Cosmétiques à base de cannabis: encore de nombreux obstacles pour les petites entreprises

Rencontre avec Josée Duranleau, fondatrice de la marque Foliée

Josée Duranleau et ses produits.
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Publié 02/08/2019 par Clara Bauer-Babef

Si la loi entrée en vigueur le 17 octobre 2018 autorise la vente de cannabis à des fins médicales et récréatives, les produits topiques sont toujours interdits.

C’est ce que constate la Torontoise Josée Duranleau, relationniste pour plusieurs organisateurs d’événements culturels, qui aimerait bien lancer une gamme de produits à base de cannabis, mais devant qui se dressent plusieurs obstacles de taille.

Foliée

Il y a quatre ans, Josée Duranleau cherche à soigner sa maman qui souffre de douleurs articulaires. Après avoir essayé plusieurs méthodes sans succès, elle achète une crème  à base de cannabis dans un dispensaire. Deux jours après, les résultats sont là: les douleurs ont presque disparu. 

Les produits de la marque Foliée

Devant l’effet presque magique, Josée se décide: «Moi aussi je pourrais faire ça!» Il y a trois ans, elle crée Foliée, une marque de produits soins et bien-être entièrement naturels.

Au fil de ses recherches sur la plante, elle découvre beaucoup de choses sur le cannabis. «Le pouvoir de cette plante est tellement extraordinaire», dit-elle. Ateliers, internet, livres… Josée devient experte. 

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Le 17 octobre 2019

Mais très vite, Josée se retrouve confrontée à un gros problème. Si la nouvelle loi décriminalisant le cannabis en autorise désormais la vente, les friandises et les crèmes restent interdites. «On peut déjà en trouver, mais c’est illégal», précise Josée.

Cependant, les choses devraient bouger ce 17 octobre 2019. Les friandises et les crèmes seront légalisées.

Mais là encore, le protocole prendra du temps. Josée s’est renseignée: «il faudra envoyer des échantillons des produits à Santé Canada, et il y a un test de minimum 60 jours». Donc pas de produits topiques commercialisés avant la fin de 2019.

Crème pour les muscles et les jointures

En attendant, Santé Canada a lancé un grand questionnaire pour mieux connaître les attentes des Canadiens quant à l’utilisation des produits topiques à base de cannabis.

Licence de 90 000 $

L’autre problème majeur rencontré par Josée, c’est l’obtention du permis de «microprocesseur». Cette licence permet d’avoir une entreprise qui vend des produits à base de cannabis. «Je savais dès le début que ça serait difficile de l’avoir», raconte Josée.

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Huile de CBD

En plus du coût élevé de la licence, 90 000 $, il faut respecter un protocole d’application mis en place par Santé Canada. Avant même de demander une licence, il est obligatoire d’avoir son laboratoire complet.

Cela coûte près d’un million de dollars, selon l’évaluation menée par Josée, qui réalise ses produits chez elle.

Partenariat

Persévérante, Josée cherche des solutions. La plus évidente est de s’associer avec un cultivateur ou un industriel qui a déjà une licence. «L’idée serait de faire un licencing deal, un partenariat», explique Josée, qui reconnaît que «moi toute seule c’est pas réaliste».

L’entreprise achèterait ses formules, puis elle toucherait un pourcentage des ventes. 

Ingrédients et instruments

Cela fait plus d’un an que Josée approche des entreprises. Il est important que «leurs valeurs ressemblent à mes valeurs», c’est-à-dire des produits naturels: pas de pesticides, pas de produits chimiques.

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L’alchimie est essentielle pour Josée. Jusqu’à présent, quatre compagnies semblent intéressées, mais sont, pour le moment, à différent niveau dans leurs affaires. «C’est un processus très lent.»

100% naturels

Les produits de Josée sont 100% naturels. En attendant de pouvoir utiliser du cannabis dans ses crèmes, elle utilise de l’huile de graine de chanvre, une plante «extraordinaire» elle aussi.

À cela s’ajoutent d’autres ingrédients comme des huiles essentielles, de l’huile de noix de coco ou encore du beurre de cacao.

Crème avec lavande, argousier et cannabis

Lorsque ça sera légal, elle ajoutera des gouttes d’huile de cannabis. Elle tient cependant à préciser: «c’est pas juste le cannabis dans mes produits, tous les ingrédients fonctionnent ensemble».

Les bienfaits du cannabis

«Les gens pensent que le cannabis c’est uniquement pour se droguer», regrette Josée. «On veut éduquer les gens aux autres vertus de la plante.» Des vertus qui sont souvent méconnues du grand public: anti inflammatoire, anti bactérie, anti oxydant, anti eczéma, mais aussi contre la démence et le Parkinson.

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Josée rappelle également que les produits ne pénètrent pas dans le sang et le foie, et ne sont donc pas sont psychoactifs. En d’autres termes, on ne peut pas être drogué ou halluciner en appliquant une crème ou un sérum. 

Huile de cannabis avec fleurs

S’éloigner des médicaments traditionnels

Josée assiste à beaucoup d’évènements et de conférences sur le sujet. «Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il y a de plus en plus de recherches là-dessus. Les gens veulent s’éloigner des opioïdes et perdre l’habitude de toujours prendre des médicaments.» Il y a un réel intérêt pour le sujet. 

Huile de calendula

À terme, le but de Josée serait de vivre de sa passion, en vendant ses produits à travers le monde.

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