Culture de céréales locales, une semence à la fois

Au cours des dernières années, le mouvement prônant l’alimentation locale a pris d’assaut le Canada. Il y a beaucoup d’intérêt de la part des consommateurs pour l’acquisition de produits locaux et par le fait même, connaître les agriculteurs qui les cultivent. Toutefois, selon l’avis de Shelley Spruit, il y a toujours eu un ingrédient manquant.

Shelly est agricultrice ayant suivi une formation professionnelle de boulangère-pâtissière auprès d’écoles culinaires en Colombie-Britannique et au Vermont. Depuis de nombreuses années, elle et son époux Tony sont propriétaires de la salle de réception Winchelsea Farms.

Sa formation lui a enseigné que toute bonne pâtisserie commence avec de la bonne farine. Elle était agacée par le fait qu’elle n’était pas en mesure de trouver de la farine produite localement qui répondait à ses normes de qualité.

Ils ont agrandi leur propriété, qui comptait à l’origine 200 acres, par l’achat de 50 acres supplémentaires qu’ils ont nommés Against the Grain Farms.

En plus des cultures traditionnelles, ils ont commencé à faire des essais avec des cultures de remplacement, en semant des grains provenant de variétés de maïs et d’orge qui, traditionnellement, ne sont pas cultivés en Ontario.

Ils ont fait beaucoup de recherches et participé à de nombreux ateliers avant de choisir les cultures à essayer. L’année dernière, ils ont cultivé 26 acres de « grains anciens » et sont particulièrement heureux des résultats de deux d’entre eux.

Le premier est un orge nu, développé au Canada, qui contient la moitié du gluten habituellement retrouvé dans le blé, un taux élevé de fibres bêta-glucanes, des vitamines et des minéraux.

Le deuxième est un maïs pourpre sans OGM de l’ancien Pérou. Lorsque moulé, il produit une farine complète, représentant une solution de rechange sans gluten au blé contenant deux fois plus d’antioxydant que les bleuets.

Trop souvent, dit-elle, les gens souffrant d’allergies au gluten vont se tourner vers des produits de remplacement ayant une faible valeur nutritionnelle.

« Et tout aussi regrettablement, un grand nombre de superaliments achetés par les consommateurs sont importés d’autres pays », fait-elle remarquer.

Les céréales que cultive le couple Spruit répondent à ces deux problèmes en fournissant des superaliments riches en valeurs nutritives cultivés ici, chez nous.

L’orge et le maïs sont maintenant moulés localement, et la distribution se répand à travers l’est de l’Ontario et l’ouest du Québec.

Quatre produits sont disponibles sur le marché: la farine de maïs pourpre, la semoule de maïs pourpre, la farine d’orge béta-glucane et la farine de baies d’orge. Shelley fait la promotion de la gamme de produits au sein de réseaux culinaires et de santé. Plusieurs restaurants et boulangeries de la région d’Ottawa intègrent en ce moment la farine et la semoule de maïs dans leurs produits.

Le couple Spruit adopte une approche durable pour tous les aspects de leur ferme. L’année dernière, avec la collaboration du programme de sélection de l’Université du Manitoba, ils ont cultivé 10 autres variétés de blés et d’orges anciens dans de petites parcelles d’essais de semences.

En 2016, ils participeront une autre fois à des essais de blés et d’avoines, et participeront au projet de tomates anciennes Seeds of Diversity pour contribuer à la restauration des banques de semences de légumes et de fruits anciens du Canada.

Le couple s’efforce également d’éliminer les plantes envahissantes de leur ferme en les remplaçant par 350 variétés d’arbres et d’arbustes indigènes. En 2016, ils prévoient ouvrir un centre d’interprétation sur la ferme qui permettra aux visiteurs de visiter la ferme et de constater leurs efforts.

Against the Grain Farm a reçu le soutien de Cultivons l’avenir 2, une initiative fédérale-provinciale-territoriale. Le Conseil de l’adaptation agricole aide à la prestation de Cultivons l’avenir 2 (CA2) en Ontario.