Corruption: tout le gratin de Montréal à une soirée réseautage au Stade olympique

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Publié 30/04/2013 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 20h24 HAE, 1er mai 2013.

MONTRÉAL – La Commission Charbonneau a présenté, mercredi, une vidéo tournée en 2004 lors d’une soirée de la firme de génie-conseil Roche au Stade olympique, où l’on voit l’ex-maire de Montréal, Gérald Tremblay, en compagnie de la haute direction de Roche. Les ex-ministres libéraux Jacques Dupuis, Tony Tomassi et Jean-Marc Fournier y sont aussi présentés au microphone.

De nombreux membres du comité exécutif de la Ville de Montréal y assistaient également, dont le président Frank Zampino, au point où le présentateur, l’ancien joueur de hockey du Canadien Pierre Bouchard, a lancé à la blague: «je ne sais pas s’il reste encore quelqu’un dans la Ville de Montréal».

Le maire Tremblay, Mgr Jean-Claude Turcotte, l’humoriste Yvon Deschamps et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Michel Bissonnet, posent ensemble pour des photos aux côtés de dirigeants de Roche, devant une banderole de Roche.

Ces soirées visaient à remercier les clients de Roche, mais aussi à prévoir pour l’avenir, donc à tenter d’aller chercher d’autres mandats chez les donneurs d’ouvrage, a relaté l’ex-organisateur Gilles Cloutier, qui a été vice-président adjoint au développement des affaires chez Roche.

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M. Cloutier, qui organisait ces soirées, cherchait à mettre stratégiquement les gens ensemble. Il plaçait par exemple un maire qui attendait une subvention avec le ministre responsable du dossier, a-t-il relaté. Pour faciliter les contacts, d’ailleurs, ceux qui «avaient un poste élevé chez Roche» portaient une fleur à la boutonnière, de façon à pouvoir être reconnus par les clients et donneurs d’ouvrage.

La première de ces soirées fort courues a coûté à Roche 50 000 $, et la dernière, en avril 2004, 140 000 $, a précisé M. Cloutier.

Mais cela rapportait à Roche et à lui-même, en termes de mandats et d’autres contacts et relations d’affaires, a-t-il assuré.

M. Cloutier, qui a travaillé chez Roche de 1995 à 2005, estime que grâce à son travail durant la décennie, Roche a pu entrer dans «162 ou 163 endroits» où, auparavant, la firme n’avait pas de mandats. Roche n’était guère présente à Montréal, Laval et la Rive-Sud auparavant.

Maison louée pour les maires

Pour le développement des affaires de Roche, M. Cloutier a aussi prêté sa maison de 11 chambres et quatre foyers à Pointe-au-Pic à des maires, des conseillers et autres «clients».

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De 1998 à 2005, Roche lui louait sa maison du 23 juin au 31 juillet, d’abord 5000 $ par mois, puis 10 000 $ pour y loger ses clients.

M. Cloutier se souvient d’y avoir invité, entre autres, l’ancien ministre péquiste Guy Chevrette, Daniel Brazeau (maire de Chertsey), Marcel Jetté (maire de Sainte-Julienne) et ses conseillers.

La Commission a d’ailleurs présenté une série de photos prises à l’intérieur de la demeure et sur la terrasse, avec vue imprenable.

Document interne

La procureure chef de la commission, Me Sonia LeBel, a aussi déposé un document interne de chez Roche, datant de 1994, qui détaillait l’«approche client» de l’entreprise, la façon d’y faire du développement des affaires.

On y mentionne clairement que les dons aux partis politiques en font partie, de même que les invitations au golf, à la chasse, ainsi que les cadeaux divers aux clients.

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Me LeBel en a cité une partie: «Influencer le client sur le processus d’appel d’offres, la grille, les critères d’évaluation des soumissions, les membres du comité d’évaluation, les firmes invitées à soumissionner, etc.». M. Cloutier a confirmé que cela faisait partie de ses tâches sous-entendues.

François Legault et Jean Béliveau

Pour illustrer comment une connaissance politique pouvait l’aider parfois à obtenir des informations utiles pour un éventuel contrat, il a cité le cas de François Legault, ex-ministre péquiste et aujourd’hui chef de la Coalition avenir Québec, qui pouvait lui dire «il va y avoir telle chose à Sainte-Julienne». M. Cloutier allait ensuite à la rencontre du maire de Sainte-Julienne, Marcel Jetté.

