Cinquante savoureux récits sur Québec

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Publié 27/05/2008 par Paul-François Sylvestre

Si vous vous proposez de visiter Québec à l’occasion de son 400e anniversaire, je vous suggère fortement de ne pas partir sans avoir d’abord lu Promenades à Québec, de Pierre Caron. Ce carnet de cinquante récits est un vrai bijou, un guide savoureux qui rendra votre visite aussi charmante qu’intelligente.

Né à Québec, Pierre Caron a été tour à tour journaliste, notaire, avocat et romancier. Il a quitté sa ville natale pour exercer ces métiers. À l’été 2006, il a été invité par l’Institut canadien de Québec à titre d’écrivain en résidence dans le quartier même où, quarante ans plus tôt, il avait étudié en lettres et rêvé de se consacrer à l’écriture.

Au cours de cette résidence littéraire, Pierre Caron s’est promené dans la Vieille Capitale, carnet de notes à la main, et a puisé l’inspiration d’une série de chroniques publiées dans Le Journal de Québec en 2006-2007.

Promenades à Québec regroupe cinquante chroniques ou courts récit et constitue un guide très original, tantôt amusant, tantôt émouvant, toujours captivant. Cinquante photographies de Claudel Huot illustrent ce livre et traduisent avec sensibilité le cachet unique d’une ville quatre fois centenaire.

Dans ces courts récits de deux ou trois pages, Pierre Caron mêle avec brio souvenirs personnels, données historiques, anecdotes peu connues et descriptions physiques de la ville. Le texte qui porte sur la terrasse Dufferin est un bel exemple de leçon d’histoire. On y apprend que les antécédents de «cette plate-forme de bois aux dimensions démesurées» remontent au comte Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France (1672-1682), et que la terrasse était alors privée.

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Disparue après l’incendie du château Saint-Louis, la terrasse est réapparue en 1838 sous lord Durham qui en fit une promenade ouverte au public. Agrandie en 1854, elle fut baptisée terrasse Durham, mais «cette appellation n’eût jamais l’aval des Québécois» (le fameux Rapport Durham avait préconisé l’assimilation des Canadiens français). Les dimensions actuelles datent de 1879 et sont l’œuvre de Charles Baillargé. On lui donna alors le nom de terrasse Dufferin en l’honneur du gouverneur général du Canada.

Un autre récit nous apprend que le Parlement de Québec fut érigé sur un terrain de cricket «abandonné après le départ de la garnison britannique en 1871».

Pierre Caron nous renseigne aussi sur le rôle qu’une Torontoise a joué dans la préservation de la Maison Krieghoff sise au 115 de la prestigieuse Grande Allée. Peintre canadien d’origine néerlandaise, Cornelius Krieghoff s’établit à Québec en 1853 et vit quelque temps (un an, dix ans, personne ne sait) dans une maison rustique qui, 142 ans plus tard, est menacée de démolition.

La Torontoise Esther Greaves achète la maison avec l’intention de «redonner aux vieux murs leur lustre d’antan». Heureusement, elle trouve de précieux alliés – la Ville de Québec et les ministères de la Culture et des Communications – qui subventionnent une partie importante des travaux de restauration.

«Aujourd’hui, la maison Krieghoff ennoblit la Grande Allée, et son caractère élégant et sa simplicité ne déparent pas l’artère que l’on dit la plus belle de la ville.»

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À chaque saison, les touristes envahissent la rue du Petit-Champlain pour fureter dans les boutiques d’artisans et galeries d’art, pour se régaler dans les restaurants gastronomiques. Mais d’où vient le vocable Petit-Champlain? Y aurait-il un autre Champlain que Samuel? Pierre Caron nous apprend qu’une des premières rues de la colonie est baptisée Champlain dès 1792. Lors de la construction du marché Champlain, en 1853, «on ouvrit une nouvelle rue baptisée… Champlain».

Pour distinguer les deux artères, le conseil de ville adopta une résolution selon laquelle la plus petite des deux rues s’appellerait désormais «la Petite rue Champlain, en version anglaise», soit Little Champlain Street. Il en fut ainsi pendant près d’un siècle. Lorsqu’un grand nombre d’anglophones quittèrent Québec, «il devint impératif de redonner à la petite artère historique un vocable à résonance française. Mais on traduisit erronément l’expression anglophone, qui signifiait littéralement la petite rue Champlain, en la rue du Petit-Champlain.»

Ce ne sont là que quelques exemples des savoureuses anecdotes que Pierre Caron partage avec les lecteurs et lectrices de Promenades à Québec. L’auteur réserve de belles trouvailles ou des souvenirs personnels sur la place d’Armes, la place d’Youville, le domaine des Ursulines, la rue du Trésor, la porte Saint-Jean, l’église Notre-Dame-des-Victoires, le Bois-de-Coulonge, la rue Saint-Paul et j’en passe. Bonne lecture, bonne découverte de Québec!

Pierre Caron, Promenades à Québec, récits, Montréal, VLB Éditeur, 2008, 216 pages, 24,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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