De son propre souvenir, cela faisait une douzaine d’années que l’auteur de J’ai quitté mon n’avait pas touché nos rives, n’était pas venu nous livrer ses refrains de sa voix alliant
velours et rocaille. Le passage du plus célèbre des Franco-Manitobains au Studio Glenn Gould samedi soir sera l’occasion de rectifier cette situation. Le temps est donc venu de faire le point avec cet amoureux de poésie, de bonne bouffe, de tranquillité – bref, de la vie.
On voit souvent en vous un de ces artistes qui «vieillissent bien», selon l’expression consacrée.
À quoi l’attribuez-vous?
Je ne sais pas si je suis d’accord! Mais si je vieillis bien, c’est sans doute parce que j’aime ma job: je la fais
toujours avec plaisir. Je suis en paix avec moi-même, je n’ai pas de but précis, sinon d’arriver à faire quelque chose de bon. Aujourd’hui, mes ambitions sont moins grandes, malgré tous ces trophées qui sont accrochés à mes murs et qui ne me donnent pas grand-chose.
Et puis il y a peut-être une certaine chance génétique
qui me protège de la maladie…
Pendant plusieurs années, vous avez mené deux carrières en parallèle, en français et en anglais. Mais cela fait longtemps que vous privilégiez le français. Pourquoi donc?
Quand je travaillais sur les deux tableaux, je travaillais avec une maison de disques et un gérant qui m’avait convaincu que c’était intéressant, et j’avais accepté.
Depuis, je me suis aperçu que j’avais été un peu poussé à le faire, et que je n’avais plus envie de faire ça. Je n’ai aucun regret. Le métier en anglais, c’est la même chose, mais en pire: il y a plus de monde, plus de compétition, on joue plus dur. Disons que je n’y trouvais pas la
sérénité que je trouve à travailler en français.