Il a aussi donné en exemple le cas de l’usine de filtration de Saint-Stanislas-de-Kostka, près de Valleyfield, où Roche a obtenu des contrats, après des démarches particulières de sa part.

M. Cloutier s’est arrangé pour que le maire du village, Maurice Vaudrin, et son petit-fils puissent rencontrer le hockeyeur Jean Béliveau et reçoivent un chandail autographié. Il les a aussi emmenés au Centre Bell, au Salon des anciens.

Le maire de Saint-Stanislas-de-Kostka a été ébahi et il a été ainsi gagné à la cause de Roche. «Je voyais même la larme couler, parce qu’il avait rencontré Jean Béliveau et qu’il lui avait donné un chandail. Moi, je l’avais à cent pour cent, maintenant! Il m’écoutait bien plus que les deux ingénieurs!» a relaté M. Cloutier.

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Joint à son domicile, M. Béliveau a dit qu’il connaissait M. Cloutier depuis plusieurs années par le biais d’activités caritatives.

«Je savais qu’il était impliqué en politique, mais je n’aurais jamais pensé que ce que j’ai entendu au cours des derniers jours… Le système qu’ils ont créé, je n’en avais jamais entendu parler», a dit l’ancien joueur de centre du Canadien, aujourd’hui âgé de 81 ans.

«L’affaire du chandail que j’ai présenté, je n’avais aucune idée de ce qu’il y avait en arrière de ça. J’en ai présenté beaucoup de chandails en 60 ans. (…) Je me souviens d’avoir présenté le chandail, mais toute l’histoire de politique qu’il y avait derrière ça, je n’en avais aucune idée», a-t-il ajouté.

Jean-Marc Fournier et Guy Chevrette

Par l’entremise d’un autre dirigeant de Roche puis d’un député libéral de la région, M. Cloutier a également pu entrer en contact avec Jean-Marc Founier _ qui était encore ministre libéral, à l’époque. «Il est allé voir Jean-Marc Fournier, puis moi j’ai parlé à Jean-Marc Fournier, puis la subvention est sortie, peut-être cinq ou six mois après. J’ai dit ‘Jean-Marc, t’as eu une demande pour une subvention de 8 ou 10 millions $ à Saint-Stanislas-de-Kostka. J’ai dit à Jean-Marc ‘fais ton possible pour la sortir le plus tôt possible’», a raconté M. Cloutier.

Finalement, Roche y a eu des mandats, avec une marge de profit de 15 à 18 pour cent, selon son évaluation, dans un projet d’usine de 20 à 22 millions $.

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M. Cloutier a donné un troisième exemple, portant cette fois sur une portion de 31 kilomètres d’autoroute dans la région de Saint-Donat, un projet de 21 millions $.

Il avait eu vent que des gens proches de la firme Génivar célébraient déjà au champagne avec le maire de Saint-Donat le fait qu’ils obtiendraient le contrat, et ce, avant même que la Direction régionale du ministère des Transports l’ait décidé.

M. Cloutier a tout raconté au ministre péquiste des Transports de l’époque, Guy Chevrette, qui était outré. Le ministre a décidé de donner le mandat à la Municipalité régionale de comté plutôt qu’au maire de Saint-Donat.

M. Cloutier a relaté que c’est dans ce contexte qu’un ami de Guy Chevrette, Gilles Beaulieu, a exigé de l’argent «pour me faire entrer dans le bureau de Chevrette». Il demandait 100 000 $, une somme que la haute direction de Roche a accepté de verser. Mais il n’a jamais parlé d’argent directement avec Guy Chevrette.

Roche a obtenu le contrat, puisque M. Cloutier connaissait quatre des cinq membres du comité de sélection.

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M. Chevrette lui aurait par la suite demandé s’il était possible d’embaucher un ami commun comme entrepreneur, JL Campeau, a-t-il raconté.

«Il a fait de la magouille, le ministre, puis moi, puis Beaulieu. Il y avait deux magouilles, une plus au nord, une plus au sud. J’ai fait de la collusion, j’ai fait de la corruption, je me suis servi du ministre. Il y avait deux magouilles», a avoué M. Cloutier.

