Chemin de fer clandestin à deux heures de route de Toronto

À Niagara Falls, NY

Serveurs noirs menant une double vie à la prestigieuse Cataract House de Niagara Falls, N.Y.
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Publié 18/02/2020 par Paul-François Sylvestre

Pour souligner le Mois de l’Histoire des Noirs, j’ai visité le Niagara Falls Underground Railroad Heritage Centre, du côté américain de la rivière.

Si le nom Niagara Falls est synonyme des chutes spectaculaires dans l’esprit des touristes, l’endroit demeurait une destination de choix pour les esclaves noirs en quête de liberté au milieu du 19e siècle.

Passagers, gares et conducteurs

Underground Railroad est une expression qui désigne un réseau bien rodé pour échapper à l’esclavagisme.

Il n’y a pas de trains, de rails ou de voies sous-terraines. Les esclaves sont appelés des «passagers»; les maisons, commerces et églises où ils sont accueillis sont les «gares»; les gens qui les guident sont les «conducteurs».

L’état de New York fut à l’avant-garde du chemin de fer clandestin pour plusieurs raisons. Il jouxte d’abord le Canada qui peut accueillir les esclaves en cavale. Des routes fluviales rendent le transport possible. Le mouvement anti-esclavagiste est bien organisé dans cet État. Une communauté noire y est active dans l’industrie hôtelière.

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Panneau de l’exposition au Niagara Falls Underground Railroad Heritage Centre.

Cataract House

L’hôtel le plus renommé de Niagara Falls dans les années 1830-1860 fut Cataract House. Il attirait les touristes du Sud des États-Unis, qui y venaient avec leurs esclaves. L’hôtel engageait un important personnel noir qui jouera un rôle clef dans la fuite vers la liberté.

L’exposition au Niagara Falls Underground Railroad Heritage Centre fait revivre le rôle joué par des hommes engagés pour servir des touristes, mais avant tout au service de leurs semblables.

De ce fait, l’endroit devint vite un lieu stratégique du réseau de chemins de fer clandestins.

Double vie

Voici ce qu’on peut lire sur un des panneaux de l’exposition: «African American waiters formed the core of Underground Railroad activism in Niagara Falls. They often lived double lives, openly serving hotel guests and secretly helping freedom seekers across into Canada.»

On peut entendre une chanson qui parle de Canaan Land. Il s’agit d’une référence biblique au Pays de Canaan, «pays où coulent le lait et le miel». Mais, dans l’État de New York au milieu du 19e siècle, c’est aussi une déformation du mot Canada, pays de liberté.

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One more river to cross: l’exposition permanente du musée de Niagara Falls NY.

Haut-Canada

Rappelons que, bien avant la loi de 1807 sur l’abolition du commerce d’esclaves dans l’ensemble de l’Empire britannique, le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada avait fait figure de pionnier.

En 1793, John Graves Simcoe fit adopter la Loi sur l’abolition de l’esclavagisme dans l’ensemble du territoire qui allait devenir la province d’Ontario.

Cette décision fit du Haut-Canada un havre sûr pour les Noirs cherchant la liberté. Il en résultat que le mouvent du Chemin de fer clandestin permit à quelque 30 000 Noirs de trouver refuge en Amérique du Nord britannique entre 1800 et 1865.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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