Cannes 2018 : virage sage, nouveaux visages

Du 8 au 19 mai, l’incontournable grand-messe du cinéma

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L'image de l'affiche de ce 71e Festival de Cannes est tirée de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965).
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Publié 05/05/2018 par Jacqueline Brodie

Sous la houlette de sa présidente 2018, la célèbre actrice-productrice australienne Cate Blanchett – bouleversante dans Carol de Todd Haynes (compétition 2015), lauréate entre autres de deux Oscars, féministe assumée –  le jury du Festival de Cannes a, cette année, 21 longs métrages à juger. Un jury composé de 5 femmes, 4 hommes, représentant 7 nationalités et 5 continents… air du temps oblige.

Aperçu de ce savant cocktail de générations, d’artistes impliqués dans les crises sociales, d’auteurs et interprètes d’œuvres illustrant les thèmes les plus variés: transgression, races, traditions, suspense, science-fiction, arts martiaux…

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L’affiche du festival 2018

Pleins feux sur mesdames les jurées

Ava DuVernay – Célèbre réalisatrice, productrice afro-américaine, connue pour son engagement dans la cause raciale et pour son soutien au travail des cinéastes de couleur, en particulier des femmes. Elle a signé entre autres: Middle of Nowhere, Prix de la meilleure réalisation au Festival de Sundance; Selma (2014); Le 13e (2016), documentaire sur la justice pénale; A Wrinkle of Time (2018), fantaisie pour enfants au budget de 100 millions $;

Khaja Nin – Native du Burundi, elle est l’une des chanteuses et musiciennes africaines les plus renommées. Très jeune, elle étudie la musique et quitte l’Afrique pour l’Europe en 1980. Elle sera découverte en France où son style unique, mélange de rythmes africains, afro-cubains et pop lui assure le succès. Artiste engagée, elle devint Ambassadrice de Bonne Volonté de l’Unicef ainsi que de l’Observatoire sur les migrations;

Léa Seydoux – Elle a 18 ans quand elle décide de devenir actrice. Cours d’art dramatique à Paris puis à l’Actor’s Studio de New York. Débuts remarqués de carrière en France puis à Hollywood. Elle sera Gabrielle dans Midnight in Paris de Woody Allen. Retour en France. Cannes 2013: vedette, avec l’actrice Adèle Exarchopoulos, du torride La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, c’est aux deux interprètes féminines ainsi qu’au réalisateur que le Festival attribuera la Palme d’or. Cannes 2016: elle joue dans Juste la Fin du monde, de Xavier Dolan, lauréat du Grand Prix. Jeune trentenaire, une trentaine de films à son actif. Toute une carrière;

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Kristen Stewart – Actrice américaine, elle n’a que 12 ans quand elle obtient son premier rôle dans The Safety of Objects de Rose Troche aux côtés de Glenn Close. En 2002 suivra Panic Room de David Fincher, aux côtés de Jodie Foster. Encore enfant, elle joue déjà avec les plus grands noms de Hollywood. Twilight (2008-2012) fera d’elle une vedette internationale. On l’a vue à Cannes dans Sur la route de Walter Salles, Sils Maria et Personal Shopper d’Olivier Assayas et Café Society de Woody Allen.

Et ces messieurs

Quant à messieurs les jurés, ils ne sont pas en reste. Tous les quatre célébrés, tous consacrés, chacun dans son domaine.

Robert Guédiguian – Réalisateur, scénariste, producteur, il est l’un des cinéastes français les plus aimés du public. Chantre de la classe ouvrière, son œuvre – plus de 20 films en 38 ans de carrière – originale et poétique, il est profondément marqué par ses préoccupations sociales. On retrouve fréquemment sa muse et épouse, l’actrice Ariane Ascaride dans ses réalisations. Son dernier film La Villa était invité au TIFF en 2017;

Denis Villeneuve – Cinquième Canadien siégeant au Jury de la Compétition après le regretté Michael Spencer, David Cronenberg, Sarah Polley et Donald Sutherland, Il fait ses premières armes à l’Office national du film. Son premier long métrage, Un 32 août sur Terre, est invité à Cannes en 1998. Suivront Polytechnique et Sicario. Un Oscar pour son spectaculaire Arrival et deux pour Blade Runner 2049 ont récompensé notre cinéaste désormais célèbre;

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Le cinéaste québécois Denis Villeneuve est membre du jury 2018.

