La bicyclette rend l’humain semblable à l’épervier en plein vol, lui permettant d’appliquer sa force d’une façon encore plus efficace que le rapace qui pique sur sa proie. Une fois qu’on a connu cette libération des distances en totale autonomie que constitue la pratique du vélo, on ne l’oublie jamais.
L’utopie perdue
Jusqu’en 2006, un système entièrement local et communautaire appelé BikeShare (1) offrait un réseau de location de bicyclettes dans le centre de Toronto.
Un abonnement annuel (20$) donnait le droit de louer à prix dérisoire (5$/jr) une bicyclette qu’on pouvait prendre et laisser dans près d’une trentaine de dépôts participants.
Le QG de BikeShare logeait dans un atelier de réparation dans un sous-sol d’église de la rue Queen et était génialement administré par des passionnés du vélo, formés par le volet réinsertion sociale du projet.
Les bicyclettes y étaient toutes recyclées et distinctives; chacune avait une personnalité, son nom ludique peint en noir sur son cadre jaune. BikeShare fut une expérience humanisante, offrant des emplois à des gens marginaux et un service de transport à coût minime pour tous.