Il a finalement quitté Roche pour Dessau, à la fin de 2005. Il ne s’entendait pas avec France Michaud, la directrice du bureau. Il a négocié un salaire à la hausse, 130 000 $, sans compter un compte de dépenses de 1000 $ par semaine.

Il ne s’en cache pas, chez Roche, il pouvait gagner 300 000 $ ou 400 000 $ par année «et j’ai fait beaucoup d’argent dans le déneigement» aussi.

Démenti de Guy Chevrette

Dans un communiqué publiée mercredi soir par son avocat, Eric Vallières, M. Chevrette, a opposé un démenti formel aux allégations de M. Cloutier.

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«Les affirmations de l’ancien vice-président de la firme Roche à mon égard sont totalement fausses et diffamatoires. Je souhaite être entendu par la commission le plus rapidement possible afin de pouvoir rétablir la vérité et contrecarrer cette atteinte à ma réputation», a-t-il déclaré, ajoutant que la Commission Charbonneau avait déjà accepté de le recevoir à une date devant encore être déterminée pour qu’il puisse présenter sa version des faits.

D’ici-là, il n’entend faire aucun autre commentaire, «par respect pour les travaux de la commission».

100 000 $ pour la campagne de Zampino

Mardi, l’ex-organisateur politique Gilles Cloutier a impliqué directement l’ex-président du comité exécutif de Montréal, Frank Zampino, dans le financement du parti Union Montréal en 2001, rapportant que celui-ci lui aurait réclamé 100 000 $ pour sa campagne électorale.

«M. Zampino m’a appelé, m’a fait venir dans son bureau, au mois de mai avant l’élection de novembre 2001. Il m’a fait rentrer dans son bureau. On s’est assis, on a jasé et il m’a dit ‘ça nous prendrait de ta firme 100 000 $’», a rapporté le témoin devant la Commission Charbonneau.

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Vu l’importance de la somme demandée, M. Cloutier a dû obtenir l’aval d’un supérieur au sein de la firme de génie Roche, Marc-Yvan Côté, un ancien organisateur du Parti libéral du Québec, ex-ministre des Transports et ex-ministre de la Santé.

La firme Roche a bel et bien donné 100 000 $, a-t-il précisé, pensant ainsi obtenir des contrats à Montréal.

Et, selon lui, cinq autres firmes de génie ont versé une somme similaire, soit au total 600 000 $ de la part de Cima+, SNC-Lavalin, Génivar, BPR et Dessau, en plus de Roche.

M. Cloutier s’est personnellement acquitté de la tâche de verser la première tranche de 25 000 $ à un homme d’origine italienne qu’il a pu identifier sur une vidéo, mais dont il ne se rappelle plus du nom.

Frank Zampino l’aurait même appelé, s’impatientant devant le fait que le versement du solde prenait trop de temps.

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C’est Yves Lortie, directeur du bureau de Montréal chez Roche, la firme dont il était vice-président, qui s’est occupé de remettre le solde.

«On a payé, donnez-nous de l’ouvrage»

Mais les contrats ne venaient toujours pas pour Roche. Il s’en est plaint à M. Zampino. «Il (Zampino) m’a dit ‘continuez à soumissionner et vous allez en avoir des jobs’», a rapporté M. Cloutier.

Un an après l’élection, Roche attendait toujours les contrats, en vain.

«On est allé voir (le maire) Gérald Tremblay dans son bureau avec Yves Lortie, moi et Marc-Yvan. Zampino, on l’a accoté au mur. On a accoté M. Tremblay au mur en disant ‘hey, écoutez, donnez-nous de l’ouvrage, on a payé pour ça’», a rapporté M. Cloutier.

Mais il n’a jamais parlé au maire Tremblay de la requête précise de M. Zampino. «Devant M. Tremblay, j’ai été prudent, je n’ai pas mentionné un sou devant lui. Je n’ai jamais dit que Frank Zampino m’avait demandé 100 000$.»

