Contrer les poursuites-bâillons

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Publié 25/01/2011 par Gérard Lévesque

La participation des membres de la collectivité aux affaires d’intérêt public est essentielle à la démocratie. Mais nous connaissons tous des personnes qui ont fait l’objet de poursuites ou qui ont été contraintes de ne pas participer à des affaires publiques parce qu’elles ont reçu une menace de poursuite ou ont craint de faire l’objet d’une poursuite lors d’une activité. L’objectif central d’une poursuite-bâillon consiste à imposer à un défendeur les frais et le temps associés à un procès, peu importe si la réclamation est accueillie ou non.

L’image typique d’une poursuite intentée contre une participation aux affaires publiques fait référence à un petit groupe de citoyens engagés souhaitant s’exprimer sur un projet d’aménagement de terrain qui aurait une incidence sur leurs intérêts, et finissant par être poursuivis par un riche entrepreneur.

En septembre dernier, un bulletin de l’Assurance de la responsabilité civile professionnelle des avocats informait les juristes qui participent à la défense des intérêts publics qu’ils pourraient avoir besoin d’une assurance de responsabilité civile supplémentaire en raison des risques accrus de poursuites-bâillons.

Que peut faire le législateur pour contrer les poursuites abusives visant à faire taire des opposants à un projet ? Le Québec a adopté sa loi contre les poursuites-bâillons en juin 2009. Près de la moitié des états américains ont promulgué des lois contre les poursuites-bâillons.

Le 30 avril 2010, la Conférence pour l’harmonisation des lois au Canada a proposé une Loi uniforme sur les poursuites abusives. Et le 21 décembre dernier, le procureur général de l’Ontario rendait public le rapport du Comité consultatif pour contrer les poursuites-bâillons.

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Ce rapport fournit des conseils sur la façon de contrer les poursuites abusives visant à faire taire des opposants à un projet.

Parmi les recommandations figurent des critères pour permettre aux tribunaux de reconnaître rapidement des poursuites-bâillons; des recours appropriés pour les cas de poursuites-bâillons; des limites appropriées pour la protection des mesures législatives futures sur les poursuites-bâillons; et des méthodes de prévention des utilisations abusives de toute loi future sur les poursuites-bâillons.

Les trois personnes qui ont préparé ce rapport se sont demandées si les petits médias ou les médias locaux devaient avoir accès aux nouveaux recours proposés ou si ces recours devaient être disponibles seulement aux médias de plus grande envergure.

Le Comité a estimé qu’une telle distinction était indéfendable. L’accès d’une organisation à une procédure judiciaire visant à protéger les valeurs juridiques importantes pour tous ne devrait pas être déterminé par sa taille.

«Le fait d’offrir une protection spéciale aux petits médias et aux médias locaux peut avoir une portée pratique modeste dans de nombreuses instances, étant donné que les médias ontariens sont détenus en grande partie par des conglomérats d’envergure.»

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Le Comité a aussi pris en considération le déséquilibre financier entre les demandeurs et les défendeurs qui peut s’aggraver parce que les personnes morales peuvent déclarer leurs frais de litige comme dépenses d’entreprise, alors que les défendeurs comme les comités de citoyens ou les individus, ne peuvent bénéficier de cet allègement fiscal.

Le Comité considère que cette question devrait être étudiée de façon appropriée par des experts sur la politique fiscale, compte tenu des limites constitutionnelles de la compétence provinciale de légiférer sur l’imposition.

Vous pouvez consulter en ligne le rapport sur les poursuites-bâillons:
http://www.attorneygeneral.jus.gov.on.ca/french/anti_slapp/default.asp

Le procureur général examine présentement le rapport et les recommandations du Comité consultatif.

Les observations des membres du public sont encore les bienvenues et peuvent être envoyées au ministère par courriel, à l’adresse Internet [email protected] , ou par la poste, à:

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Suggestions au sujet des poursuites-bâillons, Ministère du Procureur général de l’Ontario, 720, rue Bay, 7e étage, Toronto M7A 2S9.

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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