les écoles de la minorité, dont l’application va transformer à long terme le tissu social et démographique de la francophonie canadienne. Qui est francophone? Qui ne l’est pas? Comment le devient-on? Quand cesse-t-on de l’être?
Le Professeur Pierre Foucher a réfléchi sur l’impact des définitions constitutionnelles des personnes qualifiées pour fréquenter l’école de la minorité au Canada. Son texte «Les ayants droit: définir l’identité constitutionnelle des francophones» fait partie de l’ouvrage Produire et reproduire la francophonie en la nommant qui vient d’être publié aux Éditions Prise de parole. www.livres-disques.ca/prise_parole/home/index.cfm
Professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa depuis 2008, Pierre Foucher enseignait auparavant à la Faculté de droit de l’Université de Moncton. Il est spécialiste du droit constitutionnel, du droit des minorités et des droits linguistiques en droit canadien, international, comparé ainsi que dans une perspective interdisciplinaire.
Rappelant que le qualificatif d’ayant droit est une manière commode de décrire les trois catégories de personnes qui possèdent le droit constitutionnel à l’instruction en français, le professeur Foucher constate que c’est le propre d’un droit des minorités de ne pas toujours rencontrer l’approbation enthousiaste des majorités, puisqu’il déplace certaines questions de l’arène politique pour les transporter dans l’arène judiciaire.
D’ailleurs, lors des discussions qui ont mené à l’article 23 de la Charte, il était évident que, dans les provinces de common law, «il s’agissait de donner aux francophones un outil de revendication d’écoles et de conseils scolaires face à des gouvernements provinciaux indifférents ou hostiles».