De nouvelles écoles: l’objectif numéro un pour les nouveaux élus

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Publié 02/11/2010 par Vincent Muller

«Je pense que les gens ont apprécié que je soulève des débats», livrait Jean-François L’Heureux, élu à 66% des voix pour la région Sud de Toronto face à Denys Bégin, le conseiller sortant. L’Express s’est entretenu avec les deux ex-adversaires ainsi qu’avec quatre autres conseillers élus le 25 octobre afin de recueillir leurs impressions et de connaître les dossiers sur lesquels ils travaillent ou vont travailler.

Jean-François L’Heureux, est bien entendu très content du vote en sa faveur et souligne la forte participation à ces élections: «Il y a eu une grosse augmentation. En 2006, 1500 personnes ont voté dans ma zone, la troisième circonscription, cette année 2500 personnes se sont déplacées, ça veut dire que 69% des gens sont intéressés à s’impliquer et voir ce qu’il se passe au conseil scolaire».

Président du conseil d’école de Pierre-Elliott-Trudeau pendant deux ans, il considère que cette fonction lui a permis d’avoir de la visibilité en réalisant des choses concrètes avec son équipe. «J’ai été agréablement surpris par le résultat, mais je le prends avec humilité et je sais que j’ai beaucoup de pression sur les épaules. Les gens ont envoyé un message clair.»

Des écoles qui débordent

Ce message dont il parle, c’est celui de l’urgence de remédier à la situation de surpopulation que connaissent les écoles de la zone Sud de Toronto où il prendra ses fonctions de conseiller scolaire à partir de décembre, à la place de Denys Bégin.

Cette zone comprend les écoles La Mosaïque, Gabrielle-Roy, Pierre-Elliott-Trudeau et l’École secondaire Collège français. «Les nouvelles écoles, c’est quelque chose dont on parle, mais ça n’a pas encore été fait. Il faudrait une nouvelle école primaire et une nouvelle école secondaire.»

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Jean-François L’Heureux avoue cependant ne pas encore connaître toutes les difficultés existantes pour l’obtention de ces nouvelles écoles. «Je ne peux pas dire que j’ai la solution et je ne peux pas juger le passé, car je ne suis pas encore au courant de tous les dossiers et des difficultés rencontrées, puisque je n’étais pas au Conseil scolaire. J’étais juste témoin, année après année, du remplissage des classes et de l’apparition de classes portatives à Pierre-Elliott-Trudeau et Étienne-Brulé et de la mise en place du campus temporaire du Collège français à Brockton», où le Toronto District School Board (TDSB) loue un étage au Collège français.

«Du côté des conseils scolaires anglophones, il y a un processus de révision des édifices, il y a des discussions sur les deux écoles adjacentes à ce campus. Elles pourraient peut-être fermer. Ça pourrait ramener des élèves là bas, avec peut être pour conséquence de ne plus pouvoir louer l’étage au Collège français. Rien n’est sûr, je ne connais pas le contenu des accords avec le TDSB.»

Pour Jean-François L’Heureux il y a deux options, «trouver un espace vide, une école d’un autre conseil par exemple, ou trouver un terrain vague. Je ne sais pas encore comment on va s’y prendre, mais j’ai hâte de m’y mettre», ajoute-t-il.

«J’ai évoqué la possibilité de racheter le West Toronto Collegiate Institute sur Lansdowne et College. Il est vide, mais il n’est pas en vente. J’ai soulevé le débat, ça pourrait être une solution pour les écoles du Sud Ouest de Toronto. Depuis, je reçois beaucoup de courriels, les gens partagent des informations sur le TDSB avec moi. Je pense qu’ils ont apprécié que je soulève des débats.»

Frustration des parents

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Denys Bégin, qui finit son deuxième mandat en tant que conseiller scolaire est d’accord au moins sur un point avec Jean-François L’Heureux: la lassitude et la frustration des parents de voir les écoles pleines sans en voir venir de nouvelles.

Il semble considérer cela comme la cause de sa défaite: «Je pense que c’est la frustration des parents qui croient qu’on ne fait rien alors que c’est faux. Je ne serais pas surpris que dans quelques mois, peut-être d’ici six mois, une école ouvre dans le secteur, et ce ne serait pas grâce à M. L’Heureux.»

Il en profite pour revenir sur le processus d’obtention de nouvelles écoles en faisant taire certaines rumeurs. «Le ministère de l’Éducation ne pourra pas donner des fonds pour qu’on puisse acheter un terrain pour construire une nouvelle école. C’est un message qui a été véhiculé auprès des parents, mais c’est faux. Il y a beaucoup d’écoles anglophones vacantes, le problème c’est qu’il faut attendre que le TDSB prenne la décision de mettre ces écoles en disponibilité. Ça traîne en longueur.»

«Le CSDCSO a déjà démontré son intérêt pour le West Toronto Collegiate, on va être les premiers à pouvoir en faire l’acquisition.»

