Corruption: un ingénieur devient collecteur

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Publié 23/05/2013 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 17h29 HAE, le 22 mai 2013.

MONTRÉAL – C’est dès 1996 que le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, a demandé à Marc Gendron, de la firme de génie-conseil Tecsult, de devenir son «collecteur» de fonds.

Devant la Commission Charbonneau, mercredi, M. Gendron, aujourd’hui âgé de 81 ans, a raconté avoir hésité quelque temps avant d’accepter. Mais il l’a fait, puisqu’il connaissait M. Vaillancourt depuis les années 1970.

«Il m’a offert un rôle à jouer. Il me demande de collecter des argents des entrepreneurs qui obtiennent des contrats par soumission. En 1996, il me fait venir à l’hôtel Sheraton. Il m’a invité à dîner», s’est rappelé le témoin, à la santé fragile.

«Il avait confiance en moi. On se connaissait depuis 25 ans. J’ai été hésitant un peu. Il m’a demandé ce service-là», a résumé le témoin, d’une voix faible.

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Le maire Vaillancourt lui aurait seulement dit que la tâche était simple, que les entrepreneurs qui ont obtenu des contrats de la Ville viendraient lui porter une somme équivalant à deux pour cent de la valeur de leurs contrats.

«Il m’a dit: ‘les entrepreneurs qui ont des soumissions vont venir te porter un deux pour cent’», a-t-il rapporté. Il a pris «quelques jours» pour réfléchir avant d’accepter.

En contrepartie, M. Gendron a demandé une garantie que sa firme de génie-conseil, Tecsult, maintiendrait sa part des mandats de la Ville de Laval, qui était de 40 pour cent à l’époque. L’entente n’était que tacite, a-t-il précisé.

Et, de toute façon, Tecsult n’a pu maintenir sa part, parce que d’autres firmes ont vu la leur croître.

Il a joué le rôle de «collecteur de fonds» pour le parti PRO des Lavallois, le parti du maire Vaillancourt, jusqu’au printemps 2003. Il a toutefois «terminé» les contrats amorcés, ce qui a pris deux années supplémentaires. Sa dernière «collecte» de fonds a donc été faite à l’été 2005.

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C’est lui qui a suggéré que Roger Desbois, déjà entendu par la commission, lui succède à cette tâche. «Il se cherchait quelqu’un. Il était méfiant. Moi, j’ai osé prononcer (le nom de) Roger, en qui j’ai beaucoup confiance. J’ai dit ‘Roger, si ça lui tente, communique avec’», a rapporté M. Gendron.

M. Desbois a déjà confirmé à la commission avoir repris le flambeau pour recueillir les ristournes à compter de 2003.

M. Gendron poursuivra son témoignage jeudi.

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