Une drôle d’expérience. Cela fait un certain nombre d’années que je n’ai pas passé autant de temps à Toronto, ma ville natale. À 41 ans, j’ai vécu presque la moitié de ma vie en France. Avant, j’étais 100 % anglophone. Maintenant, je suis la «Française» de la famille, celle qui a fait sa vie de l’autre côté de l’océan. Résultat : mon anglais est teinté d’un accent tout à fait charming et mon français préserve un tout petit peu sa saveur exotique.
Mais c’est bien ici, à Toronto, que demeurent mes souvenirs de jeunesse. C’est ici que je retrouve ma famille et mes amis d’enfance.
En vacances cet été, je découvre, ou redécouvre Toronto presque comme une étrangère. J’entends les gens autour: c’est une famille française, ils se disent. Mais non, je suis d’ici! Je connais toutes ces rues, toutes ces stations de métro, dans l’ordre, et la couleur correspondant au carrelage sur les murs. J’ai grandi près du Bloor West Village, j’ai été au lycée dans le Annex, j’ai travaillé à mi-temps sur Queen Street et j’ai fait mes études à l’Université de Toronto….
Aujourd’hui, je me fonds dans cette foule de gens d’ailleurs. Je regoûte à la richesse d’un mélange culturel et je vois à quel point les Canadiens sont différents des Français. Je le savais mais cette fois-ci, étant devenue davantage «Française», je trouve amusant de souligner certains points.
Les Canadiens, ou du moins les Torontois, parlent à tout le monde. C’est incroyable. Partout où je vais, il y a moyen de parler avec un commerçant, mon voisin dans le tramway… Lorsqu’on se promène en famille, les gens nous demandent d’où l’on vient, si l’on est en vacances. Déjà lorsqu’on rentre dans un magasin et on nous demande: «How are you today?», mon côté français a envie de répondre: «De quoi je me mêle?».