Couvre-feu à Tunis après des violences islamistes

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Publié 12/06/2012 par Bouazza Ben Bouazza (The Associated Press)

à 16h46 HAE, le 12 juin 2012.

TUNIS, Tunisie – La tension persistait mardi dans la capitale tunisienne et dans des régions du nord-ouest du pays, après une nuit particulièrement violente en réaction à une exposition où figuraient des tableaux jugés «blasphématoires».

Les autorités ont décrété un couvre-feu dans la région de la capitale pour une durée indéterminée, selon l’agence de presse officielle TAP. Le couvre-feu est en vigueur de 21 h à 5 h.

Sur l’avenue Bourguiba, principale artère de Tunis, la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de salafistes qui entendaient protester contre les «atteintes au sacré».

Dans la cité populaire de Douar Hicher, des affrontements ont opposé les forces de l’ordre à des salafistes, paralysant la circulation et causant la fermeture des établissements scolaires, selon la radio Mosaïque FM.

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Des incidents ont aussi été signalés dans d’autres quartiers, notamment dans la cité Al Intilaka, où la police a également eu recours aux gaz lacrymogènes pour tenter de maîtriser la situation.

Dans les régions de Jendouba et du Kef, dans le nord-ouest du pays, des locaux de partis de l’opposition et d’une centrale syndicale ont été attaqués par des islamistes radicaux et d’autres délinquants, selon l’agence TAP. Les assaillants ont aussi incendié un véhicule transportant des boissons alcoolisées, affirme TAP.

L’agence, qui cite des sources au sein des services de sécurité, précise que certains individus arrêtés auraient avoué «avoir été payés par des salafistes pour commettre ces actes de destruction».

À Sousse, dans le centre du pays, des «inconnus» ont attaqué l’Institut des beaux-arts et tenté d’y mettre le feu à l’aide de cocktails Molotov, causant des dégâts à l’établissement, selon Mosaïque FM.

Au moins 162 personnes ont été arrêtées en lien avec ces incidents, selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouch. Les forces de l’ordre rapportent 65 blessés dans leurs rangs, dont certains sont dans un état grave, selon M. Tarrouch.

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Cette flambée de violence survient deux jours après l’appel lancé par le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahri, qui appelle les Tunisiens à réagir pour imposer l’application de la loi islamique dans le pays.

Le successeur d’Oussama Ben Laden a accusé le mouvement islamiste modéré Ennahda, au pouvoir en Tunisie, d’avoir renié l’islam en acceptant de ne pas inscrire la loi islamique dans la Constitution tunisienne, en cours d’élaboration.

Sans exclure l’implication d’Al-Qaïda dans les troubles, «en attendant les conclusions de l’enquête», M. Tarrouch a affirmé que les actes de violence «concomitants» n’étaient «pas spontanés», sans plus de précisions.

Face à la multiplication des actes de violence attribués à des groupes salafistes, le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, a autorisé les forces de l’ordre à tirer à balles réelles.

Des islamistes ont jugé «choquantes» et «indécentes» certaines toiles exposées au palais Abdellia, dans la ville de La Marsa, près de Tunis.

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L’un de ces tableaux, considérés comme «portant atteinte au sacré», représente des fourmis qui forment le nom d’Allah. D’autres exposent des caricatures de La Mecque et d’un homme barbu avec de longues dents, ou encore le portrait d’une femme nue.

La tension est montée dimanche quand des salafistes, accompagnés d’un avocat et d’un huissier, ont ordonné aux organisateurs d’enlever les toiles controversées. La menace a été contrée par une mobilisation de forces de l’ordre, de la société civile et de personnalités politiques venues «défendre la liberté d’expression et de création», selon le mot d’ordre lancé sur Facebook.

Mais des centaines d’islamistes radicaux sont revenus à la charge à la tombée de la nuit, détruisant et lacérant plusieurs oeuvres d’art. Une flambée de violence a suivi dans la nuit de lundi à mardi dans les environs de Tunis.

L’an dernier, la diffusion de films comportant des séquences jugées «blasphématoires» avait provoqué une levée de boucliers des islamistes.

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