De scout à alpiniste,
Jean-François Carrey sur le toit du monde

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Publié 21/07/2009 par Paul-François Sylvestre

Le 18 mai 2006, à 5h10, Jean-François Carrey (24 ans) atteint le sommet du Mont Everest. À 8 850 mètres d’altitude, il laisse une petite trace à côté de celles de plusieurs autres alpinistes avant lui. Sa trace est celle d’un rêve qu’il veut partager avec des millions de jeunes pour «leur servir d’inspiration dans la poursuite de leurs ambitions.» Ce rêve est raconté dans 8850: récit d’aventures de Jean-François Carrey, devenu le plus jeune Canadien à avoir conquis l’Everest, de Danièle Vallée.

Il est rare que quelqu’un raconte sa vie à 24 ans, mais Jean-François Carrey a participé «à plus de 25 expéditions d’envergure depuis l’âge de 16 ans». Il s’y est préparé en faisant d’abord du scoutisme à Orléans (aujourd’hui un quartier d’Ottawa). «C’est là que j’ai appris à ne pas reculer devant les difficultés, à respecter mes engagements, à toujours exiger de moi un effort de plus, à conserver mon enthousiasme devant l’aventure, les découvertes et l’adversité.»

Jean-François Carrey a toujours rêvé d’escalader l’Everest. «J’avais 12 ans et je me proposais de manger un éléphant.» À l’école secondaire, son ami Martin lui dira: «un éléphant, ça se mange tout simplement une bouchée à la fois.»

Avant de s’attaquer au sommet du monde, notre dévoreur de «rêve éléphantesque» relève plusieurs défis impressionnants pour un jeune.

À 18 ans, il est déjà rendu au Mont Blanc (France, 4810 m), puis à Island Peak (Népal, 6189 m). Suivent les ascensions d’Aconcagua (Argentine, 6962 m), d’Orizaba (Mexique, 5675 m), de Mount Baker (É-U., 3 285 m) et de Mount McKinley (Alaska, 6194 m), appelé «le toit de l’Amérique du Nord».

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Le récit couvre toutes les facettes de cette aventure éléphantesque: l’entraînement, le climat, l’équipement, le travail d’équipe, l’encadrement par des sherpas, etc. Il est même question de médicaments: acétazolamide, pour l’acclimatation, chimioprophylaxie contre la malaria, nifédipine contre le mal d’altitude, dexaméthasone contre l’œdème cérébral.

En langue tibétaine, le mot «sherpa» désigne «le peuple de l’Est». Un sherpa n’est pas un guide, plutôt un accompagnateur. Il ne pousse pas un alpiniste dans le dos, il épouse plutôt son rythme. Un guide (qui coûte 30 000 $) met tout en œuvre pour arriver à destination… et toucher un généreux pourboire. Jean-François Carrey s’est fié à des sherpas. Forts et loyaux, ils sont dotés «d’une bonne humeur et d’une joie de vivre inébranlables, même dans les circonstances les plus contraignantes ou périlleuses».

Le récit est parfois truffé de remarques humoristiques. Lorsque le paysage est beau à couper le souffle, l’auteure fait dire à Carrey: «Heureusement qu’on a de l’oxygène!» Le préfacier du livre note, d’ailleurs, l’humour du récit. Georges-Hébert Germain écrit que «Danièle Vallée a su tirer de cette aventure un récit remarquablement bien construit, limpide, rempli d’humour, d’émotion, d’enseignement».

Lorsque que le jeune Canadien se hisse à 8850 mètres, au sommet du monde, la beauté lui crève les yeux. «Le firmament n’est pas bleu ciel comme on le voit chez nous. Il est bleu foncé, même en plein soleil. On se croirait dans l’espace à cause de ce ciel presque noir et impénétrable. […] Et, par-dessus tout, la courbe de la terre qui se dessine à l’horizon! Tout à coup, les larmes me montent aux yeux devant ce spectacle. L’émotion est à son comble.»

Les conditions physiques et climatiques ne permettent pas de rester longtemps au sommet du monde. Après vingt minutes, Jean-François Carrey doit descendre. Il a donné rendez-vous à l’Everest, la déesse, il l’a rencontrée et jamais il ne l’oubliera.

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«Mon rêve n’était pas seulement d’atteindre le sommet de l’Everest, mais bien de parcourir durant six ans, avec passion et émerveillement, la route pavée d’aventures et de défis qui allait me permettre cette ascension.

L’Everest, c’est peut-être le toit du monde, mais ce n’est pas le bout de ma route. D’expéditions en expéditions, je continue d’avancer.»

Danièle Vallée, 8850: récit d’aventures de Jean-François Carrey, devenu le plus jeune Canadien à avoir conquis l’Everest, préface de Georges-Hébert Germain, Orléans, Éditions Sans Limites, 2008, 128 pages, 20 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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