Avec nos mobylettes toutes neuves, l’été venu, nous filons vers Pau, où on nous a offert d’enseigner dans les cours de vacances pour étrangers. Nous faisons une pause à Cognac où l’on sent déjà l’accent méridional.
On écoute sans rien dire. On prend des notes. Déjà vieille habitude. Midi. Pique-nique et café au bistrot. Les gens nous regardent bizarrement. A-t-on l’air de profs à ce point-là? De touristes du Nord? On n’a pas commandé de foie gras. Juste un sobre sandwich de pâté local. On n’a pas pris de cognac avec le café? Ou bien, est-ce parce que j’ai les cheveux un peu longs? Comme les «Zazous» qui exaspèrent ma concierge vincennoise. Monique le croit et me conseille d’aller vite me faire faire une bonne coupe. Il y a justement un «Styliste capillaire», en face. Idée funeste.
Le coiffeur m’accueille avec une amabilité excessive. Je me dis que c’est sans doute un trait de cette région hospitalière. Mais je le vois, dans le miroir, en face de moi, faire un clin d’œil à son collègue. Il me sourit sans cesse et semble nerveux. Il chantonne.
Il fait claquer ses ciseaux en l’air, après chaque mèche coupée, comme les grands artistes du cheveu. Moi je pense à Van Gogh et à son oreille. Au bout d’un moment, mon figaro se lance à me dire combien il est flatté de m’avoir comme client. Et que je vais avoir un monde fou au spectacle de ce soir tant les gens aiment mes chansons.
Je n’y comprends rien et le dis, ce qui fait bien rire tous ceux qui sont dans la boutique. Lui, avec son bel accent du midi: