Cinéfranco rend hommage à l’acteur Jacques Villeret

9e édition du festival torontois

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 21/03/2006 par Marta Dolecki

Clown aux yeux doux et tristes, la tête encadrée par deux touffes de cheveux en houppette, son physique rondouillard lui valait rarement des rôles de jeune premier. À la place, Jacques Villeret a prêté ses traits à des personnages de grands timides maladroits, de paysans au grand coeur ou encore de souffre-douleurs naïfs et simples d’esprit.

Vêtu d’un costume d’extraterrestre pour les besoins de La Soupe aux choux, coiffé d’un chapeau de calife dans Iznogoud, handicapé mental dans L’Été en pente douce, Jacques Villeret a donné vie à une galerie de personnages attachants, portés par la grâce. Tous avaient en commun une belle âme, même s’ils n’étaient pas forcément les héros de l’histoire ou bien encore les séducteurs de ces dames.

Pour sa 9e édition, le festival de films francophones Cinéfranco, qui se déroule cette année du 31 mars au 9 avril, a choisi de rendre hommage au grand acteur et comédien populaire français, décédé en janvier 2005. La fondatrice, directrice et programmatrice de Cinéfranco, Marcelle Lean, avoue volontiers fonctionner aux coups de cœur. C’est elle qui a sélectionné deux films-phares mettant en scène un Jacques Villeret au mieux de sa forme.

Tout le monde se souvient du fameux Dîner de cons en 1998. Le comédien y incarnait François Pignon, un fonctionnaire, petit par sa taille, grand par sa bêtise, qui avait pour particularité de vouer une passion illimitée aux sculptures en allumettes.

«C’est un grand classique et je vous avoue que, de temps en temps, j’aime bien le revoir. Je ris toujours», déclare Marcelle Lean au sujet de ce premier film. Je trouve que Le Dîner de cons fait connaître le personnage de Jacques Villeret dans ce qu’il a de candide et d’un peu naïf.»

Publicité

Le deuxième film, Les Enfants du Marais, met en scène le même Villeret, cette fois dans la peau d’un ancien soldat qui, dans la province française des années 20, noie son chagrin dans la boisson, espérant ainsi oublier le grand amour de sa vie.

Loin de se limiter à une rétrospective de Villeret, Cinéfranco, c’est aussi 38 longs-métrages en provenance de six pays francophones, de la France au Québec en passant par le Maroc et la Suisse. Des nouveautés très prisées comme De Battre mon cœur s’est arrêté, grand vainqueur des Césars français et L’Audition de Luc Picard, qui a raflé le prix de la meilleure réalisation aux Génies, seront présentées au cours de cette 9e édition.

Cette année, si thématique commune il y a, cette dernière est à chercher du côté de la relation père-fils, explique Marcelle Lean. C’est le cas du film de Jacques Audiard, De Battre mon cœur s’est arrêté, qui pourrait être déchiffré à la lumière de ces mêmes relations filiales.

Thomas (Romain Duris) est un jeune homme de 28 ans qui rêve d’embrasser la carrière artistique de sa mère, pianiste de renom, plutôt que de marcher sur les traces de son père, agent immobilier corrompu et véreux. Son difficile apprentissage consistera à se détacher du giron paternel pour voler de ses propres ailes et poursuivre une carrière à la mesure de ses ambitions.

Le long-métrage Papa, de Maurice Barthélemy, raconte le voyage initiatique d’un père (Alain Chabat), en vadrouille sur les routes de France avec son fils de six ans prénommé Louis. Les rôles sont ici inversés parce que si Louis est un jeune garçon sérieux et mature pour son âge, son papa, lui, est un grand enfant débridé. Quelque part entre l’adolescence et l’âge adulte, il a oublié de grandir. Peu à peu, les deux parviennent à s’entendre pour, à l’arrivée, finir par reconstruire la cellule familiale idéale.

Publicité

Toujours dans la même lignée, Alex du réalisateur José Alcala, retrace l’itinéraire d’une jeune mère paumée qui vit une existence précaire et tente de regagner sa place au soleil en récupérant la garde de son fils. Dans son long-métrage justement intitulé Les Mots bleus, le Québécois Alain Corneau évoque la communication difficile entre une mère obsessionnelle et sa fille, Clara, plongée dans le mutisme depuis sa naissance.

Comme à chaque année, Marcelle Lean part faire son marché pour revenir avec un panier chargé de nouveautés. Son terrain privilégié: le Festival de Cannes, celui des films du monde de Montréal et les rencontres dédiées au septième art qui ont lieu entre-temps. «Chaque année, je reviens de ces festivals avec une récolte que je prend plaisir à faire partager aux spectateurs de Cinéfranco, fait valoir Marcelle Lean. Quand je reçois des courriels de certains d’entre eux qui me disent qu’ils ont apprécié les films à l’affiche, ça me fait chaud au coeur. Le festival est devenu au fil des ans comme une espèce de drogue. J’aime tout simplement partager mes trouvailles avec les cinéphiles.»

Une de ces trouvailles est justement L’Audition. Présenté en ouverture de Cinéfranco, le poignant film de Luc Picard retrace une l’histoire fortement inspirée de son propre parcours: celle d’un collecteur de dettes, aspirant comédien, qui prépare une audition. Pendant ce temps-là, sa compagne, refroidie par ses manières rustres, hésite à lui annoncer qu’elle attend un enfant de lui.

À la lumière des émeutes qui ont eu lieu en France, plusieurs films comme Camping à la Ferme, Dans tes rêves, traitent de la réalité des jeunes de banlieue ainsi que des tensions raciales vécues par ces groupes en Europe. Les films québécois Littoral et La Neuvaine, présentés lors du dernier Festival du film de Toronto, seront également à l’affiche lors de Cinéfranco.

En plus de l’hommage à Jacques Villeret, Cinéfranco a décidé cette année de mettre à l’honneur le Maroc avec toute une cuvée de films – Tarfaya, L’Enfant endormi, Zaïna, cavalière de l’Atlas – qui capturent la dure réalité économique de ce pays, filtrée à travers le prisme de la poésie.

Publicité

Quand Marcelle Lean a lancé Cinéfranco en 1998, elle souhaitait créer un festival à taille humaine qui initierait le public torontois aux films français. Si le festival a fait se déplacer 1 200 spectateurs la même année, il en a attiré 9 000 en 2003-2004.

Cinéfranco, Cinéma Royal, 608 rue College. Billeterie: 416-967-1528. Billets: entre 7 et 10$. Pour plus d’informations: www.cinefranco.com

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur