On peut faire semblant d’être grave. On ne peut pas faire semblant d’avoir de l’esprit. – Sacha Guitry
– Comment vas-tu yau de poêle?
– Et toile à matelas?
Cette «hénaurme», et pour ne pas dire idiote plaisanterie, qui ne joue que sur les mots et fait fi du sens, nous vient de L’Almanach Vermot, publication populaire d’il y a plus d’un siècle. Elle continue à amuser les Français qui se rencontrent à la bonne franquette, entre copains. Elle fait partie du folklore de l’esprit français. J’y pensais en lisant récemment deux chroniques de Maupassant*.
Dans la première, Maupassant part en guerre contre la prétention des Français, se disant le peuple le plus spirituel de la terre. Une fois cette mise au point de modestie faite, notre chroniqueur disserte complaisamment sur cet esprit, disant d’abord qu’aucun dictionnaire n’en a donné une bonne définition.
Il rappelle une chronique de Zola qui, lui, dit: «Il [l’esprit] est à fleur de mots, il va du coq à l’âne, à l’amphigouri. Sa drôlerie ne porte que sur une poignée de Parisiens oisifs, et elle vit, au plus, l’espace d’un matin […]. Rien n’est au fond plus vide et plus sot.»