Corruption: l’ex DG de Laval ne sortait pas souvent de son bureau

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Publié 19/06/2013 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 11h37 HAE, le 19 juin 2013.

MONTRÉAL – Devant la Commission Charbonneau, mercredi, l’ancien directeur-général de la Ville de Laval, Claude Asselin, a affirmé n’avoir jamais participé à une réunion avec le maire Gilles Vaillancourt et un ingénieur ou un entrepreneur en construction.

Pourtant, devant la commission, Lucien Dupuis, de la firme de génie Cima +, avait affirmé qu’il avait participé à un dîner avec M. Asselin et le maire pour présenter la liste des travaux qu’il aimerait que sa firme réalise à Laval.

«Je ne me souviens pas de ça», a répondu M. Asselin.

La veille, il avait avoué que dès 1996-1997, le maire Vaillancourt lui avait exprimé son choix d’entrepreneur en construction pour un contrat donné, en lui demandant si cela pouvait se concrétiser. M. Asselin avait alors transféré la requête du maire au directeur du service d’ingénierie, Claude DeGuise.

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Ce genre de demande du maire pouvait se répéter de trois à dix fois par année, a précisé M. Asselin.

Lors de sa deuxième journée de témoignage, le témoin a si souvent répondu qu’il n’était pas au courant ou ne se rappelait pas, que le commissaire Renaud Lachance lui a demandé s’il sortait parfois de son bureau pour voir ce qui se passait dans la ville.

«Écoutez, un directeur général, c’est supposé savoir bien des affaires sur sa ville et bien des choses sur ce qui se passe avec son personnel. Des gens nous ont dit qu’il y avait tellement de personnes qui circulaient dans le bureau de M. DeGuise qu’on faisait des blagues sur l’usure du tapis. Ce n’est jamais venu à vos oreilles, vous, qu’il y avait un nombre peut-être un peu plus élevé que normal qui allait dans le bureau de M. DeGuise?» lui a demandé le commissaire Lachance.

«J’ai entendu ça ici», a répondu M. Asselin.

«Est-ce que ce n’est pas un peu surprenant un directeur général qui apprend à la télévision qu’à côté de lui, pendant de nombreuses années, il y a beaucoup de personnes qui circulaient autour de M. DeGuise?» lui a encore demandé le commissaire Lachance.

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«Vous restez tout le temps assis dans votre bureau? Vous ne sortez pas de votre bureau de temps en temps pour aller voir les autres personnes?» a-t-il ajouté.

«Pas souvent», a répondu le témoin.

Le maire indiquait sa préférence

Mardi, Claude Asselin avait impliqué directement l’ex-maire Gilles Vaillancourt dans le système d’octroi des contrats aux entrepreneurs en construction de Laval, affirmant que dès 1996-1997, le maire lui a indiqué sa préférence pour un entrepreneur donné.

Devant la Commission Charbonneau, mardi, M. Asselin a raconté la première demande du maire, formulée après une séance du comité exécutif où on avait autorisé un appel d’offres.

«Le maire _ on était juste deux dans son bureau _ m’a demandé ‘est-ce que c’est possible d’arriver à tel résultat?’, c’est-à-dire tel entrepreneur pour ce contrat. J’ai dit ‘je ne sais pas, je vais voir’. J’ai communiqué cette commande, cette demande, à mon directeur de l’ingénierie, Claude DeGuise, en disant ‘c’est le résultat auquel le maire souhaiterait arriver’», a relaté l’ancien dg.

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Bien qu’il ait décrit Gilles Vaillancourt comme un «chef incontesté, verbomoteur, vendeur et manipulateur», il a assuré que le maire ne vérifiait pas, après coup, si ses demandes avaient été respectées.

«Jamais le maire ne m’a demandé le résultat. Il ne m’a jamais non plus parlé du deux pour cent ou des questions dont on a beaucoup entendu parler ici et dont j’avais entendu parler moi-même. Il ne m’a jamais parlé de ses caisses électorales. Il ne m’a jamais demandé de vendre des billets, ou de quoi que ce soit, d’aucune façon», a-t-il martelé.

Il a aussi précisé que ce ne sont pas tous les contrats publics octroyés par la Ville de Laval qui suivaient cette voie.

Rumeurs de collusion

L’ex-dg de la Ville a admis que dès 1996, il avait entendu parler de rumeurs concernant des actes de collusion et de partage des contrats à Laval. «C’est de connaissance de tous qu’il se passe des choses», a-t-il avoué.

Mais il a soutenu que ce n’était pas dans sa définition de tâches de les dénoncer, et ce, même s’il y a déjà eu des enquêtes policières sur l’octroi de contrats à Laval. «Je n’avais pas à aller parler de ça dans ma fonction. Je n’avais pas à intervenir; ce n’était pas ma job», a-t-il affirmé.

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Il a même laissé entendre que dans d’autres villes, «à Montréal ou ailleurs», il y avait eu de telles rumeurs de collusion et que les directeurs généraux n’avaient rien dénoncé.

«Êtes-vous en train de dire qu’un directeur général qui se rend compte qu’il y a des malversations ou qu’il y a des choses qui ne sont pas correctes qui se passent dans sa ville, il n’a pas le mandat de le dénoncer?» lui a demandé la juge France Charbonneau.

«Comment les dénoncer?» a-t-il répondu, avant d’ajouter que «si tout ce contexte-là se reproduisait maintenant, je pense que oui, il y aurait moyen d’intervenir. Ça peut se faire.»

Pas dans mon mandat

Quand le procureur de la commission, Me Paul Crépeau, lui a demandé s’il avait adopté des mesures pour contrer cette collusion, M. Asselin a encore exprimé son impuissance. «Je n’avais pas les moyens de faire ça comme directeur général. Je ne vois pas quelle était ma capacité d’intervention dans ce domaine-là. Je n’étais pas en mesure, moi, de faire des accusations ou de pointer des choses. Ce n’était pas dans mon mandat, si on veut, d’agir comme ça.» Il laissait cela «à la police».

Claude Asselin a été arrêté le 9 mai dernier avec 36 autres personnes lors d’une rafle policière à Laval. Il est accusé de gangstérisme, de fraude, de complot pour corruption, de complot pour fraude notamment.

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Son témoignage se poursuit mercredi.

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