C’est après le suicide d’un ami, âgé de seulement 21 ans, que Mélanie Dion et Alexandre Hardy, deux réalisateurs de films, ont voulu comprendre ce qui peut pousser à un tel geste, mais aussi l’impact de celui-ci sur ceux qui restent.
Le résultat de leur démarche est le documentaire Sans toi: santé publique et bonheur collectif, présenté récemment à l’Alliance française de Toronto. Pour ce sujet sombre, lourd, voire tabou, les réalisateurs ont choisi une approche humaine et sensible: «ça brasse, mais on espère ouvrir la discussion», a commencé la réalisatrice.
Ils ont questionné la culpabilité et la douleur à travers les témoignages des proches. «Quand on a perdu François-Xavier, on est restés sans mots, sans réponses. Si lui pouvait commettre cet acte, tout le monde peut le faire. Le suicide se construit souvent pendant des années parfois toute une vie, il peut être détecté comme ne pas l’être, c’est ce qui s’est passé pour nous.»
Les parents de François-Xavier ont collaboré, puis d’autres familles se sont ouvertes à eux. Le film de 70 minutes se penche sur «la réalité de ceux qui restent, fondée sur des statistiques et l’avis d’experts, mais aussi sur la souffrance et la douleur des gens».
«Nous avons voulu en faire un outil de prévention pour les endeuillés et pour tous ceux qui ont des pensées suicidaires. J’espère qu’ils se sentiront accueillis et moins seuls. Il faut bien comprendre que quelqu’un qui commet l’acte ne veut pas mourir, mais veut arrêter de souffrir. Ce n’est pas un choix de sa part», a insisté Mélanie Dion.
Le projet auto-financé a mis sept ans à voir le jour. «Il fallait aller au bout.»