Andrey Zvyagintsev – Cinéaste et scénariste russe, il réalise son premier long métrage avec un modeste budget, Le Retour en 2003. Invité au Festival de Venise, il remporte la récompense suprême, le Lion d’or. Un succès qui lui vaut la faveur de l’oligarchie russe. Faveur que son 4e film Leviathan, (Prix du meilleur scénario- Cannes 2014), cruelle et sombre satire d’une société corrompue, lui fera perdre. Son 5e opus Faute d’amour, (Prix du Jury, Cannes 2017), tout aussi désespérant, s’est fait sans aide d’état.

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Chang Chen – Acteur chinois célèbre pour son admirable maîtrise des arts martiaux et son intensité dans les œuvres dramatiques. On a pu admirer son talent dans Happy Together (1997), de Won Kar-wai, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Et dans l’immense succès international Tigre et Dragon (2000), de Ang Lee, 4 Oscars et Prix du public au TIFF. Et encore dans The Assassin (Cannes 2015-), film culte et sublime œuvre d’art martial signée Hou Hsiao-hsien, qui obtint le Prix de la mise en scène.

Tout l’art du monde

Nous offrant une magistrale démonstration de diplomatie; les sélectionneurs du Festival ont réussi à présenter, entre jury et longs métrages en lice pour la Palme d’Or, un remarquable équilibre du 7e art du monde.

Pour les festivaliers, menu aussi varié que séduisant à cette 71e édition de l’illustrissime Festival. Brillante compétition à en juger par les certains coureurs:

En ouverture, Everybody Knows de l’Iranien Asghar Farhadi. Auréolé de deux Oscars et de deux Prix à Cannes pour Le Passé et Le Client. C’est sa troisième compétition au Festival;

Le Poirier Sauvage, du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, Palme d’or 2014 pour son chef-d’œuvre Winter Sleep; Prix de la réalisation en 2008 pour et Grand Prix 2001 pour Once Upon a Time in Anatolia;

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Dogman de l’Italien Matteo Garonne, un habitué de Cannes où il remporta Le Prix du Jury pour Reality en 2012. On se souvient de son Gomorra, terrifiant film sur les mafieux, récompensé du Grand Prix en 2008;

Le Livre d’images de Jean-Luc Godard. Est-il besoin de présenter ce personnage légendaire, pionnier de la « Nouvelle Vague ». Sa dernière participation à Cannes remonte à 2014 avec Adieu au langage qui recevra le Prix du Jury ex aequo avec Mommy de Xavier Dolan;

Blackkklansman de Spike Lee. Réalisateur afro-américain auteur d’un cinéma militant pour la cause de la communauté à laquelle il appartient, il est surtout connu par ses films de jeunesse, en particulier She’s Gotta Have It, une comédie échevelée présentée à Cannes en 1986;

3 Visages de Jafar Panahi, cinéaste iranien qui s’est fait connaître à Cannes en 1985 avec son premier long métrage Le Ballon Blanc, lauréat de la Caméra d’or.Son cinéma, qui porte un regard humaniste sur sa société, fut finalement réprouvé par le régime et banni en Iran. Arrêté, puis condamné en 2010, il lui est alors interdit de quitter son pays;

The Man Who Killed Don Quixotte, de l’Américain Terry Gilliam est programmé pour la clôture, mais le film se trouvant au cœur d’un conflit légal sera peut-être absent.

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Un premier film et trois réalisatrices sont en lice pour la Palme d’or, tandis qu’elles sont six dans la section Un Certain Regard. On avance…

Seul film canadien invité: Le Sujet, un court métrage d’animation signé Patrick Bouchard, produit par l’ONF. Il sera présenté dans la section parallèle la Quinzaine des réalisateurs.

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Patrick Bouchard signe le seul film canadien à Cannes cette année: le court-métrage d’animation Le Sujet, produit par l’ONF. (Photo: Marlène Gélineau-Payette)

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