Centre-droit et gauche radicale au coude-à-coude en Grèce

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Publié 19/06/2012 par Elena Becatoros (The Associated Press)

à 13h48 HAE, le 17 juin 2012.

ATHENS, Greece – Toujours l’incertitude politique en Grèce. Nouvelle Démocratie (droite) et la Coalition de la gauche radicale (Syriza) étaient au coude-à-coude à l’issue des élections législatives de dimanche, selon des sondages à la sortie des urnes. Aucun parti n’aura assez de députés pour former le gouvernement, ce qui veut dire que des pourparlers pour la formation d’une nouvelle coalition devraient commencer dès lundi.

La Gauche démocratique, un parti pro-européen qui avait quitté Syriza en 2010, pourrait permettre la formation d’une telle coalition. Alors qu’il avait recueilli 6,1% des voix en mai dernier, son leader, Fotis Kouvelis, avait indiqué qu’il ne participerait pas à une coalition sans Syriza, même après s’être vu offert le poste de Premier ministre. Il a cependant confié depuis qu’il ferait tout pour aider à bâtir un tel gouvernement.

Selon un sondage réalisé par cinq instituts pour les principales chaînes de télévision, Nouvelle Démocratie obtiendrait entre 27,5% et 30,5% des suffrages, Syriza entre 27% et 30%, le PASOK (socialiste) entre 10% et 12%, et la Gauche démocratique (DIMAR, centre-gauche) entre 5,5% et 6,5%.

D’après un autre sondage réalisé pour une autre chaîne de télévision, Syriza pourrait arriver en tête avec 25 à 31% des suffrages, contre 25 à 30% pour Nouvelle Démocratie.

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Le parti qui arrivera en tête recevra un bonus de 50 sièges au Parlement, qui en compte 300.

Par ailleurs, dix hommes armés de masses et de battes en bois ont attaqué un bureau de vote athénien, blessant deux policiers qui le gardaient et mettant le feu à une urne. Aucun électeur n’a toutefois été blessé lors de cet incident qui s’est produit une demi-heure avant la fermeture des bureaux de vote dans le quartier d’Exarhia.

Près de dix millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour la seconde fois en six semaines, à l’occasion d’un scrutin considéré comme le plus important depuis 40 ans. La bataille des législatives devrait déterminer l’avenir de ce pays en quasi-faillite au sein de l’Union européenne et la zone euro.

Le scrutin du 6 mai dernier avait été marqué par l’effondrement des grands partis, sanctionnés pour avoir accepté la douloureuse austérité imposée au pays pour éviter la faillite. Affaiblis par la percée des extrêmes, aucun n’a obtenu de majorité suffisante pour former un gouvernement, provoquant la tenue de nouvelles élections.

Depuis mai 2010, la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) ont accordé deux plans de sauvetage successifs au pays, mais la poursuite des versements reste soumise à la mise en oeuvre rapide de réformes et coupes budgétaires. Accablés par des mois de rigueur, les Grecs se sont davantage tournés vers l’extrême droite (Aube dorée) et l’extrême gauche (Syriza), délaissant les grands partis comme Nouvelle démocratie et le PASOK, qui sont tombés à leur plus bas niveau depuis 1974 à la fin de la dictature des colonels.

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S’il défend la cure d’austérité, le dirigeant conservateur Antonis Samaras a prévenu que toute nouvelle coalition devrait renégocier les conditions du plan de sauvetage du pays, ce qui ne manque pas d’inquiéter ses créanciers internationaux. Il aimerait que le plan de rigueur soit étalé jusqu’en 2016, et non 2014. Son rival socialiste Evangelos Venizelos parle même de 2017.

Syriza d’Alexis Tsipras -qui avait réalisé 16,8% en mai- est vent debout contre les plans de sauvetage, mais n’entend pas quitter la zone euro. L’homme en a alarmé plus d’un en Europe avec son discours promettant notamment de nationaliser les banques, d’annuler un plan de réduction de 150.000 postes dans la Fonction publique et de revaloriser nettement pensions et salaires.

« La Grèce a vaincu la peur », a-t-il lancé après avoir voté à Athènes. « Nous ouvrons aujourd’hui la voie à une Grèce de justice sociale, membre à égalité d’une Europe qui change. Une Europe des peuples et de la solidarité. »

En échange des prêts nécessaires pour éviter un défaut de paiement, Athènes a dû engager des mesures d’austérité extrêmement dures qui ont laminé l’économie du pays. La Grèce est entrée dans sa cinquième année de récession et vu flamber le chômage qui frappe aujourd’hui 21,8% de sa population active.

Par ailleurs, la police grecque a ouvert une enquête dimanche après la découverte de deux grenades devant la chaîne de télévision privée Skaï, dans la banlieue d’Athènes. Le porte-parole du gouvernement grec, Demetris Tsiodras, a évoqué une action visant à nuire au bon déroulement des élections.

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La police a aussi annoncé qu’elle avait averti Twitter d’un faux message prétendument envoyé par le Parti communiste grec (KKE), exhortant les électeurs à voter pour Syriza. Des vents violents dans l’archipel grec ont par ailleurs empêché des ferries de prendre la mer, risquant d’immobiliser certains électeurs qui devaient voter dans les bureaux de vote des îles.

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