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Invité à expliquer ce qu’il entendait par «accoter au mur» le maire Tremblay, M. Cloutier est resté vague. «J’ai dit ‘on a aidé pour la campagne financièrement et c’est un montant, pour une petite compagnie comme Roche à Montréal _ on venait d’ouvrir _ qui était gros. Et on n’a rien’.»

Le maire a alors dit: «je vais faire venir Frank». M. Zampino est arrivé et il a dit qu’il trouverait quelque chose pour Roche «dans les prochains jours».

Finalement, Roche a décroché des contrats, mais pas dans le secteur du génie. C’est plutôt une de ses filiales qui s’occupait d’évaluation municipale qui a décroché des contrats à Montréal, a-t-il relaté.

Le maire mis en garde

Par ailleurs, M. Cloutier a rapporté avoir deux fois mis en garde le maire Tremblay contre le responsable du financement de son parti, Bernard Trépanier, au milieu des années 2000.

«On s’en allait dans un coin et je parlais. Je disais ‘Gérald, tu fais une mauvaise affaire. Bernard Trépanier, ce n’est pas un bon homme pour toi. Je le connais depuis 25 ans. Il joue avec l’argent. Tu devrais te débarrasser de ce gars-là’. Il ne s’en est jamais débarrassé», a relaté M. Cloutier.

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Quand la procureure chef, Me Sonia LeBel, lui a demandé pourquoi il tenait tant à ce que le maire Tremblay ne fasse pas affaire avec M. Trépanier, M. Cloutier a eu cette réponse: «C’était pour l’aider. Je savais que c’était un gars honnête, Gérald, que ce n’est pas un magouilleur. Et je voulais qu’il sache que l’autre le volait, dans le fond.»

Me LeBel lui a rappelé que lui-même tripotait les chiffres des budgets électoraux municipaux, de son propre aveu, avec les deux colonnes de chiffres officiels et réels.

«C’était pas mal la même chose, mais moi c’était un petit montant, lui (Trépanier) c’était à coups de millions», a-t-il répliqué à la procureure.

Il a précisé avoir ainsi mis en garde M. Tremblay à deux occasions, en sept ou huit mois.

Il a avoué sans hésitation son inimitié pour Bernard Trépanier, à qui il refuse même d’adresser la parole.

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Peu de financement électoral populaire

Mardi, Gilles Cloutier avait affirmé qu’à peine 5 à 10 pour cent du financement électoral serait effectivement du financement populaire, au palier municipal, et peut-être 15 à 20 pour cent au provincial.

Devant la Commission Charbonneau, cet ancien organisateur sur le terrain, qui a également fait du financement, a aussi affirmé sous serment que le bénévolat n’existe pratiquement plus dans les partis politiques.

« Les élections depuis 20 ans, le bénévolat veut être payé. Il n’y en a plus de bénévolat. Ceux qui sont venus ici et qui ont dit qu’ils ont des pyramides de bénévolat, c’est faux », a-t-il lancé.

L’homme de 73 ans a aussi avoué bien candidement qu’il existe deux budgets en campagne électorale, une colonne officielle présentée à l’agent officiel du parti et une colonne illustrant les véritables dépenses encourues.

Pour expliquer le fonctionnement d’une élection clés en main, il a donné en exemple une élection municipale dont il a fait l’organisation à Sainte-Julienne, près de Rawdon, celle du maire Marcel Jetté.

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« Le candidat à la mairie, je comprends qu’il est au courant de votre arrangement avec (la firme de génie) Roche, mais il ne connaît pas nécessairement le ‘budget 2’? S’il ne pose pas de questions, il n’a pas besoin d’avoir des réponses. Et pour les conseillers, c’est la même histoire? » lui a demandé la procureure chef, Me Sonia LeBel.

« Les conseillers, eux autres, ils ne savent rien », a répondu le témoin, en faisant référence au cas de Sainte-Julienne.

Budgets 1 et 2

La commission a déposé un exemple de ses budgets 1 et 2 et de l’équilibre qu’il devait garder entre les deux, en manipulant les chiffres, pour ne pas défoncer le budget dont il disposait en vertu de la loi. Par exemple, un montant réellement dépensé de 380 $ pour des lots de cartes d’affaires était subdivisé en une somme de 275 $ dans le budget 1 remis à l’agent officiel et 105 $ dans le budget 2 qui était payé avec de l’argent comptant.

