Corruption: la maire Vaillancourt a inventé le système à Laval

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Publié 12/06/2013 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 11h27 HAE, le 12 juin 2013.

MONTRÉAL – Bahjat Ashkar, ingénieur de la firme BAFA, a impliqué à fond l’ex-maire Gilles Vaillancourt dans le système de partage des contrats et ristournes ayant eu cours à la Ville de Laval pendant les années 2000.

Devant la Commission Charbonneau, mercredi, M. Ashkar a même affirmé que le maire avait inventé ce système pour que chacun ait son tour.

M. Ashkar a également soutenu que dès 2000, c’est le maire Vaillancourt qui l’a dirigé vers le notaire Jean Gauthier quand il a été question d’argent à donner au parti PRO des Lavallois.

M. Ashkar a lui-même estimé «par intuition» à 8000 $ ou 10 000 $ la somme qu’il devait remettre au notaire, puisqu’il visait à obtenir des honoraires professionnels de 400 000 $ à 600 000 $ pour sa firme.

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À partir de là, il a remis chaque année une enveloppe au notaire Gauthier, avant que le patron de sa firme de génie-conseil, Jean Leroux, lui succède dans cette tâche parce qu’il ne voulait plus la faire.

L’ingénieur a relaté une conversation avec l’ex-maire Vaillancourt, en 2004-2005, lorsque ce dernier lui a souligné que pour obtenir de plus gros contrats de la Ville, comme il le lui demandait, sa firme devait «faire son devoir».

M. Ashkar a interprété ce commentaire du maire comme le fait que sa firme de génie-conseil ne donnait pas encore assez d’argent au parti PRO des Lavallois.

M. Ashkar a raconté que c’est le directeur du service d’ingénierie de Laval, Claude DeGuise, qui lui a expliqué le fonctionnement du système. C’est M. DeGuise qui informait d’avance la firme de génie qui allait remporter un appel d’offres qu’elle serait la gagnante pour tel projet, avant même que le processus soit lancé. Il appartenait ensuite à cette firme de s’entendre avec ses compétiteurs pour s’assurer d’être le plus bas soumissionnaire.

Le témoin a soutenu qu’il a participé à ce système, à l’époque, parce que c’était la façon de fonctionner pour obtenir des contrats, tout simplement. Il n’utilisait pas les termes de collusion ou appel d’offres truqué, à l’époque.

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«Je trouvais ça normal. Dans le temps, chacun prenait sa part. Quand la loi est arrivée (pour obliger le recours à des appels d’offres publics) il y avait un travail de plus (à faire), que vous appelez la collusion», a-t-il résumé. Avant que la loi soit modifiée, en effet, les contrats se faisaient de gré à gré entre les municipalités et les firmes de génie.

Aujourd’hui, M. Ashkar pense autrement. «Cette commission m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses que je faisais aveuglément ou sans même penser», a-t-il laissé tomber.

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