Choléra, typhus, variole, influenza et autres épidémies au Québec

Une constante: des boucs émissaires

Denis Goulet, Brève histoire des épidémies au Québec. Du choléra à la COVID-19, essai, Québec, Éditions du Septentrion, 2020, 180 pages, 19,95 $.
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Publié 27/09/2020 par Paul-François Sylvestre

Comme le reste du monde, le Québec a été touché par de grandes épidémies. Du choléra au corona virus, en passant par le typhus, la variole et la grippe espagnole, on est passé de croyances magico-religieuses à une approche scientifique de la maladie. Denis Goulet en fait un survol dans Brève histoire des épidémies au Québec.

«Les épidémies de choléra et de typhus sont largement liées à l’arrivée massive d’immigrants et aux échanges marchands qui s’accroissent avec l’Europe, écrit Denis Goulet. D’autres maladies infectieuses comme la tuberculose, la diphtérie et les maladies diarrhéiques, qui tuent quasiment un enfant sur cinq, sont directement liées à la pauvreté des populations les plus touchées.»

Choléra et typhus

Le choléra atteint le Québec en 1832 et est en grande partie attribuable aux mauvaises conditions sanitaires à bord des navires lors des longs voyages transocéaniques et à la méconnaissance de ses principaux vecteurs: l’eau contaminée et les vêtements souillés.

Quinze ans plus tard, le typhus fait son apparition, se déclarant en premier lieu à bord des navires transportant des émigrés irlandais fuyant la famine qui affecte leur pays.

L’auteur attire notre attention sur une absence de manifestation hostile envers les immigrants irlandais. Il y a un sentiment d’insécurité et des réactions de peur, bien entendu, mais les Québécois se sont montrés solidaires envers les immigrants.

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Pourquoi? Parce qu’ils étaient catholiques comme eux-mêmes. «Ce sont plutôt les autorités britanniques et coloniales qui sont blâmées pour leur politique massive d’immigration et leur complicité indirecte dans ce désastre humain.»

Variole

La variole avait décimé plusieurs populations amérindiennes au XVIIe siècle, peu après l’arrivée des Français. Ironiquement, cette maladie introduite par les colonisateurs avait été dénommée «peste indienne». Des épidémies de variole plus ou moins sévères ponctuent les années 1800 jusqu’à celles, plus importantes de 1875 et 1885.

Tout au long du XIXe siècle et jusqu’au premier tiers du XXe siècle, le Québec est sporadiquement affecté par de petites épidémies de fièvre typhoïde.

Grippe espagnole

Ce sera la Première Guerre mondiale qui favorisera l’apparition de la première grande pandémie du XXe siècle: l’influenza (appelé faussement grippe «espagnole»). À l’automne 1918, le nombre de cas s’élève à 503 704 et les décès totalisent 13 539. Ce taux de létalité est à peu près la moyenne dans le monde.

La dernière épidémie de fièvre typhoïde, et probablement la plus importante, survient en 1927 à Montréal où environ 5 000 personnes sont atteintes, dont 500 perdent la vie. On estime que l’épidémie a pris sa source dans le lait contaminé, ce qui pousse les services d’hygiène à faire pression pour que le gouvernement oblige les agriculteurs à pasteuriser leur lait.

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La plus importante épidémie de polio éclate au Québec en 1946. Six ans plus tard, la maladie atteint son apogée au Canada avec 9 000 cas. Grâce à des vaccins développés en 1955 et 1962, la polio a été éradiquée au Canada en 1994.

Sida

La plus grande pandémie du XXe siècle fait son apparition au début des années 1980: le sida. Le Québec est affecté à partir de 1983, notamment chez les homosexuels, les prostituées, les toxicomanes ainsi que les hémophiles. En 1991, on compte 10 600 personnes infectées par le VIH au Québec.

«La pandémie de sida a ceci de particulier qu’elle suscite davantage de préjugés que les autres crises survenues au XXe siècle. Face à une mort quasi certaine, les victimes, notamment les homosexuels, le groupe le plus atteint, se sont retrouvés aux prises avec des attitudes de discrimination et de stigmatisation sociale.»

Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans ce survol, c’est la contextualisation des épidémies, notamment la recherche de boucs émissaires, une constante dans toutes les pandémies. Cela comprend les juifs pour la peste, l’armée allemande pour l’influenza, les homosexuels pour le sida, la population asiatique pour la CoViD-19.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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