Tandis que l’espérance de vie de toute formation musicale – peu importe son créneau – est fatalement minée par des tiraillements internes et externes, voilà que Swamperella boucle douze ans de vie professionnelle avec le lancement d’un troisième CD, sur lequel on retrouve pas moins des quatre cinquièmes de la formation d’origine.
Ce petit miracle de longévité tient, me semble-t-il, à une chose: d’entrée de jeu, le quintette torontois s’est donné le rôle de pourvoyeurs de «bon temps» à la sauce cajun, un plaisir aussi social que musical.
Et la complicité qui lie le groupe à son public est ancrée dans un rapport de dépendance mutuelle: les danseurs ont besoin de l’orchestre pour s’éclater au son des valses et two-steps, et l’orchestre sait que cette musique n’a de sens que lorsqu’elle sert de trame sonore à un bain de foule nocturne.
Car il faut bien dire que c’est sur la scène, lorsque s’allument les projecteurs et que les couples envahissent le plancher de danse, que l’effet Swamperella se fait sentir avec le plus de force. Du coup, il serait bête de s’attendre à ce qu’un album gravé en studio puisse rendre compte de cette synergie.
Et pourtant, On The Line (Cattail Records) est le produit d’une machine bien huilée par ces années de métier, négociant sans peine le virage entre cajun et zydeco, reflétant ainsi la dualité – noire et blanche – de leur patrimoine d’adoption.