«Fou», «dangereux»: ce ne sont pas des qualificatifs que des scientifiques emploient souvent pour désigner la recherche d’un collègue, mais dans ce cas-ci — la reconstitution d’un virus similaire à la grippe espagnole — d’aucuns ont jugé que les qualificatifs étaient appropriés.
Les chercheurs de l’Université du Wisconsin à Madison expliquent que leur travail est «crucial» pour comprendre les risques posés par les cousins actuels de la grippe. Ce qu’ils ont fait consiste à «construire» le génome d’un virus à partir de fragments de cousins; le résultat, écrivent-ils dans la revue Cell Host and Microbe, n’est différent que de 3% de la grippe espagnole qui avait fait au moins 30 millions de morts en 1918-1919.
Et les mutations qu’ils lui ont fait subir — d’un virus se transmettant entre oiseaux à un virus qui pourrait potentiellement se propager entre mammifères —, permettent de pointer quelles mutations «mineures», dans la nature un virus n’aurait qu’à subir pour faire les mêmes dégâts qu’en 1918. Une bonne nouvelle: malgré les craintes des épidémiologistes, il s’avère que les médicaments contre la grippe aviaire de 2009 et le tamiflu seraient efficaces contre un tel virus.