De la Chandeleur

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Publié 13/02/2007 par Pierre Léon

Les chrétiens n’ont pas inventé grand-chose en matière de célébrations religieuses. Noël, Pâques ou la chandeleur ont d’abord été des fêtes païennes. Celles de la chandeleur – ou fêtes des chandelles – en l’honneur de Pan, s’appelaient Lupercales. Elles donnaient lieu, dans les rues de Rome, à des orgies. On chantait, buvait, festoyait, forniquait, comme en carnaval. On défilait en agitant des flambeaux, pour marquer le retour de jours plus longs.

On faisait aussi des crêpes, dont la forme ronde rappelle celle du soleil et le culte de la lumière. Là-dessus arrive un pape, Gélase premier: «Originaire d’Afrique, il combattit le manichéisme, le pélagianisme et l’arianisme», nous assure Larousse (2004, p.1362).

Mais son plus beau titre de gloire, qui lui vaut notre reconnaissance, est d’avoir christianisé les crêpes. Il décida, en effet en 472 de faire de la fête païenne de la lumière celle de la présentation de Jésus au Temple, se disant qu’on avait bien du y faire brûler des chandelles pour la circonstance. Et puis Jésus avait apporté la lumière à toute l’humanité, qui avait vécu dans l’obscurité jusque-là.

Selon la loi juive, la mère accouchant d’un garçon était considérée comme impure pendant sept jours et devait ensuite purifier son sang pendant 33 jours. C’était le double après la naissance d’une fille, forcément plus impure qu’un enfant mâle (Lévitique XII).

Après la naissance de Jésus, Marie qui avait déjà quatre enfants et allait devenir encore une fois vierge, alla donc présenter son petit dernier à Dieu qui l’attendait effectivement au Temple avec toutes sortes de lumières et, en plus, son auréole qui devait bien faire 500 watts. Après quoi, ils célébrèrent cette journée de 36 chandelles en faisant sauter des crêpes. On ne dit pas s’ils les firent flamber.

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Le jour de la chandeleur, on faisait bénir des cierges, qu’on allumerait: dans les orages pour empêcher la foudre de tomber; dans la chambre d’un mort pour écarter les mauvais esprits; et dans les champs et les vignobles pour assurer de bonnes récoltes.

Et le proverbe dit, à propos du temps, en France:
Rosée à la chandeleur
Hiver à sa dernière heure

Un autre dicton donne la recette pour ne pas avoir du blé «charbonneux», maladie autrefois courante:
Si point ne veut blé charbonneux.
Mange des crêpes à la chandleu.

Au Canada, la chandeleur c’est aussi le jour où l’on guette la marmotte. Si elle sort de son trou le 2 février et voit son ombre, elle retourne hiberner. C’est signe que l’hiver sera long. Pour se consoler, on n’a plus qu’à faire des crêpes ou des beignets! Tous les Français qui arrivaient dans ce pays ont bien du avoir comme moi l’expérience linguistique de la serveuse venant vous demander si vous ne voulez pas des beignes aux bleuets. En France, une beigne est une gifle et les bleuets sont des fleurs des champs.

Mais il semble que la tradition des crêpes s’est un peu perdue au Québec où on s’en régale tous les matins avec du sirop d’érable. Par contre, dans la région du Saguenay, on fait des «cretons de la chandeleur», avec des foies de veau et du poulet fumé, assaisonné de cannelle et de muscade.

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Si vous faites des crêpes, n’oubliez pas de faire sauter la première jusqu’au plafond et rattrapez-là bien au retour! Pensez aussi à en garder une avec laquelle vous envelopperez une pièce d’or que vous mettrez au-dessus de l’armoire. Seul vrai moyen de rester riche toute l’année! Quand vous enlèverez celle de l’an dernier, donnez-là à un pauvre et ça vous portera bonheur.

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