C’est l’heure du bilan pour le festival culturel franco-caribéen

Entretien avec Jennyne Maillard, l'organisatrice du FKZO

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Publié 27/08/2020 par Jessica Régis

C’est l’heure du bilan pour la douzième édition du Festival Kompa Zouk Ontario (FKZO). L’événement qui promeut les cultures afro-caribéennes francophones s’est maintenu en ligne au début du mois d’août, face à la pandémie de CoViD-19.

«Je m’étais toujours dit que, quoi qu’il arrive, je devrais trouver un moyen pour que le festival ait lieu. Il faut toujours avoir un plan B», explique l’organisatrice Jennyne Mayard.

«Je pense que le confinement a été un remède à la créativité»: Jennyne Mayard, organisatrice du FKZO.

Une édition-hommage

Le thème 2020 était directement inspiré d’une tragédie qu’a vécue l’équipe du FKZO, qui a perdu l’un de ses membres, l’année passée. L’équipe a voulu lui rendre hommage et passer un message d’espoir aux jeunes, qui ont parfois recours au suicide: Soyez le changement.

L’organisatrice a également évoqué l’importance du handicap pour le festival qui veille, depuis ses débuts, à l’inclusion des personnes handicapées.

«Miss Courageuse», jeune influenceuse haïtienne, a souhaité partager un message d’espoir à l’attention de sa génération.

Du côté des artistes

Malgré un budget limité et la crainte du manque de visibilité chez certains artistes locaux, Jennyne Mayard est parvenue à les convaincre de la faisabilité du projet.

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Certaines têtes d’affiche se sont désistées, mais d’autres ont répondu présents depuis l’étranger, comme le groupe Maestro (ci-dessous) depuis Haïti, et Mis Blandine, depuis la Côte d’Ivoire.

D’autres artistes internationaux, comme le groupe T-VICE, ou encore l’artiste Roodyroodboy, ont fait des apparitions et passé des messages en lien avec le thème de l’édition.

Les aléas de la diffusion

« On était un peu stressé parce qu’on ne savait pas à quoi s’attendre. C’était toute une expérience», confie Jennyne Maillard. Certains artistes se sont produits en direct et d’autres ont dû préalablement transmettre des enregistrements.

L’organisatrice a également évoqué le défi lié au décalage horaire: «on devait se réveiller deux fois, pour une première diffusion à l’heure de l’Est, et une seconde à l’heure occidentale, pour la diffusion en Afrique».

Mis Blandine, la chanteuse congolaise installée au Canada, s’est produite depuis Abidjan en Côte d’Ivoire.

En chiffres

Quatorze artistes venant du Canada, des Antilles et de la Guyane françaises, ainsi que de l’Afrique de l’Ouest, ont performé. Ils ont été suivis dans près de 120 pays à travers l’Afrique, avec 200 000 vues via les médias sociaux. Le festival a été diffusé  sur les radios, les chaînes de télévision locales, nationales  et internationales  comme: THM la télévision haïtienne montréalaise et Guyane première, du groupe France télévision.

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DJ Misteuring, représentait la Martinique à travers sa musique et le reportage proposé en début de festival.

Le soutien des partenaires

«Nos commanditaires ont payé les frais de diffusion sur les chaînes locales», explique l’organisatrice. «C’est notre loyauté et notre crédibilité qui nous garantissent ce soutien au fil des ans, et particulièrement cette année.»

Elle ajoute que les financements des instances gouvernementales sont souvent minimes. Jennyne Mayard parle d’un budget annuel de 15 000 $ pour FKZO contre 20 000 $ pour d’autres organisations.

Un financement à deux vitesses?

Bien qu’encouragée par les instances gouvernementales, son organisatrice déplore le manque de transparences quand il s’agit d’attribuer des fonds.

Elle dénonce «depuis toujours» les inégalités de financement en défaveur des organisations qui supportent les noires. Elle trouve que les budgets alloués sont moindres, compte tenu des retombées économiques importantes générées par ces manifestations culturelles.

Ainsi, pour Jennyne Mayard, il est plus simple, de ne pas attendre les fonds gouvernementaux et de ne compter que sur soi, «en n’ayant de cesse de prouver son potentiel. Car la culture ne s’achète pas!»

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De l’avis du public

Sur la page Facebook du festival, il est possible d’apprécier les commentaires positifs:

«Je suis si fière de l’équipe FKZO. Nous sommes si fières d’avoir ce festival dans la ville. Merci beaucoup» – Daniella Beru.

«Merci pour votre festival. J’ai aimé apprendre de la culture créole francophone. C’est bien d’entendre du français.» – Hyeng Chung

«Merci FKZO. Nou te genyen yon bel festival kompa. Mesi anpil mil fwa!» (Nous avons gagné un beau festival Kompa. Merci mille fois) – Christine Dorcin.

La recette du succès

Depuis sa création, il y a 12 ans, l’équipe se compose de 20 personnes, dont 5 membres au conseil d’administration, constamment présents.

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Équipe des bénévoles présents au Festival FKZO édition de 2019.

D’après l’organisatrice, FKZO a gagné en professionnalisme en 12 ans.

«On est réservé quand on nous approche juste pour remplir une statistique. On va travailler avec des gens qui nous connaissent, qui ont entendu parler de nous ou qui s’intéressent réellement à ce que nous avons à offrir.»

Aussi le festival s’enrichit et promeut d’autres formes d’arts, comme la cuisine, et fait découvrir de nouveaux artistes, comme Miss Courageuse, coup de coeur cette année 2020.

Le festival proposait un atelier cuisine en ligne, animé par le restaurant traiteur haïtien basé à Montreal, Duo de Chef.

Le programme de 2021

Habituellement, le festival propose toujours ses têtes d’affiche le dimanche qui suit la parade des Caribana, grand carnaval caribéen anglophone. Ainsi, FKZO s’assure d’attirer les foules, pas toujours familières des cultures franco-antillaises.

«Il se pourrait peut être que le FKZO propose un festival hors saison estivale à l’avenir», partage Jennyne Mayard, pour se démarquer de la plupart des festivals afro-caribéens qui ont lieu en été.

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L’organisatrice a hâte d’être à 2021 pour dévoiler  le lieu inédit d’où se déroulera le FKZO, et pour lancer le grand concours Afrocaribin qui fera découvrir un talent issu des communautés noires et premières nations.

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