Coronavirus : comment ne rien céder à l’anxiété

Une psychologue prône une «diète émotionnelle»

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L'isolement est une menace à notre bonne santé. Photo: Geoffrey Gaye, Francopresse
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Publié 30/03/2020 par Geoffrey Gaye

La pandémie de coronavirus qui frappe le monde nous plonge dans un scénario de science-fiction. Confinement, effondrement de l’économie, omniprésence de discours politiques et de statistiques sur l’épidémie, tout cela provoque une anxiété difficile à gérer.

Connie Leclair, psychologue à Calgary, donne ses conseils pour mieux vivre cette crise historique.

Médecins, infirmiers et infirmières, et autres membres du personnel soignant sont érigés en héros de toute la société. Bien moins exposés à la lumière, les psychologues sont aussi sur le qui-vive.

Connie Leclair

Réalité et fiction: qui dépasse qui?

L’épidémie est bien plus virale sur les écrans que dans la vie réelle. Que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et par conséquent dans les discussions du quotidien, le coronavirus est partout. Il répand la peur et l’angoisse.

Ce contexte est essentiel afin d’encourager les citoyens à adopter les bons gestes pour éviter la contamination. Mais il peut affecter la santé mentale en créant de véritables angoisses. Pour y répondre, Connie Leclair prône «la diète émotionnelle»!

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Tout est dans l’interprétation

Le secret de la force mentale réside dans l’interprétation d’une information.

«Lorsqu’on consomme n’importe quel genre d’information, que ce soit un article de journal, un post sur Facebook ou Instagram ou un filet de conversation entendue dans la rue, il est nécessaire de démontrer une capacité de discrimination et de choisir avec intention la perspective qu’on va prendre vis-à-vis de cette information», soutient la psychologue.

«Tout est dans l’interprétation!» Elle cite en exemple les nombreux bulletins d’informations concernant le nombre de nouveaux malades. «On a le choix de se dire que c’est la fin du monde, ou pas. Si l’anxiété n’est pas gérée, on se dirige possiblement vers la dépression.»

«Si on décide de se dire que c’est bien qu’on puisse détecter les nouveaux cas, car de cette façon on peut guérir et empêcher la propagation du virus, on va ressentir immédiatement une sensation de bien-être et de sécurité», avance encore Connie Leclair.

Choisir sa «nourriture émotionnelle»

Un régime spécial s’impose parfois. «Demandez-vous si votre diète émotionnelle, intellectuelle, médiatique est aussi saine que votre diète de nourriture».

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Il faut être sélectif, c’est-à-dire restreindre l’accès à trop d’informations négatives. «Une poutine et une petite portion de pouding chômeur de temps à autre, ce n’est pas la fin du monde. Mais si c’est tout ce qu’on mange tous les jours, ça va avoir un résultat néfaste sur notre santé physique. La même chose peut être dite pour ce qu’on donne à manger à notre cerveau.»

Au-delà des dangers du coronavirus, l’isolement est une menace à notre bonne santé. «Il peut définitivement affecter négativement la santé mentale, indique la psychologue. On peut se sentir dépourvu, à la merci de tous les dangers. L’isolation sociale rend les gens anxieux, dépressifs et plus sujets aux maladies», indique Connie Leclair.

Animal social

Cette sensibilité est héritée de nos plus profondes racines: celles d’un «animal social».

«L’humain est un animal relativement faible en comparaison avec les autres espèces. Il n’a survécu que par sa capacité à se rassembler et à travailler en équipe.»

D’ailleurs, l’isolement a toujours été considéré comme l’une des pires punitions. Aujourd’hui par le biais de la prison, auparavant l’enfermement pouvait prendre d’autres formes, indique Connie Leclair.

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«Dans certaines sociétés, dites plus primitives, la punition ultime pour un crime était que tous les gens de la tribu ignoraient le criminel. Ce manque d’interaction pouvait forcer la personne à quitter sa tribu. Parfois, ça pouvait mener à la mort.»

«On a besoin de voir des visages»

«On a besoin de voir des visages, des sourires, de rire de bon cœur!» affirme la spécialiste. Rompre l’isolement, même lors d’un confinement, c’est important.

La technologie est une alliée précieuse. «Il faut prendre contact avec d’autres de façon virtuelle. Je ne parle pas de lire les publications sur les médias sociaux. Je parle d’avoir des conversations de vive voix au téléphone, sur Skype, Facetime et les autres plateformes de communication vidéo.»

Balade et balado

D’autres alternatives, moins cloisonnées, existent aussi. Depuis plusieurs années, Connie Leclair se coordonne avec sa cousine pour l’appeler une fois par semaine lors d’une promenade. L’une se balade le long de la rivière Bow à Calgary, l’autre promène ses chiens dans un bois proche de leur ville natale, au Québec.

«Tout ce que ça prend, c’est un peu de coordination, des écouteurs et la volonté de nourrir notre relation», conseille-t-elle.

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Gardez en tête que conserver une bonne santé mentale vous demandera de rester actif. «Faites de la méditation, de la marche, des exercices physiques. Si vous vous sentez seul, prenez l’initiative d’aller sur les réseaux sociaux et de commencer une table ronde de discussions (pas sur le coronavirus). Un club de lecture virtuel, par exemple, il y en a plein qui sont gratuits.»

«Soyez créatifs, trouvez de nouvelles façons de vivre selon votre nature, comme animal social!»

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