Le chorégraphe Serge Bennathan revient à Toronto, le temps de présenter au public sa nouvelle pièce Manga, les 22 et 24 novembre prochains. Né et formé à Paris puis Marseille en danse classique et moderne, directeur artistique de Dancemakers à Toronto de 1990 à 2006, Serge Bennathan est désormais à la tête de sa propre maison de production, à Vancouver.
Dans sa dernière pièce, sur une musique de Bertrand Chenier, les deux danseuses Susie Burpee et Linnea Swan nous offrent une prestation exceptionelle. Mais quel est le propos de la pièce?
«Dans Manga, j’ai voulu aborder une question qui m’obsède depuis des années: qu’est ce que l’essence de l’artiste? D’ailleurs, je ne sais pas si l’on peut répondre à cette question. J’ai pensé à beaucoup de gens, danseurs ou non, comme Freddie Mercury, Noureev, James Brown… Et puis, j’ai vu tous ces studios de danse dans lesquels on retrouve la même odeur de sueur, de résine, de bois. Lorsque je pense à ces milliers de ballerines dans le monde qui travaillent pour devenir Giselle, c’est extraordinaire. Je trouve fascinant qu’il y ait tous ces gens sur terre qui s’abandonnent à leur passion et essaient d’ouvrir le monde à une certaine poésie!»
Cette pièce est donc une sorte d’hommage à l’artiste, et plutôt que de montrer la gloire du «métier», le chorégraphe ne se prive pas d’en évoquer la cruauté.
«Chez l’artiste, explique Serge Bennathan, une bataille constante se livre qui le fait toujours se remettre en question. C’est assez violent, on ne se remet pas en question tranquillement assis dans un bon fauteuil! On se lance dans une nouvelle aventure artistique, sans aucune assurance, en se disant “zut je vais encore être pauvre!” On prend constamment des risques. Les choix de l’artiste doivent être féroces s’il veut rester fidèle à lui-même. Mais au-delà de cette douleur, naît également cette extrême splendeur de la poésie que l’on veut communiquer. Les turbulences de l’artiste lui permettent de créer sa propre poésie.»