Ce n’est pas avec de bons sentiments qu’on fait de bonne littérature.
– André Gide
Pour ne point fâcher, parlez de la pluie et du beau temps.
– Mademoiselle Sylvain
Certains lecteurs de L’Express ne sont pas contents de moi, comme on a pu le constater par la lettre adressée à «l’ennemi de l’Humanité» (20 février).
La censure que je vais désormais m’imposer me rappelle le cours de protocole que devaient suivre autrefois, à la Sorbonne, les futurs profs qui se destinaient à une carrière à l’étranger.
Mademoiselle Sylvain, qui avait un âge respectable, une ombre de moustache, et venait des beaux quartier de Neuilly, nous enseignait la prudence et, sans le savoir trop, la rectitude morale. Supposant que nous serions un jour directeurs d’une Alliance française à Mar del Plata ou à Tombouctou, elle nous apprenait l’ordonnance d’un dîner mondain. Où placer à table un archevêque, un chapelain, un rabbin ou un imam, par rapport à une comtesse, un caïd, un inspecteur d’académie, un consul ou un attaché culturel, célibataires ou mariés, (la possibilité d’une maîtresse officielle n’existait pas à cette époque dans la diplomatie française). Il y avait bien d’autres cas de figure.