Daran retrouve le respect… et ses 20 ans

Coup de coeur francophone à l'hôtel Drake samedi

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Publié 13/11/2012 par Guillaume Garcia

Arrivé au Québec à l’automne 2010, Jean-Jacques Daran, le leader du défunt groupe français Daran et les chaises, n’a pas perdu de temps pour remonter un «band» avant de lancer en février dernier son album L’homme dont les bras sont des branches.

En tournée depuis le printemps, le guitariste sera à Toronto cette semaine, samedi, au Drake, pour la première fois de sa longue carrière. L’Express vous présente cette figure du rock français, devenu québécois!

Amoureux du Québec depuis de nombreuses années, Daran arrive dans la Belle Province en fin connaisseur. Il y a déjà fait plusieurs tournées, et pas seulement à Montréal. Si la France l’a aimé, lui a apporté bonheur et succès, c’est aujourd’hui à Montréal qu’il revit sa deuxième jeunesse.

« C’est une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps. J’avais peut de la routine. Là j’ai de nouveau 20 ans, je remonte dans le camion!», se réjouit le néo-canadien.

Faire le tour des bars

Lorsqu’il arrive, à l’aube de l’hiver 2010, Daran sait à quoi s’attendre. Né en Italie, grandi dans le midi de la France, il a toujours préféré la chaleur des pays froids, comme l’Islande. Il s’installe finalement en Bretagne, proche de l’océan, dans cette région aux relations humaines chaleureuses.

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Il se met rapidement à la recherche de musiciens et écume les bars pour trouver les perles rares.

«La culture du live est très imprégnée ici. Les groupes peuvent jouer très vite et progresser», remarque-t-il.

Au hasard d’un cinq à sept, il tombe sur André Papanicolaou, un guitariste, qui lui présente ensuite, le batteur Guillaume Chartrain et son frère, bassiste, Marc Chartrain. Le groupe est monté.

Arrivé au Québec avec des démos «quasi-définitives», il réenregistre toutes ses chansons en guitare-voix et pour que les musiciens puissent s’approprier la musique.

Au final, le produit n’est pas si différent que les démos originales, auxquelles n’ont jamais eu accès le groupe. «Certains titres sont allés au même en endroit, et autres aux antipodes. Comme ci certaines chansons étaient prédestinées à aller quelque part», indique Daran. Offrir à ces nouveaux acolytes un pouvoir décisionnel lui permettait aussi de vivre le fameux « lâcher-prise» auquel aspirent tous les chanteurs, selon Daran.

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Sortie de l’album

Fervent défenseur de l’expérience «live», Daran organise une quarantaine de dates avant de rentrer en studio, pour peaufiner les arrangements et s’assurer que tout est correct!

Son album, le premier produit au Québec, s’intitule L’homme dont les bras sont des branches, sort au printemps 2012 et reçoit un très bon accueil. Daran participe à de nombreux festivals d’été et se réjouit de la qualité d’écoute du public québécois.

«C’est vraiment sympa de faire des concerts ici! Contrairement aux chiffres de la population, on fait beaucoup plus de concerts ici. J’ai déjà fait plus de 100 concerts avec le disque, je n’aurai jamais fait ça en France. Il y a vraiment une culture du live, et les structures qui vont avec. Même au fin fond de la Gaspésie il y a une salle avec de bons techniciens.»

Bluffé par le niveau des musiciens au Québec, Daran continue de découvrir les spécialités musicales québécoises, par exemple la scène indie anglo de l’ouest de Montréal. Selon lui, la proximité des États-Unis tire vers le haut la qualité de la création ici. Parce qu’ils sont en concurrence avec de la très bonne musique juste à côté, les Québécois sont souvent plus prompts à innover qu’en France en quelque sorte.

La France, il s’en souvient…

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D’ailleurs, pour ce qui est de la France, Daran ne compte plus vraiment y retourner. Il y lancera bien son album, au printemps prochain (petit scoop) et organise une tournée pour le prochain été, mais ne sent déjà «inadapté à la France». En bon immigré que je suis, je sais déjà un peu à quoi m’attendre lorsque je lui demande ce qui lui manquerait en cas de retour forcé. «Le respect entre les gens, le respect de l’individu, de la femme, et l’enthousiasme des gens. Ici quand tu rencontres quelqu’un, il fait un truc, ou va faire un truc, où était en train de faire un truc…»

En divaguant sur cette fameuse non-envie de retour, on évoque de Charles de Gaulle, le RER B jusqu’à la Gare du Nord de Paris, et cette atmosphère répugnante de dédain qu’on redécouvre avec effroi lors du premier voyage en tant que touriste.

«Et dire que c’est la première chose que voient les visiteurs quand ils arrivent en France», lâche un Daran, dépité.

Si un jour le douanier qui a fait entrer Daran au Canada lui redemande «Mais pourquoi vous quittez un marché de 60 millions de personnes quand tous les Québécois veulent percer en France?», il saura quoi lui répondre!

«Pour le respect entre les gens.»

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Daran, au
 Drake Hotel,
1150, rue Queen Ouest, samedi 17 novembre, à 20h.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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