CHOQ-FM repart sur de nouvelles bases

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Publié 12/06/2007 par Aymeri Sutour

Une assemblée générale extraordinaire s’est tenue vendredi dernier sur les disfonctionnements et incertitudes connus par les bénévoles de la radio communautaire CHOQ-FM. Cette assemblée, initiée par des membres de la communauté et non par le conseil d’administration fort décrié, a ouvert le débat sur l’avenir de la radio et sur le cap à suivre afin de ne pas réitérer ce que beaucoup ressentent comme de grossières et impardonnables erreurs.

C’était donc une réunion sous haute tension aux vues de l’ordre du jour annoncé. Cette assemblée générale extraordinaire, placée sous le signe de la transition et peut-être du renouveau, a alimenté les conversations des invités avant même son coup d’envoi au Collège français.

Que ce soit par échange de courriels ou conversations entamées quelques minutes avant l’ouverture de la réunion, chacun des 55 membres ou observateurs présents n’a pu que constater l’étendue des dégâts. Les termes employés étaient forts et les solutions attendues se devaient d’être radicales.

On pouvait lire noir sur blanc la longue liste de griefs ayant amené à la convocation des membres de la Coopérative radiophonique de Toronto, griefs qui étaient d’ordre juridique, administratif, de gestion du personnel ou bien encore de mauvaise conduite des relations publiques… L’ancien conseil d’administration était loin de faire l’unanimité.

Éviter la chasse aux sorcières

D’autant plus décriés qu’absents de l’assemblée générale, les quatre membres restant (dont un, Denis Poirier, ayant démissionné le matin même) sur les onze élus en décembre dernier au conseil d’administration attisaient la grogne par leur bilan et attitude à l’égard des bénévoles de la coopérative.

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En entrevue à L’Express, Valéry Vlad, membre du conseil d’administration sortant, absent de cette réunion, salue cette initiative d’assemblée extraordinaire même si il tient à rappeler que le conseil destitué, tout à fait conscient des difficultés, proposait sa tenue le 26 juin prochain.

Les premières interrogations viennent d’ailleurs de cette absence: quelle légitimité peut-on accorder aux décisions prises par une assemblée générale tenue sans son conseil d’administration?

Toute légitimité, puisqu’aux yeux du Conseil de la coopération de l’Ontario ce conseil d’administration réduit à quatre membres n’avait plus de légalité juridique depuis le 1er mai, son quorum étant fixé à cinq membres. Outre cette situation légalement délicate, d’autres critiques ont fusé.

Marcel Grimard, l’un des instigateurs de l’assemblée et ancien membre du conseil d’administration ayant démissionné aux vues des abus et fautes reprochées, a évoqué les principes démocratiques régissant cette coopérative. Selon lui, l’assemblée serait légitime puisqu’en sus de la loi c’est bel et bien dans l’affirmation d’un objectif commun de réussite qu’elle s’inscrit. Il était souhaité par tous les signataires et observateurs de mettre fin aux débordements d’ordre professionnel et personnel.

Originalement initiée afin de contrer de problèmes de gouvernance qui ont entraîné la démission de sept administrateurs, l’assemblée a été le théâtre de conversations connexes surprenantes. De nouvelles demandes ont été exprimées et certains ont souhaité couper court aux ségrégations fondées, par exemple, sur l’orientation sexuelle d’un candidat et cesser les comportements insultants et accusateurs à-même d’être ressentis comme du harcèlement. Ils veulent par ailleurs en finir avec une gestion jugée insuffisante, voire laxiste.

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Les réquisitoires se sont enchaînés rapidement et la présidence d’assemblée, assumée par Guy Matte, a demandé aux intervenants de pondérer leurs propos et éviter les attaques d’ordre personnelle.

Pour Marie-Line Pelletier, convocatrice de l’assemblée appuyée par 29 signataires, «cette assemblée ne doit pas s’ériger en tribunal, la justice existe s’il faut vraiment y recourir, il n’est pas souhaitable d’entretenir ce genre de pratique qui nuit à l’ambiance de la communauté».

En rebond à ces demandes, d’autres participants ont fait valoir que l’ensemble des récriminations émises pourraient toutes être des allégations sans fondements. Même si ces interrogations ont rapidement été apaisées, le manque de communication ressenti n’en est pas moins resté moins amer.

Dissolution et élections

Le constat des disfonctionnements actuels ayant été établi et les débats sur le respect et la représentation multiculturelle de la francophonie prenant le pas sur l’ordre du jour, cette assemblée générale a soulevé un malaise autre que celui du conseil d’administration: en ligne droite des accusations de diffamation, le mot racisme a été utilisé à plusieurs reprises.

Une proposition souhaitait ouvrir des postes au nouveau conseil d’administration, du moins les laisser vacants jusqu’à délibération ultérieure, en préambule d’une représentation multiculturelle élargie de la communauté francophone.

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La proposition n’a pas été retenue étant donné la nécessité de se munir rapidement d’un conseil complet et actif. La dissolution de l’ancien conseil d’administration finalement été votée à 38 voix favorables sur 38 votants. Les discussions sur les attributions et engagements des nouveaux candidats ont finalement pu avoir lieu.

Afin de ne pas réitérer les erreurs du passé, les conseils et propositions sont allés bon train, un animateur ayant même menacé par courriel de quitter son poste si un seul membre du conseil sortant serait réélu: «Si les membres du CA ne sont pas tous démis de leur fonctions […] je doute que la radio survive à leur petites manigances».

Encore une fois Valéry Vlad, membre du conseil sortant, a enjoint les nouveaux élus à se méfier: «S’ils veulent tourner la page il faut d’abord la lire. Nous avons obtenu un mandat pour l’administration d’une radio francophone communautaire et nous avons tout tenté pour rester dans cette voie.»

Des mots forts pour une affliction profonde, tant envers les tiers collaborant à la radio communautaire qu’à l’encontre de ses propres bénévoles et les deux employés.

Kenneth Gunn, nouveau président du conseil d’administration de la coopération radiophonique de Toronto, tend à rassurer en soutenant que «les premières actions qui seront entreprises par le nouveau Conseil d’administration viseront à revoir en profondeur les politiques de fonctionnement de la gouvernance étant donné qu’elles ont été la source du dysfonctionnement du conseil précédent.

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De plus, les nouveaux membres du Conseil d’administration s’engagent à respecter les directives émises lors de l’AGA en décembre 2006, soit de travailler «en toute transparence et en accord avec les valeurs communautaires de la radio CHOQ-FM».

Un nouveau départ dont les 11 nouveaux membres du conseil seront garant pour les mois à venir.

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