La firme SNC-Lavalin, fleuron de l’ingénierie canadienne, 50 000 emplois dans le monde, 16 000 au Canada, a soudoyé, à coup de dizaines de millions de dollars, des décideurs du régime Khadafi (renversé en 2011) pour obtenir le contrat de construction… d’une prison! Une affaire doublement crapuleuse.
C’est comme ça que ça se passe dans le tiers-monde, dit-on. Sauf que c’est comme ça que ça se passe chez nous aussi, puisque SNC-Lavalin a également admis avoir soudoyé, encore à hauteur de dizaines de millions de dollars, des responsables de gros projets comme celui du Centre universitaire de santé McGill.
Réparation
Dans l’affaire libyenne, les procureurs fédéraux ont décidé en octobre de ne pas remplacer le procès par un processus de réparation – prévu par la loi – par lequel l’entreprise aurait admis sa culpabilité et payé des centaines de millions de dollars d’amende.
Or, tout verdict de culpabilité à l’issue d’un procès empêcherait SNC-Lavalin de soumissionner pendant 10 ans sur les projets gouvernementaux, ce qui affecterait également sa réputation à l’étranger. Les nouveaux dirigeants de l’entreprise brandissent le spectre de la mainmise étrangère sur ses activités, avec perte d’influence canadienne et d’emplois dans ce secteur.
Les Libéraux de Justin Trudeau partagent ces inquiétudes, comme une bonne partie de la classe politique canadienne. Qui plus est, tout ce beau monde se connaît bien: SNC-Lavalin a déjà généreusement contribué à la caisse électorale libérale, probablement aussi à celle d’autres partis politiques.