Cinémathèque Ontario: le surréalisme contre les tabous

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Publié 19/05/2009 par Khadija Chatar

La saison des films d’été de Cinémathèque Ontario commence 22 mai et se déroule ce jusqu’au 23 août. Au programme, la série «Under the Spell: Surrealism and the cinema» qui propose des films délirants fidèles au surréalisme, le mouvement artistique et surtout littéraire apparu dans les années 20. Les films seront projetés à l’AGO (Art Gallery of Ontario, le Musée des beaux-arts de l’Ontario) au 317 rue Dundas Ouest. Une quinzaine de films français et un film belge sont à redécouvrir, comme Un chien Andalou réalisé par Luis Buñuel et Le sang d’un poète de Jean Cocteau.

Dans cette ère qui promouvait l’expression artistique libérée de tous les tabous, le cinéma devient le laboratoire parfait de la mise en image de l’esprit dormant de l’inconscient.

Les films de cette série sont ainsi le reflet de ce qu’André Breton nommait l’«automatisme psychique pur». Andréa Picard, spécialiste en cinéma français et curatrice de la série à la Cinémathèque, souligne plusieurs thèmes redondants et caractéristiques de ce mouvement qui dominera jusqu’aux années 30.

Parmi eux, il y avait, entres autres, l’amour passionnel, le blasphème, l’érotisme, le fétichisme et surtout le rêve. Un cinéma qui ne se voulait point novateur d’un point de vue technique. Avant-gardiste principalement dans ses thèmes, il était loin d’être en marge. Son but était donc d’interpeller le plus de monde possible et d’avoir un impact sur l’esprit, disons «psychique» du spectateur afin de le «libérer».

Dans ce cinéma en quelque sorte «freudien et jungien», la sexualité en général, et la sexualité féminine en particulier y occupaient une place assez conséquente. Mme Picard relève que la femme, libérée et sensuelle, y est vampire comme dans les films de Louis Feuillade. Autre grand détail dans ce cinéma est certainement la mise en scène qui entoure l’oeil humain.

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Symbole du mouvement littéraire, rappelons les dessins qui figurent dans les pages du livre Nadja d’André Breton, il est aussi très présent dans le cinéma surréaliste. D’autres grands directeurs de l’histoire du cinéma l’utiliseront bien plus tard. Dans La Maison du docteur Edwardes il apparaît clairement pour illustrer le rêve.

Encore plus subtil, l’œil occupe le rôle de voyeuriste dans Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock.

Chez les surréalistes dont il est question ici, il est placé dans des situations des plus farfelues, ironiques et souvent même sadiques.

La curatrice rappelle que dans Un chien andalou, il est tranché. Ailleurs, dans Pour vos beaux yeux du belge Henri Storck, il est acheté, essayé et même posté. Quand à Luis Buñuel et Jean Cocteau, l’un l’éclabousse d’excréments dans L’âge d’or et l’autre de sang dans Le sang d’un poète.

On l’aura compris, les films du surréalisme se voulaient briseurs d’interdits. Les normes sociales n’avaient plus raison d’être dans leurs œuvres. Dire «non» au banal signifiait libérer totalement son esprit. Un mouvement qui a permis aux cinéastes qui ont suivi de prendre plus conscience du pouvoir de la manipulation de l’image.

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Infos: www.cinemathequeontario.ca

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