Corruption: le responsable du financement d’Union Montréal nie avoir gardé l’argent

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Publié 15/04/2013 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 15h51 HAE, le 15 avril 2013.

MONTRÉAL – Devant la Commission Charbonneau, lundi, l’ex-responsable du financement d’Union Montréal, Bernard Trépanier, a nié avoir gardé pour lui une partie de l’argent comptant versé au parti par les firmes de génie conseil.

«Dans cet argent comptant-là, est-ce que c’est possible qu’il y en ait eu une partie que vous ayez gardé pour vous?» lui a demandé le commissaire Renaud Lachance.

«Jamais. Regardez mes revenus. Non. Ce qui est à moi est à moi; si c’est aux autres, c’est aux autres», s’est exclamé M. Trépanier.

Celui qui a recueilli les fonds pour Union Montréal de 2004 à 2008 a reconnu avoir parfois reçu de l’argent comptant, mais a assuré que ces sommes étaient alors «mises dans le chapeau», puis passaient du chapeau au coffre-fort du parti, dans son bureau, avant d’être dûment déposées à la banque.

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M. Trépanier s’est aussi posé en victime d’un complot de la part de ceux _ nombreux _ qui sont venus dire à la commission qu’ils avaient dû contribuer à la caisse du parti Union Montréal pour obtenir des contrats de la Ville.

«Si on fait un petit décompte, là, est-ce que ça se peut qu’on ait fait un melting pot et qu’on dise ‘tiens, on va tout shipper ça à Montréal, Trépanier est capable d’en prendre? Il va prendre ça lui; il va prendre ça le bonhomme. Il a 74 ans et il va craquer’. Je ne craquerai pas! J’ai pris ce que j’ai pris. Et ce que je n’ai pas pris, je ne l’ai pas fait», a lancé M. Trépanier.

Des représentants des principales firmes de génie faisant affaires à Montréal dans les années 2000 sont venus dire à la commission qu’ils avaient versé de l’argent comptant et des contributions en chèques à Union Montréal. Certaines firmes ont eu recours à de la fausse facturation pour obtenir cet argent comptant; d’autres ont eu recours à des prête-noms pour rédiger des chèques libellés au parti et remboursaient par la suite ces personnes à même leur compte de dépenses.

La juge France Charbonneau a tenté de résumer sa pensée: «ce que vous dites c’est que les sommes auraient été déboursées, mais là où il y aurait eu un complot, c’est pour tout mettre sur le dos de Montréal?» Le témoin a acquiescé, en laissant entendre qu’il était impossible que tant d’argent ait été versé au parti.

Avec les entrepreneurs

Me Gallant s’est aussi attardé à ses contacts avec les entrepreneurs en construction.

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«Moi, les contracteurs, je ne les voyais pas», a affirmé d’emblée M. Trépanier, qui a assuré qu’il ne faisait qu’un envoi généralisé de billets pour le cocktail du maire, afin de financer Union Montréal.

Me Gallant lui a pourtant souligné qu’il y avait eu 1300 échanges téléphoniques entre lui et Paolo Catania et autant entre lui et Tony Accurso, de Simard-Beaudry et Construction Louisbourg.

«Tony, c’est un chum», s’est exclamé M. Trépanier. Il est d’ailleurs allé sur le fameux yacht de Tony Accurso et n’a rien payé.

Le procureur lui a demandé s’il était vrai que les entrepreneurs en construction devaient verser une ristourne à Union Montréal sur les contrats qu’ils avaient obtenus de la Ville, comme l’ont affirmé certains témoins.

«Non. Je suis sûr de ça», a rétorqué M. Trépanier.

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Il a expliqué ses nombreux échanges téléphoniques avec certains entrepreneurs par le fait qu’il faisait un suivi, après leur avoir «envoyé des billets» pour les activités du parti.

Il a aussi été interrogé sur sa présence à un déjeuner au Club 357C, à Montréal, en présence de l’ex-ministre libérale Line Beauchamp, en 2007, en compagnie de Pierre Bibeau, ex-organisateur libéral et alors conjoint de l’ex-ministre.

Il a nié avoir organisé la rencontre à la demande de Pierre Bibeau. L’ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, y assistait, de même que plusieurs représentants de firmes de construction et de génie conseil de Montréal faisant partie de son réseau.

C’est Pierre Bibeau qui l’avait contacé pour lui demander d’y emmener Frank Zampino, a-t-il témoigné. Mais Me Gallant s’est étonné du fait que la ministre Beauchamp alors responsable de la Métropole ait besoin de passer par Bernard Trépanier pour rencontrer le président du comité exécutif de Montréal.

Selon M. Trépanier, cette rencontre visait seulement à prendre le pouls des professionnels du génie. Lui n’a pas cherché à recueillir des fonds pour le Parti libéral.

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Démarchage ailleurs au Québec

Par ailleurs, M. Trépanier, qui exploitait également une firme de démarchage, Bermax, a raconté qu’il avait fait du démarchage pour Astral auprès d’autres villes, comme Sherbrooke, Laval, Longueuil, Blainville et Waterloo.

M. Trépanier a confirmé avoir reçu 569 885 $ de rémunération de la part de l’entreprise de communication Astral, de 2002 à 2011, soit à son nom personnel soit au nom de son entreprise Bermax.

M. Trépanier faisait du démarchage auprès d’élus municipaux qu’il connaissait, au nom de ses clients commerciaux, dont Astral qui voulait installer des panneaux publicitaires dans ces municipalités. Il présentait les représentants de ses clients aux gens des municipalités, par exemple. Il invitait aussi des gens au golf, puis refilait la facture à Astral, a-t-il expliqué.

«Vous étiez payé pour votre réseau d’influence?» lui a demandé le procureur chef adjoint de la commission, Me Denis Gallant.

«C’est ça», a répliqué M. Trépanier.

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Astral lui a par exemple versé une commission de 10 000 $ pour des panneaux publicitaires à Sherbrooke en 2002 et une commission de 1300 $ pour Waterloo, en Estrie.

Dans le relevé qui a été déposé devant la commission, on mentionne aussi «golf Floride et Blainville» pour 1984 $. M. Trépanier a assuré qu’il n’a jamais invité au golf en Floride des élus municipaux de Blainville, mais qu’il a pu inviter au golf en Floride des élus municipaux qui se trouvaient déjà en Floride.

M. Trépanier touchait des redevances sur le nombre de panneaux installés, en plus d’être rémunéré pour avoir en quelque sorte ouvert la porte de la Ville par ses contacts avec les élus municipaux.

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