Chez Roy Braverman, le style l’emporte sur l’intrigue

Roy Braverman, Le Cas Chakkamuk
Roy Braverman, Le Cas Chakkamuk, roman, Paris, Éditions Hugo Thriller, 2022, 308 pages, 29,95 $.
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Publié 15/10/2022 par Paul-François Sylvestre

Un shérif et son adjoint, le propriétaire du journal local, un célèbre auteur de romans policiers, deux femmes qui inventent un viol, deux enquêtrices du FBI, voilà les personnages qui incarnent haine et vengeance dans le tout dernier roman de Roy Braverman, Le Cas Chakkamuk.

Roy Braverman est le pseudonyme du journaliste et romancier français Patrick Manoukian. Je vous ai déjà parlé de son polar intitulé Hunter. Cette fois, la plume et le talent de Braverman sont encore plus démoniaques.

Terrible machination

L’histoire se déroule dans le Rhode Island, où le shérif de Notchbridge est accusé d’avoir violé sa belle-sœur et son épouse. Ce n’est que le début d’une terrible machination où presque tous les protagonistes risquent de perdre quelque chose de précieux: fortune, honneur, vie.

Le roman parle aussi bien de la vie sexuelle débridée d’une éventuelle millionnaire que de l’avenir sombre et cruel peuplé de fantômes d’une rivale. Il est question à la fois «d’une sensualité incandescente et d’une lucidité totalement maîtrisée».

L’auteur brosse une image assez négative du FBI. Notamment à travers les propos de l’une des deux enquêtrices, qui ne tolère pas que «de sales cons de plumitifs prétentieux mettent des bâtons» dans son travail.

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L’agente du FBI n’a pas une haute opinion des écrivains, car ils ne s’occupent pas de la vraie vie des gens… «Le trou de l’existence, la tranchée des survivants.»

Voici un exemple du genre de propos que le FBI tient. «Si vous ne me donnez pas ce que je veux, je vous pourris la vie. La vôtre et celle de vos familles. […] Je lance des rumeurs d’addiction ou de pédophilie qui détruiront vos foutues petites vies misérables de merde.»

Douze jours

L’action du roman se déroule sur douze jours et les chapitres commencent tous par le lieu et l’heure d’un épisode. Cela ressemble aux entrées d’un journal intime. Exemple: Jour 4 – Notchbridge, 15 h 00 – Poste de police – Salle d’interrogatoire.

Le plus original demeure le premier paragraphe de chaque chapitre. Dans quelques lignes en italiques, un mort donne son avis sur un sujet. Le lien avec l’intrigue demeure souvent ténu.

Voici un exemple: «Je n’ai jamais vraiment compris ce que ces étés-là avaient d’indien. Étés des peaux-rouges, peut-être, par la couleur automnale des érables. Étés de massacre aussi, quand les arbres sacrifient leurs feuilles.»

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L’architecture de Roy Braverman

Le commentaire que j’ai le plus savouré est celui sur l’origine du mot barbecue. Le commentateur écrit qu’elle remonterait aux explorateurs qui ont vu des indigènes rôtir une chèvre d’une seule pièce «de la barbe à la queue».

J’avoue avoir été plus emballé par le style et l’architecture du roman que par l’intrigue elle-même. J’avais hâte de voir ce que le mystérieux mort allait me servir comme mot d’introduction au prochain chapitre. C’est là que réside le charme du Cas Chakkamuk.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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