Cannes 2008: Blindness est canadien à bien plus que 27%

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Publié 13/05/2008 par Jacqueline Brodie

Agitation… jubilation… dans le monde «cinéma» de notre vaste contrée. Blindness (Aveuglement), coproduction Japon-Canada- Brésil, signée par le réalisateur brésilien Fernando Meirelles, faisait en début de semaine l’ouverture du Festival de Cannes.

Et chacun ici de se congratuler, coiffant l’heureux élu de l’emblème canadien. Faisant fi de sa triple paternité cinématographique au profit de notre feuille d’érable, nous nous sommes emparés du vainqueur avant même qu’il n’ait couru pour la Palme d’or. Ainsi Blindness fut sans hésitation proclamé canadien. L’est-il ? C’est selon…

À en croire les journaux japonais qui, s’appropriant comme nous le gagnant au tirage cannois de l’ouverture ont titré : «Blindness, premier film japonais ouvrant la compétition depuis Dreams de Akira Kurosawa, 18 ans auparavant». Légitime prétention des médias nippons, le Japon étant, avec une participation de 51,96% (selon le site internet de Téléfilm Canada), l’investisseur majoritaire de la coproduction de plus de 25 millions $, laquelle inclut aussi des vedettes du royaume du soleil levant.

Au Brésil, la question ne se pose même pas. Le réalisateur Fernando Meirelles étant un enfant de la patrie du président Lula, son film est naturellement son fils. Figure de proue du cinéma brésilien, Fernando Meirelles a atteint une renommée internationale avec son film-choc La Cité de Dieu, révélé en 2002 au Festival de Cannes et projeté peu après au Festival de Toronto.

Créateur multidisciplinaire, vidéaste, réalisateur, producteur, il a signé en 2005 son premier film hollywoodien The Constant Gardener, et a aussi coproduit Les Toilettes du Pape, tragi-comédie actuellement sur les écrans français. Outre son réalisateur et ses interprètes, la participation brésilienne élève à 20,52%.

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Adapté du roman éponyme du Portuguais José Saramago, Prix Nobel de littérature en 1998, exilé volontaire sur l’île de Lanzarote (Canaries), Blindness, le film, pourrait, dans l’absolu, également faire rejaillir sur l’Espagne et le Portugal les éclats de sa gloire.

Blindness illustre parfaitement la complexité des coproductions internationales où chaque pays impliqué revendique légitimement la paternité de l’oeuvre pour peu qu’elle soit sous les feux de la rampe.

Pas de panique. Ce long métrage est canadien à plus d’un titre. En chiffres: à 27,52%.

Par son scénario signé Don McKellar, ce talentueux homme-orchestre – acteur, scénariste et réalisateur – coscénariste avec le cinéaste François Girard du remarquable Trente-deux films brefs sur Glenn Gould ainsi que du film Le violon rouge.

Par son coproducteur, le Torontois Niv Fichman, spécialiste du cinéma d’auteur, en particulier d’oeuvres très pointues. À son actif citons, entre autres, la production des longs métrages du Québécois François Girard dont le dernier, Soie.

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Par son budget enfin, puisque les contribuables y ont participé par l’entremise de la Société d’État Téléfilm Canada qui a investi quelque 2.5 millions $ dans cette coproduction de luxe mettant en vedette une brochette de brillants interprètes internationaux dont le Mexicain Gael Garcia Bernal, l’Américaine Julianne Moore, la Brésilienne Alice Braga, la Canadienne Sandra Oh, et… Don McKellar.

28 ans déjà… Je me souviens

Festival de Cannes 1980… Cette année-là, c’est avec une oeuvre québécoise que le Festival fit son ouverture. Le film vedette, Fantastica, de Gilles Carle avec distribution de premier ordre incluant Carole Laure, Lewis Furey, Claude Blanchard, Denise Filiatrault, Serge Reggiani.

Pourtant, Fantastica fut le bel incompris. Déstabilisés par le scénario avant-gardiste de Carle, les festivaliers n’apprécièrent pas cette création baroque. C’est à l’aune de la comédie musicale américaine qu’on mesura à tort cette fantaisie poétique d’une originalité totale. Son thème, la vedette d’une troupe musicale partant en croisade écologique, ferait sans doute fureur de nos jours.

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