Débat au Québec sur le prix des livres

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Publié 20/08/2013 par Jocelyne Richer (La Presse Canadienne)

à 16h42 HAE, le 19 août 2013.

QUÉBEC – Les amateurs de lecture devraient savoir d’ici la fin de l’année s’ils pourront toujours acheter des livres neufs à rabais dans les grandes surfaces.

Le ministre de la Culture, Maka Kotto, a indiqué lundi, en marge de la commission parlementaire qui étudie la pertinence d’imposer un prix unique aux livres neufs, qu’il voulait trancher la question rapidement, à savoir s’il fallait ou non réglementer ce secteur et interdire les rabais pour éviter la disparition des petites librairies indépendantes.

«Ça devrait aller relativement vite», a fait valoir le ministre en point de presse, reconnaissant que le débat était «très polarisé».

Tour à tour, les pour et les contre feront entendre leur voix sur le dossier au cours des prochains jours en commission parlementaire. Après avoir entendu les arguments des uns et des autres, le gouvernement prévoit trancher la question cet automne, après avoir reçu le rapport de la commission.

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Le ministre s’est engagé à étudier la question à la fois sous l’angle culturel et sous l’angle économique, «de façon holistique».

M. Kotto a convenu que le «réseau de librairies indépendantes est très fragilisé» présentement, en raison de la concurrence des grandes surfaces, mais aussi en raison des achats de livres en ligne. Et c’est sans compter la montée en popularité du livre numérique.

«On perd de plus en plus de joueurs dans notre réseau de librairies indépendantes qui disposent d’une expertise qu’on ne retrouve pas ailleurs», a-t-il dit.

C’est ce que fait valoir le milieu de l’édition, en exhortant Québec à adopter une réglementation susceptible de protéger les petites librairies d’une lente mais inexorable disparition. On demande donc que le gouvernement interdise tout rabais supérieur à 10 pour cent sur les livres neufs pendant neuf mois suivant leur parution, cherchant ainsi à contrecarrer la concurrence jugée déloyale des grandes surfaces.

Quelques pays, une douzaine, ont adopté ce genre de réglementation.

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D’entrée de jeu, le sujet ne fait pas l’unanimité à l’Assemblée nationale. Le Parti libéral refuse pour l’instant de se prononcer, tandis que la Coalition avenir Québec (CAQ) s’oppose à toute réglementation interdisant des rabais sur le livre, contrairement à Québec solidaire qui la réclame ardemment.

«Je suis vraiment neutre», a indiqué en point de presse la porte-parole en culture de l’opposition libérale, la députée Nicole Ménard, refusant mordicus de se mouiller.

La CAQ, elle, a fait son lit: pas question d’appuyer l’interdiction d’offrir des rabais, ce qui serait jugé préjudiciable à la classe moyenne. «Je crains pour le portefeuille des familles et de la classe moyenne», a résumé en point de presse la députée caquiste Nathalie Roy, réfractaire à l’idée de voir Québec s’attaquer à l’économie de marché.

Le fait d’interdire des rabais signifie «que le prix des livres va augmenter», déplore-t-elle, ajoutant que la preuve de la disparition prochaine des petites librairies n’avait pas été faite, selon elle.

«On ne peut pas se permettre de perdre un seul point de vente», a répliqué par la suite Sylvie Desrosiers, porte-parole de l’Union des écrivains québécois (UNEQ), elle-même romancière et auteure de plusieurs livres destinés aux jeunes. «Il faut qu’on empêche qu’il y ait d’autres fermetures, parce qu’il y a des endroits où il n’y en a plus de librairie», a-t-elle fait valoir avant de présenter son mémoire en commission.

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Les parts de marché des librairies indépendantes ont chuté, passant de 35 pour cent en 2006 à 28 pour cent en 2010.

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