Long processus

La question a semble-t-il été abordée par avec le ministère de l’Éducation: «Il n’y a pas encore de fonds attribués pour le CSDCSO pour l’achat, c’est à nous de travailler avec le ministère de l’Éducation et de démontrer nos besoins, ce qui a déjà été fait. Ça ne devrait pas poser de problème parce qu’à Toronto l’espace est critique. Tout est en place, on est prêt à sauter sur la première école disponible.»

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Il y a deux ans, une nouvelle école, La Mosaïque, a ouvert dans l’est du centre-ville. Le processus a été assez rapide. «On avait déjà identifié ce secteur comme potentiel. Le bâtiment a été mis en disponibilité en 2007, il était vide depuis 4 ans. Pour ces raisons, les choses ont été assez rapides et l’école a pu ouvrir en septembre 2008, même si les travaux de rénovation n’étaient pas tout à fait finis. Les choses peuvent être plus longues si les bâtiments sont occupés.»

«Pour l’école West Toronto Collegiate, la consultation publique communautaire a été faite. Dans quelques semaines le conseil scolaire anglophone décidera quelles écoles seront mises en disponibilité et on verra s’ils décident de mettre en vente cette école. Ils ont besoin de fonds pour certains projets et l’administration leur a conseillé de vendre des bâtiments», continue M. Bégin.

Pour le conseiller sortant, cette option est loin d’être la seule: «Il pourrait y avoir d’autres écoles disponibles dans l’Est ou dans l’Ouest, même avant ça. On a besoin de deux, voir trois nouvelles écoles, il y a un potentiel pour ça.»

Deuxième école à Scarborough

François Guérin entame son quatrième mandat avec succès puisqu’il est élu avec 74% des voix devant ses deux rivaux Fréderic Nzeyimana (14%) et Julien Baeta (12%).

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Lorsque nous l’avons contacté, il était sur le point d’embarquer dans un vol pour Saskatoon où il se rendait pour assister à la rencontre nationale des conseillers scolaires. Cette assemblée annuelle «sert à échanger avec les autres élus francophones et réuni tous les conseils scolaires francophones du pays afin de partager les problèmes et les succès», décrit-il.

Bien sûr très content du résultat, il l’attribue à sa campagne et à son implication dans la communauté francophone (il a été à la tête de l’ACFO-TO et est membre du C.A. des Centres Héritage) et à sa participation à diverses assemblées publiques.

Parmi les dossiers sur lesquels il travaille, il en évoque un «qui est sur le point de porter ses fruits», il s’agit des nouveaux locaux de l’école Laure-Rièse, qui va commencer à déménager en 2011 et sera complètement opérationnelle en 2012.

À présent, François Guérin veut avancer sur un autre dossier: une deuxième école au sud de Scarborough pour le CSDCSO, qui n’en est qu’au stade de projet mais qui avance bien selon lui. «Les Anglais font le processus de réorganisation de leur parc immobilier, donc beaucoup de projets intéressants pourraient aboutir», explique-t-il.

«Le repositionnement des écoles du TDSB, dont les effectifs sont en baisse alors que ceux des écoles francophones sont en hausse, fait qu’il y a des possibilités pour nous. Avant, il n’y avait pas de possibilités, le TDSB était très protecteur et faisait un bras de fer avec le ministère de l’Éducation.»

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Tout va bien dans l’Ouest

Pour la région Ouest de Toronto, qui couvre deux écoles, Luc Lalonde qui se présentait pour la première fois, a été élu conseiller devançant de peu Debbie Lechter et Christopher Lalonde.

Son ambition est simplement de «continuer d’obtenir de bons résultats aux tests de l’OQRE, de les améliorer, de continuer la qualité de l’éducation et d’assurer que les subventions du gouvernement ne se réduisent pas».

Il explique ne pas avoir reçu de requête particulière ou de plainte de la part des parents d’élèves de ce secteur durant sa campagne et attend la première réunion de décembre pour s’y mettre, «parler aux directeurs des écoles et travailler avec les conseillers de Toronto pour de nouveaux établissements».

La jeunesse au pouvoir

Nicolas Ayuen est sorti de l’école secondaire Sainte-Famille à Mississauga en 2005. Élu à 57% contre Jean Wong-Chong, dans la zone de Mississauga du Conseil scolaire de district Catholique Centre-Sud, c’est l’un des plus jeunes conseillers scolaires et il est déjà en poste depuis trois ans. 

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«C’est la première fois que je me présente à une élection, mais j’étais déjà conseiller: le conseiller élu précédemment a démissionné et je suis entré suite à un entretien devant 11 conseillers scolaires et des élections partielles», explique le jeune homme qui est par ailleurs étudiant à l’UOIT (University of Ontario Institute of Technologie) à Oshawa.

«J’ai siégé à plusieurs comités et été porte-parole pour les parents de ma région. Je viens du système, je voulais redonner au système ce qu’il m’avait donné, j’étais sorti de mon école secondaire depuis deux ans quand j’ai postulé.»

Durant ses trois premières années en tant que conseiller scolaire, il a notamment travaillé à la redéfinition des zones de fréquentation des écoles de sa zone. «À Ange-Gabriel il n’y avait plus de place. On aurait dû faire partir des gens qui étaient dans l’école parce qu’ils n’étaient plus dans la bonne zone, mais on a pu les faire rester en appliquant la clause «grand-père» qui fait que le nouveau zonage ne s’applique qu’aux nouveaux entrants.»

