Décrocher la Lune: question de volonté

45 ans après Apollo 11

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Publié 29/07/2014 par Agence Science-Presse

Amateur ou non d’exploration spatiale, on n’a pu manquer d’entendre parler du 45e anniversaire du débarquement sur la Lune. Mais le terrain d’entente s’arrête là. Alors que les uns se languissent d’un retour là-haut, les autres se demandent pourquoi on voudrait y retourner.

Pour ceux qui en rêvent, comme l’astronome Phil Plait, du blogue Bad Astronomy, leur rêve est plus vivant que jamais:

«Lorsque je regarde le temps écoulé depuis 1969, je me demande ce que nous avons fait. Je me souviens des rêves de la NASA, et ils étaient aussi les rêves d’une nation: d’immenses stations spatiales, des fusées capables d’atteindre tout le système solaire, des bases et des colonies sur la Lune, Mars et les astéroïdes. Ce n’étaient pas juste des fantasmes de science-fiction. Nous aurions pu le faire. Dès maintenant, aujourd’hui, ces rêves auraient pu être réalité.»

«Au lieu de cela», poursuit Phil Plait, «nous avons laissé fleurir cette étroitesse d’esprit si humaine. Nous avons laissé la politique, l’avidité, la bureaucratie, diriger nos actions, et nous les avons laissées nous emprisonner sur la surface de notre planète.»

À l’inverse, le journaliste Dan Gilbert n’y voit pas pour autant un recul et demande sur CNN: pourquoi devrions-nous y retourner:

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«L’engin Apollo qui a emmené Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins sur la Lune était équipé d’un système informatique de navigation qui était chétif en comparaison de nos appareils. La NASA dit que les ordinateurs d’Apollo avaient une mémoire permanente d’environ 36 000 mots… Votre téléphone intelligent […] est théoriquement capable d’emmagasiner six milliards de mots et il est beaucoup plus polyvalent que l’équipement à bord des capsules lunaires.»

«Vous pouvez faire un appel vidéo à quelqu’un qui se trouve à l’autre bout du monde, trouver votre emplacement sur Terre avec une précision de quelques mètres grâce aux satellites, envoyer des images et les partager presque instantanément, tout cela grâce à un appareil qui tient dans le creux de votre main.»

«Même si on ne s’arrête qu’à l’exploration spatiale, des avancées inimaginables à l’époque d’Apollo 11 ont été accomplies: personne n’aurait alors cru qu’on puisse être à deux doigts de détecter une planète semblable à la Terre dans un autre système solaire. Et il y a les sondes martiennes, et Hubble. En août, la sonde Rosetta réussira peut-être son premier toucher d’une comète.»

Comme le résume l’auteur Rod Pyle dans Wired, tout ça se résume à une question de leadership, et non de science. «C’est la politique qui a fait en sorte que les États-Unis ont dépensé la somme nécessaire pour faire marcher 12 hommes sur la Lune. Et c’est la politique qui fait en sorte qu’en 2014, des humains sont en orbite terrestre plutôt que sur Mars.»

Or, derrière la politique, il y a l’opinion publique, poursuit-il en signalant un fait statistique qui semblera, pour les Phil Plait de ce monde, effarant:

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«Nous avons construit une station spatiale. […] Et bien que la station spatiale soit une réussite impressionnante, et qu’elle produise de la bonne science […] lorsqu’ils sont interrogés dans le cadre de sondages, la plupart des gens demeurent encore indifférents. D’autres ne sont qu’à peine conscients de son existence, ou pensent qu’elle s’est écrasée.»

Autant ceux qui rêvent d’une mission comparable à celle d’Apollo, que ceux qui n’en voient pas l’utilité, n’ont toutefois pas à en débattre: les plans les plus avancés, que ce soit ceux d’une éventuelle mission vers la Lune, vers Mars ou vers un astéroïde, n’existent pour l’instant que sur les planches à dessin.

Le développement de la fusée de prochaine génération et de la capsule Orion se poursuit, mais sans qu’on ne soit encore sûr de ce que sera son objectif.

Même si une décision devait être prise avant la fin de la présente décennie, ce ne serait pas avant la fin des années 2020 qu’aurait lieu le prochain «petit pas pour l’homme». De quoi attendre le 60e…

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