De l’importance de l’éducation en Haïti

Conférence sur le projet Ontario-Haïti 2012

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Publié 06/08/2013 par Anaïs Nica

À ce jour et paradoxalement, Haïti se voit envahit d’écoles de toutes sortes, parfois même sous forme d’abris de fortune avec malheureusement un système éducatif lacunaire puisque pas égal. Les meilleures écoles sont chères et reviennent parfois à un an de salaire moyen. La qualité de l’enseignement diverge donc selon les classes sociales.

C’est ce que nous a appris la conférence du mardi 30 juillet à l’Hôtel de Ville de Toronto, organisée par les coordonnateurs du Projet Ontario-Haïti 2012. Gabriel Osson et Jhonel Morvan, du ministère de l’Éducation d’Ontario (MEO), ont fait part de leur expérience haïtienne au sein du système pédagogique du pays.

Pour ce Projet Ontario-Haïti, vingt professeurs bénévoles de plusieurs conseils scolaires ontariens sont partis à l’aventure dans le but de former quelque 160 enseignants haïtiens à Port-au-Prince. Cette initiative, suite au tremblement de terre de 2010, prenait acte du fait que 80% des écoles ont été détruites et 1700 enseignants ont perdu la vie dans le séisme.

Un long cheminement

De gros efforts ont été mis en place pour faire vivre ce projet. Ce fut un travail de longue haleine puisque deux ans ont été nécessaires à son aboutissement.

Trouver des fonds ne fut pas une mince affaire, c’est à force de pâtisseries vendues, de ventes aux enchères, spectacles et de bonnes œuvres que l’argent suffisant a pu être rassemblé.

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Deux aspects étaient nettement détectables dans cette présentation, le premier logistique et le second pédagogique.

Il faut savoir que Haïti regorge d’écoles en tous genres. Bon nombre d’entre elles relèvent d’initiatives personnelles, 95% des écoles sont privées. Le hic est que beaucoup d’entre elles sont de médiocre qualité.

L’idée générale, pour nos professeurs bénévoles, était de ne pas transformer l’éducation haïtienne en un système de fonctionnement nord-américain. «Il fallait un programme pédagogique adapté au pays et cela ne signifie pas nécessairement un ­programme copié sur le modèle canadien».

Logés dans une résidence tenue par des bonnes sœurs, nos missionnaires avaient à disposition un bus avec chauffeur pour les accompagner dans leurs moindres déplacements.

Si certains de leurs proches doutaient de l’aspect sécuritaire au moment du départ, ce ne fut qu’éphémère. Nos intervenants ont largement salué l’accueil et la chaleur du peuple haïtien.

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Un système éducatif très inégal

La transition entre le Canada et Haïti n’est évidemment pas des plus évidentes, comme le souligne Jhonel Morvan: «on a toujours tendance à vouloir importer un modèle qui fonctionne dans un pays en difficulté pour pallier à la misère. Arriver en Haïti peut provoquer un choc.»

Concernant la qualité de l’éducation, on sait qu’elle est très aléatoire. Le problème ­réside principalement dans les fonds reçus qui ne visent pas l’éducation en priorité. Pourtant il est évident que la jeunesse haïtienne est l’avenir du pays et de son espoir d’amélioration. Il n’existe pas vraiment de structure permettant une formation dans l’enseignement, tout comme l’utilisation de matériel est encore très nouvelle.

Les professeurs locaux sont laissés à leur compte: «certains enseignant les sciences n’avaient jamais fait de manipulations». Les élèves et professeurs sont souvent obligés d’évoluer dans des situations précaires et inconfortables: «les élèves sont disposés en rang d’oignons, les cours sont très magistraux. Tous ont préféré le nouveau mode d’éducation qui a suivi la formation.»

Un regard tourné vers le futur

Cette expérience, qui a demandé de sacrifier du temps aux enseignants haïtiens, a permis un nouveau regard et une approche plus moderne pour les générations futures. «On a investi dans le durable, c’était une expérience pilote qui sera, nous l’espérons, renouvelée.»

Une éducation de qualité et accessible est la fin en soi recherchée. «L’écart s’élargit. Les pauvres sont de plus en plus pauvres et les riches sont de plus en plus riches. Certaines familles ne mangent pas pour envoyer leurs enfants dans les meilleures écoles.»

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Ce pays au grand potentiel ne connaît pas de difficultés sur la théorie, le contenu de l’enseignement, mais c’est dans la pratique que l’on trouve quelques lacunes. «Les professeurs locaux ne voulaient pas que nous partions, ils désiraient profiter encore de la formation offerte afin qu’en bénéficient les étudiants de demain.»

Les bénévoles en charge ont axé la formation dispensée sur les mathématiques, les sciences, la didactique du français en élémentaire et secondaire, ainsi que la petite enfance.

«La petite enfance, c’était réellement passionnant. Les jeunes femmes en charge n’avaient aucune formation et, à la fin, on sentait un réel engagement de leur part. C’était définitivement le groupe le plus dynamique», nous confie Jhonel Morvan.

Le mieux serait maintenant de poursuivre ces actions au cœur du pays afin d’en assurer le futur, c’est pourquoi nos bénévoles ont le souhait que plusieurs offres de formations se développent et s’étendent sur tout le pays, dans d’autres départements qu’à Port-au-Prince.

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