De façon générale, les agents officiels étaient tenus dans l’ignorance. « Toutes mes factures étaient cachées dans mes affaires. Avec moi, le maire ne le savait seulement pas. Je ne lui disais rien », a-t-il admis.

Il a indiqué qu’il se débarrassait même des agents officiels qui posaient trop de questions sur sa double comptabilité.

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Dans de tels cas, « je suis obligé de dire au chef du parti: ‘vas parler à l’agent officiel et demande-lui qu’elle se mêle de ses affaires' », a raconté celui qui a coordonné l’organisation de plusieurs élections municipales pour Roche, en retour d’éventuels contrats municipaux pour la firme de génie.

Le commissaire Renaud Lachance lui a demandé quelles dépenses, au juste, étaient payées comptant. M. Cloutier a énuméré les téléphonistes, les imprimeries et firmes de communication, l’installation des panneaux promotionnels, par exemple.

À une occasion, il a malencontreusement défoncé son budget de campagne électorale, à Sainte-Julienne. Il s’est alors arrangé avec la firme Tapage Communications pour se faire émettre une note de crédit de 600 $ pour le budget légitime élaboré par l’agent officiel. Mais en réalité, il avait procédé au réarrangement des dépenses électorales avec une de ses propres compagnies, Signavision, et il s’était remboursé avec de l’argent comptant, a-t-il expliqué.

C’est en 1995 que M. Cloutier a été recruté pour travailler au développement des affaires chez Roche par l’ex-organisateur libéral et ex-ministre des Transports et de la Santé, Marc-Yvan Côté.

C’est surtout pour Roche qu’il a fait de l’organisation d’élections clés en main, a-t-il relaté.

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La firme de génie-conseil « n’avait rien à Laval ». Il a donc rencontré l’ex-maire Gilles Vaillancourt pour lui dire: « j’aimerais ça avoir un petit bout de la tarte », mais M. Vaillancourt lui aurait dit qu’il ne pouvait pas y faire grand-chose. Il s’est donc concentré sur Montréal.

Cartel du déneigement

Lorsqu’il était chez Dessau, il a notamment travaillé à l’élection du candidat libéral Guy Ouellette en 2007 _ qui est devenu député.

Mais en cours de campagne électorale, M. Ouellette, un ancien policier, avait appris que le Bureau de la concurrence enquêtait sur M. Cloutier, qui avait également fait du déneigement, en plus d’avoir travaillé pour les firmes de génie-conseil Roche et Dessau. Il l’a donc remercié de ses services, mais sans lui dire pourquoi.

M. Cloutier a appris le motif de son congédiement notamment du directeur de cabinet de l’ex-ministre Michelle Courchesne, responsable de la région de Laval à l’époque.

Il ne s’en cache pas. À une certaine époque, « j’étais le chef du cartel du déneigement ». Et il a dû payer une amende de 1,3 million $ _ avec d’autres entreprises de déneigement _ en 2001-2002. Et après le Bureau de la concurrence, c’est Revenu Canada qui s’est lancé à ses trousses, a-t-il relaté. Et il paie encore aujourd’hui son dû.

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Mais en 2007, quand une autre histoire de cartel de déneigement est sortie, les enquêteurs n’ont rien trouvé cette fois, a-t-il raconté.

Fausse facturation

M. Cloutier a précisé qu’il a lui-même eu au moins trois compagnies, dont deux compagnies à numéros et Signavision, qui lui servaient notamment à faire de la fausse facturation, au besoin.

M. Cloutier a aussi exposé un autre atout dans son jeu de cartes d’organisateur: le parrainage. Celui-ci consistait à trouver un électeur « motivant », qui s’engageait à faire voter son père, sa mère, son cousin, son voisin, idéalement 20 personnes.

« Quand j’en avais 30, 40, 50, je les faisais tous venir », a-t-il raconté à la commission. Et pour les stimuler et les encourager à remplir leurs promesses de faire voter d’autres personnes, il organisait un tirage de quatre billets de hockey avec un souper au restaurant Mise au jeu, par exemple.

Il les convainquait ensuite d’aller voter le jour du vote par anticipation, afin d’avoir moins d’électeurs dont il fallait s’occuper le jour du scrutin.

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