Corruption: des ristournes au parti du maire de Laval payées par des tasses de café

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Publié 12/06/2013 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 15h50 HAE, le 12 juin 2013.

MONTRÉAL – La firme de génie-conseil Cima+ a réussi à payer une ristourne sur ses contrats au parti PRO des Lavallois grâce aux cafés que buvaient ses employés dans ses bureaux, a déclaré mercredi un ancien vice-président de la firme, Lucien Dupuis.

M. Dupuis a raconté à la Commission Charbonneau qu’avec les quatre ou cinq machines à café placées dans les bureaux de Cima+, la firme parvenait à récolter 100 $ par jour, soit 500 $ par semaine ou environ 25 000 $ en argent comptant par année.

Cima+ versait une redevance équivalant à 2 pour cent de la valeur de ses mandats obtenus de la Ville de Laval. Pour des honoraires professionnels d’environ 1 million $, la firme remettait donc une ristourne de 20 000 $ au parti du maire Gilles Vaillancourt, parfois 15 000 $, a-t-il indiqué.

Les cafés auraient donc pu suffire à eux seuls, mais Cima+ puisait également à même l’argent comptant déposé par les entrepreneurs qui venaient chercher des plans et devis en payant 100 $ à 200 $ comptant. Il s’agit d’une pratique courante dans les plus petites municipalités, où l’entrepreneur peut aussi payer par chèque visé.

M. Dupuis a souligné avoir payé une redevance de 2 pour cent sur ses contrats dès 1996.

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Il a assuré que personne ne lui a expressément demandé de verser cette redevance de 2 pour cent.

«Il n’y a jamais personne qui me l’a demandé. J’ai su qu’il fallait donner des redevances; c’était préférable. Et c’est ce qu’on a fait. Quand on est là depuis six ans, qu’on remplit toutes les conditions pour travailler dans une ville, qu’on est propriétaire d’une bâtisse, qu’on a aussi construit dans un parc industriel des bureaux et un entrepôt, et qu’on travaille un peu partout tout le tour, mais que là on travaille pas, on se demande pourquoi. Et on devine vite la raison pourquoi on ne travaille pas. Et, finalement, on écoute ce qui se passe, on écoute les rumeurs, et on se rend compte qu’il faut payer une redevance», a-t-il expliqué.

Comme d’autres témoins avant lui, il a expliqué que c’est au notaire Jean Gauthier qu’il allait porter sa contribution au parti PRO des Lavallois. «Pour moi, le notaire Gauthier était un proche du maire Vaillancourt», a-t-il dit.

Il n’a jamais parlé directement au maire Vaillancourt de cette ristourne que Cima+ devait verser pour obtenir des mandats à Laval. «On n’a jamais parlé d’argent. Dans mon esprit, c’était réglé, c’était acquis; il fallait faire ça. J’étais certain qu’il devait être au courant, qu’il devait savoir si on avait fait nos devoirs», a-t-il affirmé.

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