De l’antimatière prise au piège

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Publié 30/11/2010 par Agence Science-Presse

De Star Trek jusqu’à Anges et démons de Dan Brown. Voilà les deux allusions qui sont revenues le plus souvent depuis l’annonce récente que les scientifiques du CERN ont été capables de «capturer» des atomes d’antimatière.

La percée est pourtant encore plus subtile qu’elle en a l’air. Capturer de l’antimatière n’est en effet pas une première, comme on peut le lire sur le site du CERN lui-même… sur une page créée en 2004 pour répondre aux questions des lecteurs de Dan Brown!

«Est-ce que l’antimatière existe? Oui, et nous en produisons couramment au CERN. L’antimatière fut prédite par [Paul] Dirac en 1928 et les premières antiparticules furent découvertes peu après par Carl Anderson. Le CERN n’est pas le seul institut de recherche à produire et étudier de l’antimatière.»

La nouveauté est plutôt d’avoir réussi à garder «en vie» ces atomes d’antimatière pendant… 17 centièmes de seconde.

Car qu’est-ce que l’antimatière? C’est une particule — par exemple, l’électron — possédant exactement la même masse que sa sœur jumelle, mais de charge électrique opposée. Si elles se rencontrent, il y a explosion: leur masse est transformée en énergie.

Et voilà pourquoi garder en vie l’antimatière est extrêmement difficile: une particule est à peine créée qu’elle s’annihile. Même sous vide — pour éviter tout contact avec l’air — même sous une force magnétique — pour rester à distance des parois — les particules d’antimatière créées dans des accélérateurs de particules depuis les années 1950 et depuis 1995 au CERN, ne vivaient assez longtemps pour pouvoir être étudiées.

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Piège magnétique

Une survie de 17 centièmes de seconde, du point de vue des physiciens, c’est donc énorme. L’équipe internationale annonce fièrement dans la dernière édition de Nature avoir créé et maintenu «dans un piège magnétique», à un moment ou à un autre, 38 atomes d’antihydrogène. Après cinq années de travail.

Les maintenir «en vie» aussi longtemps ouvre donc la possibilité de les étudier, explique Jeffrey Hangst, chercheur principal. Afin de, peut-être, leur découvrir un comportement subtilement différent, qui expliquerait pourquoi, à l’aube de l’univers, ce sont les particules de matière qui ont «gagné».

Applications pratiques?

Mais une application pratique? «Absolument aucune», a répondu sans hésiter Hangst à l’émission Science Friday.

La bombe d’antimatière dans Anges et démons ou le vaisseau spatial propulsé à l’antimatière dans Star Trek ne sont pas théoriquement impossibles, mais nécessiteraient des investissements au-delà de tout ce qu’on peut imaginer: il faudrait des milliards d’années, a déjà calculé le physicien Frank Close, pour produire juste… un quart de gramme d’antimatière.

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