Cyberdépendance, dites-vous?

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Publié 09/12/2008 par Matthieu Burgard (Agence Science-Presse)

Paupières lourdes après une nuit passée sur Internet, sautes d’humeur, perte d’efficacité au travail, tensions au sein du couple… mais toujours cette irrépressible envie d’aller naviguer. La cyberdépendance semble être l’un des nouveaux maux de notre époque, mais reste encore mal comprise des cliniciens.

«Nos connaissances sont fragmentaires et il faut d’abord déterminer ce qu’on entend par dépendance à Internet. Il n’y a d’ailleurs pas de définition officielle dans la classification internationale des maladies», explique Louise Nadeau, directrice de l’Institut universitaire sur les dépendances à Montréal.

«Pourtant au Québec, 100 personnes sur 40 000 auraient déjà consulté un spécialiste à ce sujet alors qu’aucun centre de santé publique n’offre de service spécifique.»

La chercheuse mène actuellement des focus-groups avec des cliniciens pour définir des lignes directrices de recherche et identifier les enjeux éthiques liés à la cyberdépendance pour les professionnels de la santé mentale.

«Mettre quelqu’un en traitement, ça n’est pas rien, affirme-t-elle. Il faut d’abord savoir ce qu’on traite, qui l’on traite et si l’on devrait traiter.»

Ce l’on sait pour l’instant: les surfeurs pathologiques utiliseraient plus souvent des applications qui leur permettent de sociabiliser comme les jeux en ligne ou les logiciels de clavardage.

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«Derrière leur écran, les personnes sont plus sûres d’elles, ce qui renforce leur identité». Mais un désengagement social et affectif dans le monde réel en est souvent le prix à payer. La durée passée en ligne, parfois pointée du doigt par l’entourage, ne semblerait pas être un élément satisfaisant pour le diagnostic.

«On remarque par contre que certains critères du jeu pathologique ou de la dépendance à une substance peuvent être transposés à la cyberdépendance, par exemple, la perte de contrôle de l’utilisation malgré la conscience des souffrances associées», explique Mathieu Goyette, coauteur avec Louise Nadeau d’un article sur le sujet dans la revue Alcoologie et addictologie.

Les chercheurs en psychologie auront à «réaliser des études épidémiologiques plus larges et plus systématiques sur la dépendance à internet», estime Mathieu Goyette. Les données accumulées serviront à déterminer un seuil clinique à la maladie et à comprendre son évolution. Enfin des traitements issus de ces connaissances permettront de soigner les patients, qui selon les scientifiques, pourraient être de plus en plus nombreux.

www.nouvelles.umontreal.ca/content/view/1650/1/
www.lactualite.com/sante/article.jsp?content=20080917_170033_40044
www.technaute.ca/nouvelles/internet/200802/11/01-8414-peu-de-ressources-pour-les-cyberdrogues.php
www.lefigaro.fr/france/20060225.FIG000002953_la_psychiatrie_de_plus_en_plus_confrontee_a_la_cyberaddiction.html
http://cyberdependance.fr/
www.cqld.ca/publications/cyberdependance.pdf
www.ledevoir.com/2006/11/03/122041.html

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