À présent, il va continuer de siéger aux comités dont il fait partie et essayer de travailler à «pousser la construction de nouvelles écoles». «On cherche deux endroits vers Halton et Brampton», indique Nicolas Ayuen.

Bien connue

Également pour le Conseil scolaire de district Catholique Centre-Sud, Olga Lambert entame son second mandat après l’avoir remporté contre André Barrett avec un score de 72%.

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Elle justifie sa victoire par son implication active dans la communauté francophone de la zone: «Je suis membre de l’Association des femmes canadiennes-françaises, de la chorale de l’église, je fais du bénévolat pour le pavillon francophone du festival Fiesta et je participe à divers évènements, les gens me connaissent bien.»

La région à sa charge, celle de Durham, est un territoire élargi après l’amalgamation de deux zones. «Nous avons un nouveau territoire qui est très large, ça va de Pickering jusqu’à Cobourg et ça regroupe environ 15 municipalités. C’est une décision du Ministère de l’Éducation, pour cette élection, de regrouper deux zones, puisqu’on a une nouvelle zone pour Mississauga mais que l’on devait garder 12 conseillers», explique-t-elle.

Olga Lambert a donc désormais une école de plus en charge, l’école Monseigneur-Jamot, de Peterborough en plus des écoles Corpus-Christi (Oshawa), Jean-Paul II (Whitby), Notre-Dame-de-la-Jeunesse (Ajax), et de l’École secondaire Saint-Charles-Garnier (Whitby).

«Je vais juste devoir voyager un peu plus», explique-t-elle «mais le défi est le même: les enfants voyagent beaucoup, ceux de Peterborough qui vont à l’école secondaire à Whitby mettent 45 minutes, une heure. On en perd certains au secondaire au profit des écoles anglophones. C’est un défi général. Pour les transports, on travaille avec les conseils anglophones afin de faire des économies».

Pour remédier au problème de la perte des élèves de cette zone lorsqu’ils passent au secondaire elle ne voit qu’une solution: «Travailler avec le Conseil et avec le ministère pour avoir une deuxième école secondaire».

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Cependant, elle est consciente que la tâche ne sera pas facile: «Ce n’est pas évident, ça dépend des priorités, et certaines zones passent avant…»

Résultats des élections du 25 octobre

Au Conseil Scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS), huit conseillers scolaires sur 12 ont été réélus dans leur région.

Adrien Lamoureux, qui représentait l’ancienne région électorale de Kawartha Lakes-Northumberland-Clarington-Peterborough-Quinte Ouest, a été élu dans la région Simcoe-Muskoka.

Trois nouveaux conseillers siègeront au CSDCCS: Jules Létourneau pour la région de Welland, Claude-Reno D’Aigle pour Toronto Sud et Tammy Knibbs pour la nouvelle région de Dufferin-Peel-Wellington.

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L’apparition de cette nouvelle région a engendré l’amalgamation de la zone de Kawartha Lakes-Northumberland-Clarington-Peterborough-Quinte Ouest avec celle de Durham, représentée par Olga Lambert.

Simcoe-Muskoka: Adrien Lamoureux
York: Yves Lévesque
Toronto Nord: Nathalie Dufour-Séguin
Toronto Sud: Claude-Reno D’Aigle
Lincoln-Niagara: Melinda Chartrand
Welland: Jules Létourneau
Hamilton-Wentworth: Marcel Levesque
Halton: Dominique Janssens
Durham-Peterborough-Kawartha-Clarington: Olga Lambert
Mississauga: Nicolas Ayuen
Dufferin-Peel-Wellington: Tammy Knibbs
Waterloo-Brant-Haldimand-Norfolk: Dorothée Petit-Pas

Le Conseil scolaire de district du Centre Sud-Ouest (CSDCSO) compte quatre nouveaux conseillers scolaires: Jean-François L’Heureux pour la région Toronto-Sud, François Guérin pour Toronto-Est, Luc Lalonde pour la région Ouest de Toronto, et Denis Trudel pour la région Waterloo.
Trois conseillers sortants, René Laurin, Sylvie Landry et Guy Belcourt, ont été réélus suite au scrutin, les cinq autres étaient élus par acclamation.



Sud de Toronto: Jean-François L’Heureux
Est de Toronto: François Guérin
Ouest de Toronto: Luc Lalonde
Durham: Sylvie Landry
York: Renée Laurin
London, Waterloo: Denis Trudel 
Simcoe: Guy Belcourt
Peel: Amit Tandon
Halton: Micheline Wylde
Welland: Ronald Marion
Sarnia: Pierre Lambert
Windsor: François Gratton

Le mandat des nouveaux conseillers scolaires débutera en décembre. C’est lors de leur première réunion que se tiendra la séance annuelle d’organisation au cours de laquelle seront élues les présidence, vice-présidence, et que seront constitués les divers comités dans chacun des Conseils pour la prochaine année. Le mandat des conseils scolaires ontariens se terminera le 30 novembre 2014.

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