Clément Gignac au Club canadien de Toronto: 2007 à aborder avec prudence

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Publié 30/01/2007 par Yann Buxeda

En économie, la prédiction est un exercice complexe, souvent sujet à caution. C’est également l’une des activités préférées des spécialistes, puisqu’elle fait appel non pas uniquement à leur sens de l’analyse, mais aussi à celui de la déduction. Clément Gignac, stratège à la Financière Banque Nationale, également premier vice-président et économiste en chef à la Banque Nationale, est connu pour son scepticisme face aux fluctuations positives du marché.

Au cours de son allocution face au Club Canadien la semaine dernière, Clément Gignac n’a pas dérogé à ses habitudes. Dans un discours empreint de prudence, il a dévoilé ses prévisions concernant l’évolution du marché pour l’année 2007. Première variable importante, l’économie canadienne est toujours aussi dépendante de celle des États-Unis. Malgré ses fondamentaux solides, le Canada ne parvient pas encore à dissocier sa santé économique de celle de son voisin. Et de l’autre côté de la frontière, la tendance est plutôt moribonde.

Alors certes, avec plus de 6 millions d’emplois créés depuis 2002, et un déficit budgétaire réduit de moitié en trois ans, les États-Unis ont plutôt fière allure. Oui, mais comme le souligne Clément Gignac, notre voisin du Sud se retrouve confronté a un problème majeur.

La société du crédit, adoptée par les baby-boomers, fait que la majorité des Américains dépensent plus que ce qu’ils gagnent. Il n’est plus question d’épargne dans les ménages, et le patrimoine immobilier, en forte hausse ces dernières années, est utilisé comme un guichet à travers les différents programmes d’hypothèque. Des facteurs qui devraient limiter fortement la croissance du PIB aux environs de 2%.

Les excès de l’immobilier, appuyés par les banques, ont fait par ailleurs passer de 8% en 2000 à 17% le nombre de prêts hypothécaires à des propriétaires non occupants. Une tendance qui pourrait s’avérer moins rentable alors que l’immobilier commence à chuter depuis quelques mois.

L’Ontario à la traîne

Le Canada, porté par la bonne tenue de sa monnaie, offre plus de stabilité en terme de prédiction malgré les échanges massifs entre les deux pays. Selon les dires de l’analyste, le pays s’imposerait de plus en plus comme la future Suisse des Amériques.

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En terme de PIB/habitant, le Canada offre le second niveau de vie au sein du G7, et profite d’une très faible inflation ainsi que de taux d’intérêts particulièrement bas. Les banques, symbole de la bonne santé financière du pays, affichent depuis quelques mois des profits records. Et, à la différence de la Suisse, le Canada dispose de pétrole, une denrée particulièrement appréciée en ces temps, et dont la hausse a provoqué une explosion de la valeur du dollar canadien.

Mais les fortunes au sein de la fédération sont diverses, et l’Ontario, jadis moteur économique du pays, est à la traîne, et même en fond de grille en terme de croissance du PIB pour 2006. Une évolution d’1,6% qui fait peine à voir comparé aux 7% de l’Alberta.

Pire, en 2007, avec la crise que subissent les grands constructeurs automobiles américains (Ford par exemple, aurait enregistré des pertes nettes record de 13 milliards $ sur le dernier exercice), l’Ontario pourrait même craindre une récession économique. Techniquement, il suffirait à la province d’afficher deux bilans trimestriels négatifs pour pouvoir parler de récession. Une récession qui serait en fait plus proche d’une stagnation.

Selon Clément Gignac, l’heure est donc à la prudence en 2007, et comme l’on pouvait s’y attendre, l’économie sera intimement liée à l’évolution du prix du pétrole, ou en d’autres termes à l’évolution de la crise au Moyen-Orient.

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