Contagion

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Publié 15/01/2008 par Pierre Léon

Les gens bien portant sont des malades qui s’ignorent – Jules Romains

Deux microbes se rencontrent. Le Bacille de Koch dit au Gonocoque:
– Vous avez une drôle de tête!
– Ne m’en parlez pas! J’ai eu une attaque de pénicilline!

Histoire banale, un peu romantique pour les nostalgiques, cependant pas tellement désuète aujourd’hui. Grâce aux vaccins et aux antibiotiques, nous survivons. Mais c’est la guerre perpétuelle entre médecine et maladies contagieuses sans cesse renouvelées.

Et je crois que la boutade d’Alfred Capus est fausse, même si elle est belle: «Soyons optimiste, la médecine a découvert beaucoup plus de remèdes qu’il n’y a de maux».

On nous rappelle ainsi, à chaque instant, que l’on doit, plus que jamais, se laver! Quand on entre ou sort d’un hôpital, il faut s’asperger les mains d’un liquide aseptisant. On vend même dans les pharmacies des vaporisateurs de poche qui contiennent tout ce qu’il faut pour vous empêcher de ramasser bêtement le microbe qui passe.

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Je le sais car mon ami Alain et son épouse en ont un flacon. Ils en aspergent leurs mains en entrant au restaurant, ainsi qu’avant et après manger. Je les soupçonne d’en projeter discrètement sur les mains de leur serveuse. Mais ils ont raison, selon mon docteur. Les mains sont les grandes distributrices de germes contagieux.

Un article récent du sérieux Globe and Mail prétendait que le baiser sur la bouche était beaucoup plus sain que la poignée de main. Si bien que si on vous présente un ou une inconnue, la première forme de salutation est préférable à la seconde. Vous pouvez toujours expliquer après la raison sanitaire de votre choix.

Il est certain que la main se promène partout, depuis les boutons de porte que n’importe quel lépreux a pu tourner, jusqu’aux boutons de fièvre dont on ignore la portée contagieuse. Il ne semble d’ailleurs pas plus sain de pratiquer le baise-main. Et, s’il faut un commencement à tout, la suite peut entraîner d’autres problèmes de contagion.

La main n’est donc pas seule responsable.

C’est ainsi que François Ier, par exemple, rapporta de ses conquêtes les maladies vénériennes, dites «honteuses». Elles furent longtemps le châtiment que les églises attribuaient au «péché de la chair(e)». Les colons de Nouvelle France passèrent, non seulement ces maladies mais bien d’autres aussi, aux malheureux Indiens qui furent décimés, parfois par de simples affections pulmonaires.

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On sait que certains marchands distribuaient des couvertures infestées par le typhus, ou bien d’autres maladies redoutablement contagieuses, aux indigènes, leur assurant une mort rapide. Les Espagnols ont réussi de la même manière à faire place nette dans la plupart des pays d’Amérique du sud.

À l’époque moderne, le sida est venu détrôner les autres maladies de la sexualité et causer des ravages, particulièrement dans les pays pauvres. Il y a actuellement plus de 40 millions de personnes affectées par la terrible épidémie et qui vont mourir à court terme.

Plus que jamais, les moyens prophylactiques sont donc nécessaires. Mais, s’accrochant à un dogme d’un autre âge, l’Église catholique continue d’interdire le préservatif. C’est génial! Ce faisant, on multiplie les naissances tout en favorisant les maladies sexuelles contagieuses mortelles. Grâce au Pape, les catholiques des pays affamés peuvent se permettre davantage d’enfants puisque le sida et d’autres maladies contagieuses vont se charger d’en assurer la disparition!

Reste bien sûr la prière. Mais, comme Ponce Pilate, se laver les mains avant!

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