Débat télévisé: cacophonie franco

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Publié 28/05/2014 par François Bergeron

Les Franco-Ontariens qui suivaient déjà la campagne électorale en vue du scrutin du 12 juin n’auront pas appris grand-chose du débat d’une heure entre la ministre libérale Madeleine Meilleur et ses adversaires conservateur Martin Forget et néo-démocrate Gilles Bisson, mardi soir à TFO et Radio-Canada.

Ceux pour qui ce débat représentait une première prise de contact avec la campagne ontarienne ont eu droit à une cacophonie à peine intelligible, les candidats s’interrompant constamment et parlant tous en même temps.

Ils auront tout de même compris qu’un gouvernement conservateur de Tim Hudak conditionne tout nouvel investissement public au retour à l’équilibre budgétaire; que les libéraux défendent leur bilan comme étant largement positif malgré quelques dérapages; et que les néo-démocrates promettent de dépenser plus judicieusement.

Le débat était programmé en même temps que la cinquième partie entre les Canadiens de Montréal et les Rangers de New York en demi-finales de la Ligue nationale de hockey. Certains le regarderont donc en différé sur YouTube. On trouve aussi à TFO une analyse post-débat avec le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Denis Vaillancourt.

Si cet affrontement provincial abordait parfois des enjeux propres aux gens d’Ottawa, c’est que deux des candidats, Mme Meilleur et M. Forget, se présentent l’un contre l’autre dans Ottawa-Vanier. M. Bisson est député de Timmins.

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Bons mots

Gilles Bisson est celui qui a pimenté le débat de bons mots et de petites phrases assassines.

«Votre révolution ne fait pas de bon sens», a-t-il dit à Martin Forget, faisant allusion au slogan de Mike Harris, la Révolution du bon sens. «Vous voulez tout faire et tout couper en même temps.»

«Un conservateur qui vante l’hôpital Montfort, je m’excuse, mais comme c’est écrit sur les plaques d’immatriculation au Québec: je me souviens!», a-t-il encore lancé à M. Forget, rappelant que le gouvernement de Mike Harris avait voulu fermer l’hôpital francophone d’Ottawa, devenu un hôpital universitaire deux fois plus gros.

«J’en ai chauffé des taxis», a fait valoir M. Bisson quand la conversation a porté sur les ingénieurs ou médecins étrangers qui sont chauffeurs de taxi parce que leurs compétences ne sont pas reconnues chez nous. Il a accusé les conservateurs d’être «réactionnaires comme monsieur Le Pen en France», même si M. Forget s’est dit aussi ouvert que les autres à l’immigration francophone et à une meilleure intégration des immigrants.

Après un coup d’oeil derrière les animatrices Gisèle Quenneville et Catherine Lafrance, Gilles Bisson a aussi rapporté que Montréal venait de prendre les devants contre New York…

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Gaspillage

Martin Forget, un parfait inconnu avant ce soir-là, a assez bien tiré son épingle du jeu, surpassant les faibles attentes qu’on pouvait entretenir à son égard.

À quelques reprises, il s’est dit d’accord avec Gilles Bisson, notamment pour condamner les scandales de gaspillage qui ont embarrassé le gouvernement libéral ces dernières années. «On se serre-tu la main?», a-t-il demandé au représentant du NPD.

Martin Forget a notamment évalué ce gaspillage à 5 milliards $, «peut-être le double», et affirmé avoir comptabilisé pas moins de 139 scandales de dépenses douteuses ou carrément criminelles au cours de la dernière décennie libérale.

M. Bisson a ajouté que les Jeux Panaméricains de 2015 ouvrent la porte à d’autres scandales.

D’une façon générale, M. Forget ramenait toutes les questions à l’équilibre budgétaire, réalisé notamment par l’élimination de bureaucraties «inutiles» comme les RLISS dans le secteur de la santé. Le «million d’emplois» promis par les conservateurs viendrait surtout du secteur privé. Se défendant d’être antisyndical, M. Forget a affirmé que bon nombre de ces nouveaux emplois seront syndiqués.

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Bilan positif

Madeleine Meilleur s’est relativement bien défendue, notamment dans les portions du débat qui portaient sur la santé et l’éducation. Sa promesse d’équilibrer le budget après avoir haussé le déficit, parce qu’«on sent la reprise économique», a paru moins crédible que son engagement plus général à maintenir les services et «continuer d’investir pour l’avenir».

Elle a dû corriger M. Bisson qui l’accusait d’avoir éliminé les garderies des écoles secondaires… alors qu’il n’y a jamais eu de garderies dans les écoles secondaires. Mais sa proposition en faveur d’une «stratégie nationale» pour les services de garde a été mal reçue, M. Forget y voyant «encore de la bureaucratie».

La Procureure générale et ministre des Affaires francophones n’a pas esquivé la question sur le déménagement coûteux de deux centrales au gaz pour des raisons purement politiques, soulignant que la première ministre s’est excusée et que les deux autres partis, à l’époque, étaient opposés eux aussi à ces centrales. «Mais c’est nous qui étions au pouvoir et qui avons agi», a-t-elle dit.

«C’est la deuxième fois qu’un tel débat est organisé et nous espérons qu’une tradition est en train de se mettre en place», a déclaré le président de l’AFO, Denis Vaillancourt. Un débat en anglais opposant les chefs Tim Hudak, Kathleen Wynne et Andrea Horwath aura lieu mardi le 3 juin, sur la plupart des chaînes de télévision.

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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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