Chasseurs de fantômes technos

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Publié 04/11/2008 par Pascal Lapointe (Agence Science-Presse)

Saviez-vous qu’avec un banal appareil en vente dans certaines quincailleries, vous pouviez détecter des fantômes? Bienvenue à l’ère des chasseurs de fantômes… «technos»!

L’électronique pourchasse en effet les ectoplasmes, orbs et autres poltergeists. Plusieurs clubs nord-américains de «chasseurs de fantômes» ont leur liste de gadgets, toujours les mêmes, chaudement recommandés à qui veut partir en mission nocturne dans les cimetières ou les maisons hantées: la caméra numérique, l’enregistreuse numérique, le détecteur de mouvements et surtout, l’indispensable détecteur de champs électromagnétiques.

C’en est au point où ceux qui mettent en vente un tel détecteur savent que leur clientèle n’est pas du côté des gens inquiets de vivre à proximité de lignes à haute tension. Pour moins de 35 $, vous pouvez en commander un chez Ghost Mart, commerce spécialisé en «rabais sur des équipements pour recherches paranormales». Le «kit» complet, incluant un thermomètre à infrarouge, voire une caméra vidéo numérique, varie entre 250 $ et plus de 2000 $.

Sauf que même un partisan du paranormal, Ron Milione, de l’Atlantic Paranormal Society, reproche à ses pairs de mal utiliser le détecteur de champs électromagnétiques: plusieurs «n’ont pas la capacité de distinguer les sources artificielles, en courant alternatif, des sources naturelles… Le problème est amplifié par le fait que la plupart des détecteurs sont calibrés à 60 hertz, la même fréquence qu’utilisent les appareils électriques de la maison».

C’est que ce «détecteur de fantômes» détecte en effet les champs électromagnétiques émis par les ordinateurs, les télévisions, les fours à micro-ondes, les téléphones cellulaires, le frigo et tous les appareils électriques d’une maison, ainsi que tous les fils électriques dès que le courant y passe (et même après qu’on eut mis l’interrupteur à «off»). Et les lignes à haute tension. Ça commence à faire beaucoup de concurrence pour le fantôme…

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Aurait-il plus de chances par une communication verbale? Tout bon chasseur se munit désormais d’une enregistreuse numérique, mais, même après de longs «nettoyages» avec des logiciels, les propos d’outre-tombe restent, au mieux, douteux. Et encore, certains « chasseurs » affirment qu’au contraire, il ne faut rien nettoyer, puisque c’est dans le bruit de fond que se dissimuleraient les messages.

Et les photos? Même l’organisme de la vieille capitale Paranormal Québec met en garde: «les preuves photographiques de manifestations sont malheureusement souvent remises en question… Des enquêteurs peu scrupuleux ont souvent tenté de modifier des clichés dans l’espoir de montrer des choses spectaculaires au public.»

Cette évolution technologique rappelle que les manifestations des esprits sont devenues de plus en plus minces, à mesure que progressaient les enquêtes scientifiques, résume Mary Roach, auteure de Spook: Science Tackles the Afterlife. Avant 1930, la mode était aux ectoplasmes, des fantômes censés avoir une «présence» plus physique, jusqu’à ce que les trucs de magiciens qu’employaient les médiums ne soient dévoilés un à un. Aujourd’hui, on en est à fouiller dans l’infrarouge ou le spectre électromagnétique. Et on continue de faire chou blanc.

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